Après les agitations tonitruantes des regroupements politiques constitués au lendemain du 22 mars 2012, l’heure est à la réflexion en vue d’opérer une mue vers des alliances électoralistes. Si l’Alliance IBK-Mali 2012 avait déjà une option électorale bien définie, au sein du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR), la Convergence pour sauver le Mali (CSM), l’Alliance des démocrates pour une sortie de crise (ADPS) ” la fusion des énergies dans une perspective électorale ” fait débat.
L’Alliance IBK-Mali 2012 a été constituée avant les événements du 22 mars 2012. Elle a eu le mérite de rassembler autour du Rassemblement pour le Mali d’Ibrahim Boubacar Kéita, des formations politiques comme l’UM-RDA Faso Jigi de Bocar Moussa Diarra, le MIRIA du Pr Mamadou Kassa Traoré, le FAMA d’Amadou Soulalé et d’autres partis de moindre envergure, sans compter les nombreuses associations. Ce regroupement avait clairement affiché ses ambitions de porter IBK au pouvoir à travers l’élection présidentielle avortée du 29 avril 2012.
Après le coup de force du 22 mars, d’autres regroupements politiques ont vu le jour pour défendre des convictions politiques différentes. Le FDR, constitué de l’Adéma avec à sa tête Dioncounda Traoré, de l’URD de Soumaïla Cissé, le PDES, le PARENA, l’UDD, le PSP et d’autres partis et associations, s’était positionné pour “préserver les acquis du 26 mars 1991 ” en s’opposant farouchement au coup d’Etat et en exigeant avec détermination un retour à l’ordre constitutionnel. La CSM, constituée du CNID de Me Mountaga Tall, le RpDM du Dr Cheick Modibo Diarra, la Codem de Housseini Amion Guindo, Yelema de Moussa Mara et d’autres, s’est positionnée comme une force politique du centre pour sortir le pays de la crise.
Mais, il faut signaler qu’avec le retour à l’ordre constitutionnel normal, l’apaisement qui s’en est suivi sur le front politique, renforcé par la mise en place du gouvernement d’union nationale, les regroupements constitués après le 22 mars sont actuellement en phase de réflexions par rapport à leur avenir. Nul n’ignore que la fin de la transition sera marquée par les élections. Même si ces échéances semblent lointaines, d’ores et déjà, la question des réglages à opérer pour faire face aux prochaines élections générales se pose.
Au FDR, avec la réalité d’un Dioncounda Traoré hors jeu, parce que ne pouvant plus être candidat à l’élection présidentielle à venir, le regroupement se retrouve porteur de deux ténors précédemment déclarés : Soumaïla Cissé de l’URD et Modibo Sidibé du FARE (le mouvement qui fédère depuis peu les associations de soutien de l’ancien Premier ministre). Avec les soubresauts qu’il risque de connaître l’Adema du 1er vice-président Iba N’Diaye sera-t-elle en mesure de positionner un de ses responsables dans la course pour la présidentielle à venir ? La question se pose dans la mesure où concernant le renouvellement du bureau de l’Assemblée nationale, Me Kassoum Tapo et ses alliés du Comité exécutif ne soufflent pas dans la même trompette que les autres cadres du parti.
C’est dans ce sens que certains observateurs suggèrent que le FDR, comme d’ailleurs les autres regroupements tels que l’ADPS, la CSM fédère ses énergies pour positionner un des siens comme candidat unique du regroupement à la prochaine présidentielle.
Pour plusieurs analystes, même si le changement intervenu a bouleversé la donne au niveau de l’électorat, les batailles électorales à venir se joueront entre trois grands pôles politiques : FDR, IBK-Mali 2012 et la CSM. Si à l’alliance IBK-Mali 2012 et à l’ADPS, la candidature des leaders, l’honorable Ibrahim Boubacar Kéita du RPM et Dr Soumana Sako est connue et soutenue par tous, au FDR et à la CSM, des efforts de cohésion restent à faire.
A la CSM, Me Mountaga Tall, Housseini Amion Guindo dit Poulo et Moussa Mara pourront se tirer dans les pattes avant les échéances dans la mesure où chacun de ces ténors rivalisera d’ardeur pour témoigner sa loyauté au Premier ministre Dr Cheick Modibo Diarra. Histoire d’espérer un renvoi d’ascenseur… Alors qu’au FDR, Modibo Sidibé, Soumaïla Cissé et le porte-étendard de l’Adéma, voire Tiébilé Dramé du PARENA vont se disputer un leadership encore vacillant. Pendant ce temps, la COPAM, qui vient d’échapper à son implosion, doit se battre pour d’abord recoller les morceaux autour du Dr Oumar Mariko du parti SADI pour ensuite fédérer les entités résiduelles proches des… “syndicalistes affairistes”.
En définitive, les regroupements politiques, qui se sont constitués au lendemain du coup de force du 22 mars 2012, ont opté pour la consolidation de leurs alliances afin d’aller sereinement sur le front électoral avec l’expérience ainsi accumulée. D’ici les prochaines échéances électorales, ils doivent exercer un lobbying pour la reconquête de l’intégrité territoriale du pays. Préalable à tout débat sur le processus électoral interrompu par le 22 mars. Que Dieu sauve le Mali!
Bruno D SEGEBDJI
djitosegbedji@yahoo.fr