Dans la crise de l’Adéma/PASJ à Gao, le gouverneur de la région, le colonel Amadou Baba Touré, ami du président de la République, a pris fait et cause pour les « partisans ruchers » du chef de l’Etat : en annulant militairement dimanche dernier un meeting légal de la tendance favorable à SBM. Par ce fait, ne sème-t-il pas une graine de violences dont nul n’a besoin ?
La crise qui s’est installée au sein du parti Adéma suite à la question du soutien ou non à ATT et qui s’est aggravée consécutivement à la suspension du 1er vice-président, Soumeylou Boubèye Maïga, et de quatre autres membres du Comité exécutif du parti secoue actuellement toutes les structures de l’ancien parti majoritaire.
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Les délégations envoyées par le CE auprès des sections ont, chacune, été interpellées par des militants qui ne comprennent pas la décision du CE et qui appréhendent les conséquences sur l’atmosphère déjà tendue au niveau du parti.
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La section de Gao n’est pas en marge des turbulences qui secouent le parti. Tenue par ceux qui estiment que le parti doit avoir son candidat et qui sont donc sur la même longueur d’ondes que Soumeylou, la section Adéma de Gao a vécu un week-end particulièrement houleux le dimanche.
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Désigné pour rencontrer les sections de Gao et de Bourem, Alhassane Ag Moussa a échoué dans sa première tentative d’organiser un meeting le jeudi dernier parce qu’aucun militant n’a répondu à son invitation. C’est alors que le gouverneur de Gao, le colonel Amadou Baba Touré entre dans la danse.
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Connu pour être un intime du président de la République, le gouverneur prend l’affaire en main et inspire un second meeting pour le dimanche dernier mais cette fois-ci en association avec les autres partis membres de l’ADP et le Mouvement citoyen local. Il met en branle les services de l’Etat pour mobiliser ceux qui traînent les pieds et appelle les femmes du camp à la rescousse.
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De son côté, la section Adéma sonne le rappel des troupes et programme un meeting au siège du parti au Quartier commercial pour le dimanche. Panique dans les rangs. Le gouverneur est saisi par le député de Gao Assarid Ag Imbarkawane de retour de Ménaka où il était en mission du CE.
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Provocations préélectorales
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Instruction est donnée d’interdire purement et simplement le meeting programmé au siège. Dans la foulée, il fait suspendre tous les conseillers municipaux Adéma de la Commune de Gao, de la Commune rurale de Sonni Ali Ber, de la Commune rurale de Gounzourèye. Au moment où le meeting de l’ADP et du Mouvement citoyen peinait à démarrer faute de mobilisation de la ville de Gao, le siège de l’Adéma et les toits des maisons environnantes sont pris d’assaut par les militants du parti.
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A leur grande surprise, ils trouvent que le siège est pris d’assaut par un imposant dispositif policier avec tout l’arsenal répressif (matraques, grenades lacrymogènes et lance-grenades, etc.) Au secrétaire général adjoint de la section, Abdrahamane Maïga, qui leur a demandé le motif de l’occupation du siège, les policiers répondent qu’ils obéissent aux ordres du commissaire lui-même alerté par le gouverneur.
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Du commissariat où il a eu confirmation, le secrétaire général se transporte chez le chef de l’exécutif régional, qui confirme que les ordres venaient de lui au motif que le CE l’a informé que tous les responsables et militants présents au siège sont suspendus. Incompréhension et colère des militants.
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Pour éviter que la situation ne dégénère le secrétaire général adjoint a demandé aux militants de ne pas tomber dans la provocation et de rentrer chez eux non sans avoir dénoncé l’immixtion du gouverneur dans la vie d’un parti politique en l’occurrence l’Adéma. Il a rappelé que même du temps de l’UDPM les gens pouvaient s’exprimer et que les libertés démocratiques actuelles sont le fruit d’une lutte du peuple.
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Avec ce qui vient de se passer à Gao, il faut craindre que certains zélateurs du régime ne jouent la stratégie du pire, qui consiste en des provocations qui pourraient engendrer des violences inutiles.
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(correspondance particulière)
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