La gouvernance à Bamako est dorénavant avertie qu’elle ne doit plus parler que d’une seule voix, pour éviter toute confusion, afin de soutenir les efforts menés par le groupe de suivi et de soutien sur la crise dans notre pays. De même, les partenaires internationaux, si tant est qu’ils souhaitent nous aider concrètement, doivent cesser toute tergiversation sur le bien-fondé d’un dialogue possible avec des mouvements islamo-terroristes opérant dans notre septentrion avant le déploiement de la force internationale.
De toute façon, le Président de la République, Dioncounda Traoré, semble ne pas aller de main morte. Puisque, dès l’ouverture de la conférence, en présence de la nouvelle Présidente de la Commission de l’Union africaine (Ua), Mme Nkosazana Dlamini Zuma, du Président de la Commission de la Cedeao, Kadré Désiré Ouédraogo et de plusieurs hauts responsables africains et internationaux tel que le nouvel Envoyé spécial de l’Onu sur le Sahel, Romano Prodi, il déclarait de façon laconique mais incisive que « Nous ne devons plus perdre la moindre seconde. Il y a un caractère d’urgence, nous sommes rentrés dans une course contre la montre» pour, sans nul doute, souligner l’impératif d’une intervention armée internationale.
Alors que des divergences de vues planent encore entre les pays de la Cedeao et ceux des organisations internationales, mais aussi malheureusement au sein de la gouvernance à Bamako où on ne parle toujours pas de façon synchronisée sur les conditions d’un tel déploiement !
Fort heureusement, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, rassurait, il ya quelques jours seulement, quant à l’imminence de l’intervention armée. Selon lui, l’opération militaire destinée à reconquérir le nord de notre pays occupé par des groupes islamo- terroristes liés à Al-Qaïda n’est plus « qu’une question de semaines ».
Quand bien même l’on apprend, de source proche du ministère de la Défense, que la stratégie française planche en théorie sur trois phases : d’abord, stabiliser le sud de notre pays dont la capitale dès fin novembre ; ensuite, former les armées africaines en janvier et, enfin, amorcer la reconquête effective du septentrion début mars au plus tard.
Toutefois, à en croire certains proches hexagonaux du dossier, « si on rate la fenêtre de la météo, nous serons obligés d’attendre un an». Une façon certainement de dire qu’il faut agir au plus vite. Et de source certaine, la France aiderait la Cedeao à peaufiner le plan détaillé réclamé par le Conseil national de sécurité. C’est dire que l’optimisme est de mise du côté de Paris.
De même, la position américaine est désormais dynamique. Elle ne semble plus reléguer l’usage de la force en dernier ressort. Car, à en croire le chef du Pentagone, Léon Panetta, des frappes pourraient survenir à tout moment, en cas de nouvelles exactions des terroristes sur les populations locales ou sur des intérêts occidentaux. Or, l’on sait que le pays de l’oncle Sam dispose de plusieurs drones ainsi que d’autres facilités militaires pour intervenir dans notre sous-région depuis l’intervention de l’Otan en Libye. Egalement l’Algérie, pour ne pas s’isoler sur la scène internationale, n’est plus désormais contre la solution militaire au cas où celle-ci devrait s’imposer.
En attendant, on est droit d’affirmer que la Rencontre du Groupe de Suivi et de soutien sur la crise malienne aura tout de même eu le mérite de briser l’isolement de notre pays. A l’unanimité, la communauté internationale et l’ensemble des partenaires techniques et financiers (PTF) vont probablement, dans les jours à venir, lever toutes les sanctions à l’endroit du pays. La rencontre a même consacré symboliquement le retour du Mali dans le concert de la diplomatie multilatérale. Ne peut-on pas, d’ores et déjà, espérer dans un avenir très proche, une avancée certaine dans le dénouement de la crise ?
En tout cas la visite officielle, que le Président Hollande effectue dans quelques jours à Alger, pourrait accélérer les choses. Car, le Président français se ferait évidemment le devoir de rassurer, sinon de convaincre ses interlocuteurs locaux pour l’usage de l’option militaire pour lutter contre le terrorisme dans l’espace sahélo-saharien.
Par Gaoussou M. Traoré