Cri de cœur d’IBK à la CMP : Deux mois après, la guerre des clans

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SEM Ibrahim. B. KEITA, Président de la République, Chef de l’Etat, Chef suprême des Armées
SEM Ibrahim. B. KEITA, Président de la République, Chef de l’Etat, Chef suprême des Armées

 Lors d’une rencontre avec les partis de la majorité présidentielle, Ibrahim Boubacar Kéita avait passé collectivement ses alliés politiques au savon “Barikatigui” en qualifiant ses camarades d’une majorité dolosive et moribonde. Le message semble entendu par les géopoliticiens avertis de la majorité présidentielle. D’où l’organisation de meetings sporadiques sans actions concrètes.

Le premier metteur en scène du long-métrage est le leader du parti de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD) qui, une semaine après l’admonestation présidentielle, a lancé une alliance dénommée l’Alliance des forces démocratiques pour le Mali (AFDM). L’entité politique a reçu la bénédiction d’une dizaine de partis politiques et d’une myriade d’associations, pour, disent-ils, être désormais le noyau d’une majorité présidentielle forte, dynamique, prête à descendre sur le terrain.

Le pas est emboité par l’ancien ministre de la Défense et des Anciens combattants, Soumeylou Boubèye Maïga. Le stratège de l’Asma/CFP a constitué un nouveau groupe parlementaire avec les abeilles remontées contre le parti présidentiel. L’objectif, disent-ils, est de renforcer les rangs dans la diversité pour une mobilisation de base autour du projet présidentiel.

Très conforté par le fait majoritaire, la famille politique IBK, le Rassemblement pour le Mali est sorti de sa réserve. L’occasion est saisie par le 4e vice-président, Boulkassoum Haïdara, de rappeler que le meeting de la Coordination des partis de la majorité a été un accident. Le regroupement politique dirigé par l’ancien Premier ministre, l’Alliance pour le Mali et les associations dirigées par le justicier Bathily ont donné les couleurs. Voyant les choses tourner à l’inverse, le président de l’Union des forces démocratiques (UFD), Siaka Diarra, a aussi manifesté sa légitimité dans sa base électorale. Koulikoro, il profitera d’une cérémonie de don pour faire autrement.

D’autres meetings sont prévus courant janvier pour prouver au président que  la majorité n’est pas une foule de trompeurs inintelligents et impotents qui veulent manger sans prendre le moindre risque.

Les observateurs avertis de la géopolitique ne font pas dans la dentelle pour dénoncer ce qu’ils appellent une comédie digne d’un cirque grec. Selon eux, la majorité présidentielle ne passe le plus clair de son temps à jeter le président en pâture au sujet des marchés de l’avion présidentiel et des équipements militaires, mais des rencontres d’idées de propositions et d’alternances manquent.

Le porte-parole du Collectif pour la République, Mohamed Youssouf Bathily, estime que les sorties de la majorité sont que de tentatives de légitimité à l’égard du cercle présidentiel. “Il s’agit d’une capacité de mobilisation et non d’une capacité de réflexion. C’est aujourd’hui triste que la méthodologie d’ATT soit d’actualité”, constate-t-il. Pour M. Bathily, un meeting n’a de mérite que lorsqu’il évalue le bilan et propose un plan de relance comme fait l’opposition.

“A l’instar du peuple malien, nous avons jugé la majorité dirigée par le RPM en leurs capacités. Au moment où, il faut envisager des propositions pour endiguer la dégradation continue de la situation au nord et l’insécurité grandissante dans les villes et dans les campagnes, le processus de sortie de crise afin que le Mali cesse d’être spectateur de son destin et traduire devant la justice tous ceux qui sont impliqués dans les malversations financières à l’occasion de l’achat de l’avion présidentiel et de fournitures à l’armée, le RPM se voit toujours dans sa veste d’opposition de 2002 à 2007”, a-t-il dénoncé.

Le président de la coordination “Djoguo ni Maaya”, Pr. Abdoulaye Niang, est de ceux qui estiment que les meetings sporadiques de la majorité sont une guerre de Titan.

“La CMP nous montre son incapacité notoire à assurer le leadership des partis qui ont accepté de soutenir IBK. Elle passe à côté. Elle doit arrêter le cirque. Notre peuple est désabusé parce qu’il y a eu abus de confiance. Ceux qui ont promis de réhabiliter le Mali, de restaurer l’honneur et la dignité de son peuple et qui, à peine installés au pouvoir, ont déroulé un autre agenda ont abusé de la confiance des électeurs. Ils ne peuvent pas nous faire du changement. Parce qu’il y a eu erreur sur la personne”, s’indigne-t-il. Et d’ajouter qu’on ne peut pas avoir une majorité présidentielle forte, dynamique, prête à descendre sur le terrain sans être des forces de propositions.

En tout cas, deux mois après le cri de cœur du président, la CMP, dirigée par Dr. Boulkassoum Haïdara, a du mal à comprendre le président malgré les bons services des confrères journalistes. Car, jusque-là, IBK n’a eu droit qu’à une force d’ouverture. Comme un air de campagne, la CMP reste dans les grandes déclarations, mais les actes ne suivent jamais. Aucun meeting n’a pris fin à la publication d’un document sur les négociations d’Alger, ni pour la relance de l’économie. La lutte contre la corruption reste toujours de combat de folklores avec tambour battant.

L’ancien ministre de la Justice a compromis les atouts judiciaires à cause de la cacophonie entre le monde judiciaire et son département. Les Maliens gardent la tête baissée quant à l’apport de la CMP. Mais, les amis d’IBK se jettent dans la gueule du loup pour se dire auto-satisfaits d’un bilan. C’est exprimer véritablement le mépris pour des milliers de Maliens frappés par l’insécurité alimentaire, nos compatriotes qui souffrent de l’insécurité au Nord, des étudiants qui ne savent plus à quel saint se vouer, les milliers de Maliens qui réclament justice dans des litiges (surtout fonciers), les nombreux ménages qui n’ont pas à manger trois repas par jour, etc.

Bref, les partis de la majorité peuvent se réjouir des coups politiques, mais le message du président n’est pas passé dans la réalité des faits.

Bréhima Sogoba

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