Le récent périple africain de Nicolas Sarkozy (Libye, Sénégal et Gabon) avait été présenté par ses thuriféraires comme celui de la "rupture" dans les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines. En fait de rupture, nous avons été servis en monnaie de singe. Discours paternaliste, pontifiant, lénifiant et on ne peut plus condescendant, pour ne pas dire insultant, envers les "bons sauvages" que nous sommes irrémédiablement, nous les Africains et congratulations à Bongo, exemple s”il en est, semble-t-il, d”une Françafrique "décomplexée", j”en passe, et des pires.
Nicolas Sarkozy a mis un bémol à son discours sur "l”immigration choisie", suivant ainsi les conseils du Président Wade, qui, depuis longtemps, a sonné l”alarme sur les risques liés à la fuite des cerveaux africains vers l”Occident, et s”est, dans le même temps, posé en donneur de leçons devant les étudiants de l”Université Cheikh Anta Diop.
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Ne vous en déplaise, M. le Président, l”histoire récente du continent noir aurait dû vous apprendre que la jeunesse et les intellectuels africains sont les fers de lance de la lutte contre les dictatures, la corruption, la mal gouvernance, l”impunité, y compris au prix de leur vie ou de leur liberté. Leur grand problème est qu”ils n”ont pas encore eu l”occasion de vous voir à l”œuvre comme pourfendeur des prédateurs de nos Etats, à l”image des Présidents Bongo et Sassou N”Guesso, qui gèrent les affaires de leurs pays en "bons pères de familles", au seul bénéfice d”eux-mêmes et de leurs proches et sont pourtant vos "bons amis".
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Concernant l”antienne de la "non repentance" par rapport à la colonisation et à l”esclavage, la réponse que vous a adressée Alpha Oumar Konaré nous semble exhaustive et pétrie de bon sens, de connaissances historiques et de vérité.
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Reste, M. le Président, que les soi-disant "habits neufs" que vous voulez nous faire croire avoir endossés ont des relents, pour ne pas dire des miasmes, de "pré carré" et de "Françafrique", même si vous prétendez aujourd”hui parler "d”Eurafrique" et de "partenariat". Là où vous nous dites "rupture", nous entendons "continuité", sinon "perpétuation" et cela ne nous dit rien de bon.
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Si vous vous découvrez, un jour, l”envie d”échanger d”égal à égal avec les Africains, le meilleur conseil que nous puissions vous donner est de vous adresser à la Commission de l”Union Africaine, qui les représente tous, sans exclusive. Cela nous paraîtra moins paternaliste que si vous persistez à venir chez nous, ou plutôt dans "votre ex-Empire", nous rabâcher des contre-vérités et autres voies à suivre trop de fois entendues. Car nous sommes les mieux placés pour vous dire ce dont nous rêvons pour notre continent et comment nous entendons atteindre nos objectifs. Nous n”avons ni besoin, ni envie que vous prétendiez le faire à notre place.
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Ramata DIAOURE
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