Une mission du Cadre de concertation des sous-sections régulières de Gao a été reçue par la Commission Politique du BPN/RPM, le mardi 18 novembre, au siège du parti. La rencontre, présidée par le ministre Nancoman Keita, a permis aux missionnaires d’éclairer la lanterne du BPN sur la crise politique de Gao mais elle a également étalé au grand jour toutes les lacunes de l’instance suprême du RPM et révélé de profondes dissensions à la veille de la tenue du congrès, prévue en février 2016. Notre récit.
La mission de Gao, dirigée par Moustapha Boncana, de la sous-section de Gounzoureye, comprenait également Abdel Kader Haidara, Secrétaire Général de la sous-section de Gao, Saima Issa, 4ème Adjointe au Maire de Gao et Présidente UF RPM, Sidi Amadou Secrétaire Général UJ RPM ainsi que des membres de leurs organes respectifs.
Dès l’ouverture de la séance, Mahamadou Yacouba, doyen du BPN/RPM, à qui la présidence de séance revenait dans cet ordre, a, d’emblée, demandé l’annulation de la rencontre au motif que le Secrétaire Général de la section n’est pas présent, que dans le cas d’espèce, il appartient au premier responsable de la section, seule habilitée, à demander une rencontre de ce niveau. Il a reçu le soutien de son beau-fils Mahamadou Diallo, animateur d’une section parallèle en CII et Mme Djénéba Djiré.
Gao n’a pas de section. Aguissa Touré n’est pas Secrétaire général de section. En effet, la conférence de renouvellement de la section, réunie le 17 aout 2015, sous la supervision du ministre Abdramane Sylla, a reçu la démission du bureau sortant dirigée par Aguissa Seydou, mais n’est pas parvenu à la renouveler. Mieux, le tribunal de grande instance de Gao, saisie pour statuer sur la voie appropriée à acter au nom du RPM à Gao a, en son audience du 28 octobre, invalidé la prétention du ministre de l’Administration Territoriale et du député Aguissa Touré à dresser une liste de candidature régionale, sous le chapeau de la section et formellement constaté, dans ses attendus, la vacance de cet organe. Dans cet ordre d’idée, si le vénérable doyen et sa suite ne sont pas dans du sabotage, ils sont dans l’obstruction à une décision de justice ; le droit dit par le tribunal s’impose à tous, y compris au parti au pouvoir.
Aussi, le Cadre de concertation des sous-sections régulières est pleinement fondée à parler au nom du RPM et à porter la voie des militants auprès du BPN/RPM. Ainsi, puisque les frondeurs alignés derrière le doyen ne démordaient pas, ils ont été éconduits par les autres membres et la réunion a pu être ouverte sous la présidence de Monsieur Nancoma Keita et des membres de la Commission Politique : Issé Doucouré, Issa Guindo, Issa Traoré, Djibril Dicko, la Président des femmes, Aïssata Lady Touré et Mme Zeinaba Oumar.
Prenant la parole au nom du RPM Gao, Abdel Kader Haidara a peint le tableau de la situation du parti, marquée par trois échecs successifs de renouvellement de la section, d’un procès retentissant qui, même s’il a recadré certains, retoqué d’autres, a été douloureux pour la cohésion du RPM. Aujourd’hui, à la faveur du report des élections, la mission est venue demander une plus forte implication du BPN pour aider à résorber les différends, se prononcer clairement sur le cancer du RPM, c’est-à-dire les sous-sections parallèles, parrainées par le ministre de l’Administration Territoriale, afin de doter Gao d’un appareil politique fort à même de gérer les élections communales et régionales à venir.
Après avoir, au nom du Président de la République, du BPN/RPM, des militants et sympathisants et en son nom propre, présenté ses très sincères regrets pour le spectacle indigne qui a marqué l’ouverture de cette réunion, Nancoma Keita a remercié la mission et lui a su gré du courage et du militantisme qui ont triomphé des 1.257 km qui séparent Gao de Bamako. Il a exprimé que la conduite des camarades n’est pas seulement une entorse à la règle (le BPN/RPM reçoit des militants de tous niveaux hiérarchiques), c’est une atteinte à la courtoisie et un préjudice à la civilité, au regard de camarades qui viennent de faire un tel voyage pour « dialoguer ». Mais, poursuit-t-il, il sied d‘oublier rapidement cet incident et rentrer dans le vif du sujet.
