La béante crise au sein du PDES s’achemine inexorablement vers une rupture fondamentale, les dernières évolutions confirment cette tendance. Mais à y voir de près, cette évolution est tout à fait normale. Autrement dit, cette crise était tout à fait prévisible.
En effet, le parti utilise l’alibi de continuer l’œuvre d’ATT, mais la réalité de l’aréopage de personnalités est de se positionner pour l’après ATT. Il y a de l’incertitude dans l’air car pour le scrutin de 2012 aucun des favoris n’est « enfant d’ATT », alors il y a comme «un sauve qui peut». Ainsi, chacun utilise sa propre stratégie pour demeurer.
Il est important de rappeler que le PDES (parti proche d’ATT) est issu d’un processus d’incertitudes qui ne reposent sur aucune conviction politique. En effet, après avoir refusé sa caution au PCR et à la FCD (selon), le Président ATT a finalement accompagné le mouvement citoyen dans sa mue en parti politique.
Alors, les différentes personnalités (ministres, députés, richissimes, cadres,…) ont fait allégeance au nouveau parti. C’est alors qu’ont commencé les différentes conquêtes sur le territoire national, tant bien que mal le parti continue de s’installer dans le pays. Ainsi, la plupart des responsables nationaux du PDES sont de vrais novices politiques, essentiellement ils ont été ministres, directeurs nationaux, avant de participer à leur première réunion de parti politique. Pourtant, il est clair que la politique comme toute autre activité s’apprend, or au PDES de nombreux responsables sont en train d’apprendre en première ligne. Forcement cette attitude crée de nombreux dysfonctionnements au sein de cette formation politique victime de l’opportunisme et du laxisme de la mentalité politique qui sévit dans notre pays.
De façon générale, les acteurs politiques ont perverti la pratique politique de sorte que l’on ne voit dans la politique qu’un formidable raccourci pour parvenir. Au Mali, l’homme politique est certainement de nos jours le plus incrédule de la place à cause de sa pratique quotidienne. Le lancement ce samedi de l’association de soutien à Jeamille Bittar est la goutte d’eau qui va faire déborder le vase. Ainsi, M. Bittar par cette initiative va porter le chapeau de l’explosion d’une situation assez dégradée. Cette association va donc exacerber les tensions au sein du parti et en arriver à des positions de non retour. Déjà, il semble que le vin est tiré il ne reste plus qu’à le boire, seul Dieu sait dans quelles conditions il sera bu ?
Alors l’état de pourrissement du PDES avancé va bientôt connaître son épilogue ; forcement que cette crise de croissance et de procédure se reforme. Alors, en tant qu’entité politique nationale le PDES va devoir revenir à la réalité en se reformant normalement, certainement dans les jours à venir. Toujours est-il dit que Jeamille Bittar est celui qui va mettre à nue les dysfonctionnements. C’est-à-dire qu’il va mettre au grand jour tout ce que les responsables du parti ont tenté de cacher depuis des mois.
L’ambition de Jeamille Bittar est certes légitime, mais il doit s’attendre à des critiques car sa candiature pose le problème du principe des engagements.
En effet, des hommes et femmes qui se mettent ensemble pour créer un parti sont d’abord dans une dynamique de confiance. Alors, c’est la volonté de certains de ces acteurs à jouer en solo qui pose problème. Pour un parti lié à un président exclu de la course, et dirigé par un ministre normalement exclu selon les engagements pris avec le départ de Modibo, pouvait-on rester derrière le flou ? Car il ne faudrait pas oublier que tout l’engagement autour du PDES s’est fait au nom de la défense des idéaux d’ATT. Alors que les uns et les autres agissent en leur âme et conscience. De toutes les façons l’histoire politique de la République se déroule, elle ne manque pas de noter l’attitude de ceux qui sont compromis.
Youba KONATE