En pleine crise de l’URD, la plus grande depuis sa création en 2003, des cadres diagnostiquent une mauvaise gouvernance de la Direction du Parti qui se traduit par des violations flagrantes et répétées des textes. Une situation exacerbée par la précampagne électorale par des personnes jugées mal intentionnées qui veulent détruire le Parti.
C’était à la faveur d’un point de presse, le vendredi dernier, au lendemain d’une assemblée générale d’information à laquelle ont pris part 7 des 9 présidents des fédérations du Parti, au Palais de la Culture Amadou Hampathé BA.
Modibo CAMARA, Président de la Fédération de Koulikoro ; l’honorable Ould Mohamed FALL, Président de la Fédération de Tombouctou ; Abdrahamane DIARRA, Président du Mouvement national des jeunes et d’autres cadres étaient face à la presse pour apporter leur part de vérité sur la crise actuelle.
Sur les questions de forme, ils ont tenu à faire deux mises au point.
La première est relative à la légitimité contestée aux présidents des fédérations de convoquer une assemblée générale d’information, selon un communiqué de la Direction du Parti qui a circulé sur les réseaux sociaux.
« Autant les textes ne prévoient pas que les présidents des fédérations convoquent une Assemblée générale, autant ils ne disent nulle part que des cadres et militants ne peuvent pas se réunir pour parler de la vie du Parti », rétorque Abdrahamane DIARRA.
La seconde est relative au choix du Palais de la Culture pour tenir un point de presse, au lieu du siège de l’URD.
« Nous ne sommes pas partis au siège du Parti tout simplement parce qu’il est en rénovation. Nous ne sommes pas des rebelles, nous sommes membres de l’URD. Tous les candidats sont représentés dans cette salle à l’exception d’un seul », a tenu à clarifier M. DIARRA.
Sur le fond, les conférenciers fustigent : « depuis plusieurs mois l’URD traverse une grave crise de mauvaise gouvernance de la Direction actuelle exacerbée par la précampagne électorale orchestrée par des personnes mal intentionnées qui veulent détruire notre Parti ».
Dans leur genèse de la crise, ils remontent à la réunion extraordinaire du 9 février 2021 du Bureau Exécutif National (BEN) « au cours de laquelle il a été annoncé unilatéralement la mise en place d’une Commission de réflexion et d’orientation stratégique pour le Parti ».
Après des débats souvent houleux du Secrétariat Exécutif (SE), a-t-on fait savoir, la décision est amendée et il a été décidé de la mise en place de 4 commissions au lieu d’une : vie du Parti ; orientations et stratégies de positionnement politique ; reformes et programmes politiques ; financement et mobilisation des ressources.
Si les documents et recommandations de ces commissions ont été validés fin avril/début mai par le BEN élargi aux Mouvements des femmes et des jeunes, « à la date d’aujourd’hui, le rapport de synthèse n’a pas été distribué. Pire aucune des recommandations n’a été mise en œuvre », dénoncent les conférenciers.
Face à cette situation jugée préjudiciable au Parti, un groupe de cadres a élaboré et proposé au 1er vice-président, Salikou SANOGO, « des activités de redressement de la situation ».
Il s’agissait de : la mise en place d’une plateforme politique qui devrait permettre d’aborder sereinement les prochaines échéances électorales ; l’organisation de la Conférence nationale extraordinaire devant procéder, entre autres, au remembrement du BEN suite aux décès, aux nouvelles adhésions ou aux démissions au cours de l’année écoulée.
C’est devant l’échec des actions préconisées que le groupe de cadre a lancé « ce qu’on a appelé pétition, puisque ce terme n’est écrit nulle part, afin d’obtenir les 2/3 de signatures de membres du BEN nécessaires à la convocation d’office d’une Conférence Nationale Extraordinaire ».
Selon les conférenciers, l’engouement pour la signature a ébranlé les certitudes du 1er vice-président qui a été contraint de convoquer une réunion du BEN, le 21 août 2021, au cours de laquelle il a annoncé la convocation d’une Conférence nationale ordinaire le 23 octobre 2021.
« Quant au 2e point à l’ordre du jour de cette réunion du BEN, à savoir le lancement de l’appel à candidatures, plusieurs intervenants ont demandé son report à la prochaine réunion, en attendant les résultats des travaux de la Commission technique chargée de préciser le « modus operandi » de la sélection du candidat de l’URD à la présidentielle ».
En dépit des réserves, s’insurge-t-on, le 1er vice-président a adressé à tous les secrétaires généraux des sections une lettre circulaire d’appel à candidatures.
Les conférenciers se scandalisent du mode de désignation : chaque section ne peut faire remonter que la candidature de son ressort.
« Contrairement à ce que beaucoup disent que Soumaïla était le candidat naturel, en 2018, il a adressé une lettre aux sections pour leur demander de proposer des candidats. Ce qui tanche avec ce que nous voyons » a rappelé M. DIARRA qui souligne que le problème n’est pas une question de Boubou ou de tel autre candidat, mais de respect des textes.
« Les sections se voient refuser le droit de désigner les candidats à l’investiture », a enfoncé le clou l’honorable FALL.
In fine, le groupe a deux exigences : mettre en place une Commission technique dont la composition, les missions, la démarche et les recommandations seront validées par le BEN ; organiser la Conférence nationale le 23 octobre en respectant son ordre du jour statutaire.
PAR BERTIN DAKOUO