La mission de Gao a, pendant deux heures d’horloge, fait la genèse de la crise politique de Gao. Cette crise, faut-il le rappeler, est née de l’adhésion massive de militants de tous bords politiques, déclenchée suite à la victoire plébiscite du Président IBK à la présidentielle d’aout 2013 et qui atteint son bord la veille du renouvellement des organes. Euphorique et festive dans la forme, la migration d’ex-militants de toutes formations politiques devient conflictuelle lorsqu’il s’agit de définir les termes de la cohabitation entre les gardiens de la chaumière RPM et les prétendants à siéger au Temple présidentiel RPM.
Le ministre Nancoma Keïta, prenant la parole, a rappelé que le RPM n’a jamais dépassé 22 à 38% de l’électorat. Le score d’IBK à la dernière présidentielle a conforté le parti à l’idée que toutes les autres formations ont participé à la victoire. D’où une lettre circulaire du BPN pour demander l’ouverture suivant le seul critère de la démocratie. La prétention à une règle de discrimination positive en faveur de militants fondateurs et/ou fidèles peut se comprendre, mais ne saurait expliquer la situation de Gao.
« Tout à fait, reconnurent les camarades en mission. Abdoulaye Idrissa Maiga, le parrain des sous-sections parallèles et ses députés ne nous ont ni précédé au RPM, dans lequel nous militons depuis les premières heures, n’ont pas de meilleures fréquentations politiques que nous. Pour la simple raison que pour animer les sous-sections doublons, il s’est entouré de cadres ADEMA à la solde d’Assarid Ag Imbarkawane et a élu domicile le collectif de ses sous-sections doublons au siège de l’Asma à Gao » nous a rapporté un cadre de la délégation. Avant de préciser : le problème du ministre, « c’est l’ancien ministre Malick Alhouseini, vainqueur du procès de Gao. En effet, dans la Cité des Askia, et dans la commune de Gounzoureye, le score d’IBK lors de la présidentielle a pour artisan Malick Alhousseini. Il est aussi le principal acteur du repêchage des candidats députés RPM de Gao au second tour de l’élection législative. Au demeurant, nous savons, statistique à l’appui, le poids électoral du ministre Abdoulaye Idrissa Maiga dans son quartier de Farandjirey à Gao. Nous sommes de Gao. Nous savons qui y est qui. »
Lors de la rencontre avec le BPN, Issé Doucouré a confié qu’il a poussé Malick Alhousseini à venir au RPM, à cause de ses qualités de cadre valeureux. Seulement, il estime que le problème de Gao est antérieur aux élections. Le BPN doit s’en saisir. Les membres de la Commission Politique ont, tour à tour, pris la parole pour exhorter Gao au dialogue et au compromis dynamique. Au demeurant, conseilla Nancoma, les cadres de Gao doivent faire l’économie des procès, à l’image de celui que le parti du tisserand vient de vivre. Il a également souhaité qu’en perspective des élections, les voies d’alliances sincères et crédibles soient explorées avec lucidité.
Si le BPN/RPM veut éviter les procès, il faut qu’il ait une lecture saine et courageuse de ses propres textes. La crise de Gao s’est envenimée du fait que le BPN/RPM n’a pas été capable de rappeler Abdoulaye Idrissa Maiga à l’ordre. Au cours de cette réunion, apprend-on, de source sûre, que le ministre Maïga a interjeté appel du jugement du 28 octobre auprès du tribunal de Mopti. Le BPN/RPM, ont déclaré les responsables présents, connait les mêmes soubresauts que ceux vécus par la défunte section de Gao. La programmation du congrès pour février 2016 a provoqué une onde de choc dans l’organe exécutif du RPM.
Correspondance particulière depuis Gao