Cette méfiance ou plutôt cette crise de confiance au sein des alliés politiques d’IBK a surgi au lendemain de la démission du Premier ministre Oumar Tatam Ly, suivie de la nomination de Moussa Mara pour lui succéder. Si le premier est un technocrate bon teint, un banquier de grande réputation, sans affinité politique bien définie, le second est un chef de parti, YELEMA (changement), qui, disent ses principaux lieutenants, “va marquer l’histoire politique du Mali des prochaines années “.
Et, comme, cela est de coutume dans tous les états-majors politiques, le Premier ministre Moussa Mara ne cesse de mettre à profit ses missions pour surfer sur son agenda politique. Ce qui lui a valu quelques inimitiés des Bokary Tereta, Boubacar Touré, Toumani Djimé Diallo, Mahamane Baby, Mamadou Diarrassouba… du RPM, qui voient en le nouveau chef du gouvernement un frein à leur promotion politique personnelle ou celle de leur parti.
Union sacrée autour du duo Mara-IBK
Et certains d’entre eux pointent un doigt accusateur sur le fait que la primature tarde à enregistrer la nomination de cadres du parti du tisserand. Voyant venir ce vent d’adversité sournoise au dessus duquel se met légitimement le chef de l’Etat, Mara tient à avoir à son arc politique plus qu’une seule corde, celle de YELEMA, qui n’a qu’un seul député. Surtout qu’un coup de froid s’est installé entre lui et le stratège politique Soumeylou Boubèye Maïga du parti ASMA-CFP (cinq députés) au lendemain de sa calamiteuse visite à Kidal en mai 2014.
Boubèye éjecté du gouvernement et devenu visiblement menaçant pour l’ascension politique de Mara, le patron de YELEMA va jeter son dévolu sur certains leaders de partis coalisés à l’Assemblée nationale pour resserrer les liens autour de sa personne et autour du chef de l’Etat. Oumar Ibrahim Touré de l’APR, Mamadou Blaise Sangaré de la CDS, Bocar Moussa Diarra de l’Um-RDA et Aliou Boubacar Diallo de l’ADP-Maliba accepteront de sceller cette “union sacrée” de l’APM autour du duo IBK-Mara ou plutôt du duo Mara-IBK !
Longévité primatoriale
En clair, le chef du Gouvernement est persuadé qu’il faut élargir sa base de sympathie politique au sein de la grande convention des partis politiques de la majorité présidentielle (CMP) pour une plus grande longévité “primatoriale” aux côtés d’un IBK que l’on dit toujours impulsif voire imprévisible.
Auparavant, le président de l’ASMA-CFP, sentant cette fièvre se développer, décide d’anticiper en optant, à l’issue du congrès de son parti, d’allier ses députés à l’ADEMA pour créer le groupe parlementaire ADEMA-ASMA. Histoire d’être “plus visible” au sein de la majorité présidentielle et de, susurre-t-on, “pouvoir parer à toute éventualité politicienne ” , avec comme paravent «le droit à des alliances privilégiées».
D’autre part, pour donner plus d’écho à la diatribe du président IBK sur l’aphonie de sa majorité, le président de l’UDD, Tiéman Hubert Coulibaly, se donne plus de répondant au sein de la mouvance de soutien au locataire de Koulouba en pilotant une autre plateforme. Il tracte ainsi l’Alliance des forces démocratiques pour le Mali (AFD-Mali) pour aller, à court ou moyen terme, à la création d’un parti issu de la fusion de la quinzaine de modestes formations politiques. Et dire que ceux qui s’agitent aujourd’hui pour prêcher l’unité au sein de l’APM ont été ceux qui ont dégainé en critiques diverses quand l’ADEMA-ASMA se mettait en place à Bagadadji et quand l’AFD-Mali pointait le bout de son nez.
Les communales, test grandeur nature
Comme on le voit l’instinct grégaire, ce réflexe à se regrouper, s’hypertrophie de façon remarquable au sein de la majorité présidentielle au point qu’on ne peut s’empêcher de noter que le camp du président de la République (CMP) ressemble finalement à un hideux monstre à quatre têtes. Le premier bloc, le plus influent, est celui constitué par le RPM avec ses 76 députés, drivé par le doyen Boulkassoum Haïdara. Il y a ensuite le sous-groupe de l’APM, formé par 9 partis politiques avec 22 députés, conduit par Moussa Mara de YELEMA et Oumar Ibrahim Touré de l’APR, dont la collaboration parfaite avec le bloc ADEMA-ASMA a quelques soucis à se faire, le premier soupçonnant le second d’être plus proche de l’opposition. Enfin, le groupe AFD-Mali de Tiéman Hubert Coulibaly de l’UDD tient à jouer sa partition avec des entités satellitaires comme le Collectif des jeunes candidats à la présidentielle 2013 (CPC) de Ousmane Ben Fana Traoré du PCR et le Groupement des partis politiques pour la démocratie et la paix (GPP-Mali Jigi) d’Ismaël Sacko du PSDA.
En définitive, tout cela ressemble à une véritable toile d’araignée de plus d’une soixantaine de formations politiques agglutinées les unes… contre les autres autour du locataire de Koulouba. Qui n’en demande certainement pas autant, tant la cohésion et la sérénité ne sont pas encore au rendez-vous. Et les communales à venir en seront un test grandeur nature.
Bruno D SEGBEDJI
Opportunistes
Pouvoir rime avec la séparation .
Je pense qu’il faut des alliés sur et fiable pour établir une bonne politique commune .
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emploi au Mali
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