Crise institutionnelle : Le Pacp précise sa position

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Au cours du week-end dernier, de retour de Ouagadougou ? le président du Pacp, Yeah Samaké, a animé une conférence de presse au cours de laquelle il s’est expliqué sur la position de son parti par rapport à la situation sécuritaire et institutionnelle de son pays.

Le samedi 21 mars, le président du Parti pour l’action civique et patriotique (Pacp), Yeah Samaké, a rencontré les médias pour faire un compte-rendu de la rencontre des forces vives maliennes (partis politiques et organisationS de la société civile) à Ouagadougou, les 14 et 15 avril, sous l’égide du médiateur de la Cedeao, le président burkinabé Blaise Compaoré. Cette rencontre voulait s’inscrire dans le cadre d’une recherche de solution à la crise sécuritaire et institutionnelle que traverse le Mali depuis le putsch du 22 mars, notamment des solutions concernant les problèmes non évoqués dans l’accord-cadre du 06 avril signé entre le Cnrdre et la Cedeao. Ces lacunes devaient donc être prises en compte dans la feuille de route dont la rencontre allait accoucher.
Dès l’entame de son propos, Yeah Samaké a salué le retour à l’ordre constitutionnel consacré par la nomination d’un Premier ministre de la transition, un chef de gouvernement qu’il invite à se maintenir «au dessus de la mêlée en choisissant les hommes et les femmes qu’il faut » pour former son gouvernement et atteindre les objectifs qui lui sont assignés. A savoir la résolution de la crise sécuritaire du Nord et l’organisation d’élections crédibles, toutes choses impossibles sans une « franche collaboration avec toutes les forces vives de la nation ». En effet, remarque le conférencier, la situation est confuse et l’heure est grave, et le Mali, maintenant plus que jamais, doit s’unir et non se diviser. Or, c’est à cela que l’on a assisté dans la capitale burkinabé: les forces vives ont chicané sur plusieurs sujets sans pouvoir tomber d’accord. C’est pourquoi pour Yeah Samaké, «la déclaration de Ouagadougou ne fait pas force de loi, ce n’est qu’un pas, une étape, dans la médiation », il reste beaucoup de points à clarifier.
Pour sa part, inscrivant leur action dans celle de l’Alliance des démocrates patriotiques pour la sortie de crise (Adps), un regroupement constitué avec la Cnas du Dr Soumana Sako et d’autres formations et mouvements politiques, les responsables du Pacp ont déjà élaboré un schéma concret et spécifique de gestion sécuritaire (au nord) et de la transition. Et contrairement à la déclaration de Ouagadougou, le schéma de l’Adps fixe la durée de la transition, détermine ses différents acteurs et leurs missions spécifiques, les organes et leur composition. Ainsi, est-il question d’un Conseil supérieur de la République composé de militaires et de civils, d’un gouvernement pareillement constitué, d’une présidence de la transition confiée à un civil.
Pour le Pacp, un tel schéma a l’avantage de faire organiser une rencontre (quelque soit son nom : convention, forum, conférence,…) de toutes les forces vives de la nation sans exclusive ici au Mali, «car on ne peut mettre le pays sous tutelle, toutes les décisions majeures concernant le Mali doivent provenir des Maliens et être prises par des Maliens et non par le médiateur ».
Le président du Pacp a également évoqué les pommes de discorde de Ouagadougou : la prolongation du mandat des députés et de l’intérim du président de la République par intérim, la durée et le profil des ministres de la transition, etc. En ce qui concerne son parti et le regroupement auquel il appartient, Yeah Samaké est clair : Dioncounda Traoré doit partir après les quarante jours ; ni le président intérimaire ni un membre de la junte comme président de la transition ; la période de transition ne doit pas trainer en longueur ; les députés doivent rendre le tablier à la fin de leur actuel mandat. Le conférencier a signalé que le fonctionnement de l’Assemblée nationale coûte des centaines de millions par mois au budget de l’Etat. Il est donc inutile de prolonger le mandat des députés qui n’ont jamais pu satisfaire aux nombreuses attentes de leurs électeurs.
A propos de la junte, il a déclaré que le Pacp est le premier parti à avoir condamné le coup d’Etat, même si le 22 mars est venu sanctionner le dysfonctionnement politique qui fait qu’il y a trop de politiciens qui ne vivent et ne se nourrissent que de la politique. De même, il condamne les récentes arrestations « arbitraires qui ne doivent pas avoir cours dans un Etat de droit ».
Au lieu de se lancer dans une chasse aux sorcières, le conférencier voudrait que l’on s’attaque aux urgences dont la priorité est la question du Nord. C’est cette seule question que la Cedeao et le reste de la communauté internationale doivent examiner. Et pour cela, il faut sortir du seul cadre communautaire pour élargir la recherche de solution à d’autres pays comme l’Algérie et la Mauritanie.
Pour conclure, Yeah Samaké a nié toute appartenance au Copam.
A rappeler que le président du Pacp, par ailleurs maire de la commune rurale de Ouélessébougou, est candidat à la prochaine élection présidentielle.
Cheick Tandina

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