Il n’y a jamais deux sans trois : le troisième essai pour la députation sera-t-il le bon? La réponse appartient naturellement aux électeurs. Mais, en attendant, elle a choisi de mettre définitivement un holà à toutes ses activités politiques en commune II. Prochaine destination ? La Commune 4, là où l’attend avec sourire, charme et colas une autre impératrice du parti, la baronne Mme Danioko Nya Dansira. Elle, c’est Mme Coulibaly Alima Traoré, épouse du Dr Balla Coulibaly, pédiatre émérite pour ne pas dire l’un de meilleurs spécialistes du pays dans son domaine. Tous les matins, sa maison – une splendide villa sise à Quinzambougou – est prise d’assaut par les dames patronnesses, ayant sous leurs bras ces mômes qui rêvent eux – aussi de devenir un jour nos patrons.
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L’homme ainsi courtisé pour son savoir, sa science et son expertise dans une médecine jugée très pointilleuse et délicate, séduit également chaque visiteuse par son extrême humilité. Le goût de l’esbroufe, du factice, de la légèreté n’étant guère à ses yeux des valeurs anoblissantes dans une société plus que jamais confrontée à son nouveau pari de refondation. Alors que faire?
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Lorsque pour la nouvelle génération tout ce qui brille est de l’or et que les aînés qui devraient en principe montrer l’exemple, indiquer le chemin à suivre sont plutôt engagés, dans une course effrénée, suicidaire pour s’offrir la meilleure villa du pays. Ce virage tragique pris par nos moeurs n’augure pas il est vrai des lendemains qui chantent pour la jeunesse malienne .Et c’est vraiment ce qui inquiète sérieusement le Docteur Coulibaly.
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Mais ce «moine tibétain» échoué sur nos terres maliennes ne fait pas de politique. Pas si accommodant que çà pour un tempérament aussi discret et taciturne.
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A chacun son métier donc : «Que ceux qui font la guerre fassent la guerre, que ceux qui font le commerce fassent le commerce; que ceux qui font l’agriculture fassent l’agriculture» avait décrété Soundiata il y’a plus de 700 ans. Son aïeul à elle fut un de ses meilleurs lieutenants. Mais ce rappel ne fait pas trop sourire cette éducatrice bon chic, bon genre, qui aspire plutôt à une histoire totale, globale, une histoire qui sera enseignée dans toutes les écoles maliennes. Une histoire qui habitera chaque enfant du pays ou qu’il se trouve comme sa propre histoire.
rnQuoi de plus juste et normal pour cette combattante qui n’a pas raté le train de l’histoire du mouvement démocratique, qui a été très sensible à l’image de beaucoup d’autres anonymes à la frustration ambiante qui prévalait alors, sous le hideux régime de Moussa Traoré. Comme ses autres soeurs, elle était toute aussi parvenue à la conclusion que le parti unique n’offrait plus de perspectives nouvelles de progrès et qu’il fallait à tout prix changer le contexte de gestion des affaires de l’Etat. Quant à la défunte Unfm, elle était plutôt perçue comme un instrument au service du parti unique que comme une structure dédiée réellement à la promotion de la femme.
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L’engagement politique de Mme Traoré remonte à cette belle époque et elle n’est pas encore près de s’émousser, malgré les coups de boutoir répétés et orchestrés par une horde de militants venant de son propre camp.
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Le hic, c’est que l’inspirateur en chef, l’inusable maître d’oeuvre de ce «complot permanent» qui passe aujourd’hui pour être une des personnalités politiques les plus en vue de son parti l’Adema, dans la commune n’était à l’origine qu’un aboyeur du Cnid, le parti d’un soleil nouveau mais qui se fait toujours attendre.
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‘’Crier, pleurer, gémir tout est également lâche, continue ta longue et lourde tâche dans laquelle le sort a voulu t’appeler’’ a dit le philosophe, c’est pourquoi, depuis quelques années, Mme Alima écume les rues boueuses et poussiéreuses de sa commune pour prêcher la bonne parole, celle de son parti, de ses idées ou plus précisément de ses idéaux appelant surtout le peuple du Mali à une nouvelle révolution culturelle.
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Une reconversion positive de mentalité débarrassée de son idéologie morbide, désespérée de la rédemption par le mouvement N’ko, car si elle admire cette confrérie pour son alphabet, elle récuse fondamentalement son pedigree qui fait du Mandén, le nombril de la terre.
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Magnanime et sereine, elle accepta en 2002 d’aller aux élections sur la même liste de députation que l’un de ses principaux traîtres radié auparavant du parti en fanfare, ainsi que deux de ses complices pour leur forfaiture. Aux dernières élections législatives, sa déception sera encore plus vive, immense, sincère, car au moment même ou elle pensait avoir réussi le bon coup et qu’elle allait enfin intégrer la grande maison des «honorables» au même titre que d’autres illustres inconnues, elle s’est vue impitoyablement poignardée dans le dos par certains cadres et militants de son parti. Pourquoi un tel acharnement, une volonté toujours cynique et délibérée de mettre définitivement hors jeu cette Amazone authentique ?
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Légitime, sa vie n’est pas un roman, c’est plutôt un parcours. Ses adversaires «ces individus qui jouent aux grands dès qu’ils ont une petite situation» n’ont qu’à bien se tenir. Mme Alima Traoré avance toujours masquée.
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Bacary Camara PARIS
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