L’équation de la présidentielle a pris une tournure spectaculaire à l’Adema-PASJ, sur fond de cacophonie inédite entre le Président du parti et son Secrétaire général. Les deux responsables de la Ruche, par une guerre épistolaire sans précédent, se tiraillent sur l’achèvement du processus de désignation du porte-étendard des Abeilles pour le scrutin du 29 Juillet. Une étape qu’on croyait définitivement tranchée, mais qui devait être remise au goût du jour au gré du dessein poursuivi par les tendances inconciliables de la Ruche.
Il s’agit de la tendance acquise à l’accompagnement d’IBK pour son second mandat et de celle acquise à une autonomie politique du parti pour la présidentielle 2018. Les arguments de la première reposent sur l’opportunité de préserver la notoriété de l’Adema par un deal électoraliste intelligent avec le pouvoir sortant, tandis que l’autre lui oppose un cheminement peu fructueux avec la majorité sortante. Il faut dire que les différents chocs entre ces deux courants ont souvent tourné en faveur de la candidature interne à chacun des épisodes : des résolutions successives d’instances décisionnelles du parti aux différentes rencontres du Comité Exécutif, en passant par l’Hotel Tin-Buctu où une certaine retraite consacrée au sujet
s’est conclue sur l’option très laborieuse de trouver un «candidat consensuel et rassembleur» pour l’Adema à la présidentielle de 2018. Tout aussi laborieux aura été le processus de sélection de cette perle rare. Lequel processus n’a pu être déclenché qu’après un empiètement criant sur les délais règlementaires du parti en la matière, sans doute parce que la tendance adverse n’a jamais renoncé à faire échec à la candidature propre ni n’avait épuisé toutes ses munitions pour atteindre ce dessein. Elle en a ainsi montré les couleurs dès la validation de la candidature de Dioncounda Traoré par une majorité écrasante des membres du CE, sur la base notamment d’un rapport de dépouillement assez évocateur sur les proportions de ratissage de la carte Traoré et d’adhésion des Ademistes à la candidature interne.
Mais, le hic est demeuré la virtualité de la candidature du Professeur Traoré, puis les incertitudes sur la réceptivité de l’intéressé à l’appel et aux sollicitations de ses camarades. Autant de brèche dans laquelle les adeptes du soutien à IBK se sont engouffrés en rehaussant la barre des enchères de la procédure. C’est ainsi que l’unanimité de façade autour de la candidature de Dioncounda Traoré a été finalement trahie par des velléités et intransigeances procédurières, qui tirent argument notamment des dispositions du règlement intérieur relatives à la séance d’écoute des candidats ainsi qu’au choix du candidat retenu par vote au bulletin secret.
En réagissant à la notification à Dioncounda Traoré de la validation du dossier de candidature présenté à son nom, le Secrétaire général Assarid Ag Imbarcaouane ne se fait que l’échos de voix certes minoritaires mais qui retentissent encore vigoureusement dans le sens d’une ‘infructuosité’ du processus de la candidature interne. Ce faisant, l’épisode crève définitivement l’abcès d’une crise latente, avec le risque de réduire le PASJ en lambeaux au point qu’aucune tendance ne pourra en profiter pour les besoins de son dessein.
Pour conjurer le mal, une réunion extraordinaire a été convoquée d’urgence à l’effet d’arbitrer entre le président du parti et son secrétaire général, mais le Mouvement national de la jeunesse a déjà pris les devants. À la faveur d’une de ses rares réunions, jeudi dernier, elle s’est arrogé une audacieuse intrusion dans le litige pour en déduire une incapacité de la direction du PASJ dont il faut tirer les conséquences. Une démarche qui a tout l’air d’une tentative de revanche sur la majorité acquise à la candidature interne, mais, pour des motifs et visées différents, elle n’est pas pour déplaire à une frange de cette même tendance majoritaire : celle qui a toujours contesté la notoriété de l’actuelle CE sous la conduite de son président actuel. Comme on le voit, la crise au PASJ prend des visages multiformes en fonction de l’orientation et des convergences d’intérêts de l’instant.
A Keïta
Il serait temps, suffit de se faire marcher sur les pieds!
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