Rebondissement dans l’affaire de détournement de 3 milliards de francs CFA au Trésor de Sikasso : Le Receveur et le Trésorier-payeur écroués à la prison centrale de Bamako

0
La direction du trésor

Des disparitions de chèques de plusieurs dizaines de millions de francs CFA  ont été constatées à la Direction Régionale du Trésor de Sikasso. En plus, de fausses déclarations sur la valeur de ces chèques ont été validées par des responsables du service, sans que soient vérifiés les certificats et factures exigibles pour toute transaction relevant du commerce extérieur. Plus grave, la délivrance frauduleuse de quittances par le Receveur du Trésor du Kénédougou, Mourdjan Traoré et le Trésorier payeur, Moussa Coulibaly, a occasionné pour l’État malien une perte sèche de 3 milliard de francs CFA. Révélation sur un détournement record au sein d’un service de recouvrement et de l’assiette de l’État dans la  région de Sikasso.

Alerte aux scandales ! La Direction Régionale du Trésor de Sikasso est en proie à une situation sans précédent : l’éthique, la déontologie et le code fiscal ont été foulés au pied. Et c’est dire que l’arrivée du Receveur Mourdjan Traoré et du Trésorier-payeur, Moussa Coulibaly, a permis la réglementation de pratiques frauduleuses au niveau de cette structure de recouvrement de la 3ème région administrative du Mali.

Logiquement, la réglementation fiscale engendre l’application rigoureuse des normes de recouvrement. Mais hélas, le constat est que des détournements de chèques et de délivrance frauduleuse de quittances ont été concoctés et réalisés par le receveur du Trésor de Sikasso auprès de la Douane et le trésorier-payeur. Depuis, le Trésor de la 3ème région administrative de notre pays est au bord du précipice. Et les inspecteurs du Trésor ont eu le temps, encore moins, les moyens de contrôler tout ce qui se tramait par le receveur du Trésor de Sikasso et son trésorier-payeur.

Avec Mourdjan Traoré comme receveur et Moussa Coulibaly comme Trésorier-payeur, le Trésor régional de Sikasso, était aux mains de quelques opérateurs économiques qui ressemblaient plutôt à des groupes mafieux. Des sources émanant du Trésor de Sikasso ont impliqué des cadres, chefs de service, opérateurs économiques et acteurs de la fraude dans ces malversations.

Aujourd’hui, la preuve est  évidente sur l’implication de ces responsables dans la délivrance frauduleuse de quittances au niveau du Trésor de Sikasso par le receveur et le trésorier-payeur ayant occasionné pour l’État malien une perte sèche de 3 milliards de francs CFA. Pire, du début à la fin, ces responsables du Trésor,  sont au cœur de fausses déclarations sur la valeur et des détournements de chèques au niveau du Trésor du Kénédougou.

Une mafia bien organisée  

À en croire nos sources, depuis le vendredi 23 juin 2017, à la veille de la fête du ramadan, le receveur du Trésor de Sikasso, en la personne de Mourdjan Traoré, a été écroué à la Brigade Territoriale (BT) de la gendarmerie du Kénédougou. Par la suite, le Trésorier-payeur, Moussa Coulibaly, fut interpellé. Cette situation est intervenue après le passage des Inspecteurs (déployés par le Directeur national du Trésor) qui ont décelé un trou béat de 3 milliards de francs CFA dans la caisse. Du coup, les suspects, le receveur, Mourdjan Traoré et le trésorier-payeur, Moussa Coulibaly, clament, à qui veut l’entendre, que ces quittances octroyées ne sont pas de l’argent comptant perçu ; mais plutôt, des sous devant être versés par des opérateurs économiques. Mais qui croire ? Surtout qu’il y a un écart de plus 3 milliards entre le rapport  que les deux collègues ont fourni et celui déposé par les enquêteurs. D’où leur inculpation. Avant d’être écroués à la prison centrale de Bamako, par le procureur du Pôle économique et financier pour détournement de deniers publics de plus de 3 milliards  de nos francs.

Mourdjan Traoré est le champion du nomadisme politique, à chaque fois qu’il sent le vent tourné, il change de camp. Après l’Adéma et le Rpm, il a rejoint le parti Yéléma de Moussa Mara. Et ces changements de camps lui réussissent bien puisqu’il s’est enrichi : il a des champs et son troupeau composé de plusieurs centaines de têtes de bœufs d’origine européenne vit sous les climatiseurs. Il a des maisons et parcs-auto à Bamako, Sikasso, Ségou et Kayes. Bref, Mourdjan était devenu puissant. Très puissant. Au point  qu’il a, avec la complicité du trésorier-payeur, Moussa Coulibaly, détourné la bagatelle de plus de 3 milliards de FCFA

Selon nos sources, la direction nationale du Trésor  a dépêché des inspecteurs pour enquêter sur des irrégularités d’ordre procédural, et des cas de délivrance frauduleuse de quittance et de majoration ont été mis à nu au niveau du Trésor de Sikasso. Les investigations menées ont permis d’aboutir à la confirmation de ce qui est aujourd’hui décrié au niveau des cadres du Trésor du Kénédougou, un des plus importants du pays.

Sous la bannière du Receveur du Trésor de Sikasso, Mourdjan Traoré et du Trésorier-payeur, Moussa Coulibaly, des opérateurs économiques ont fait faire des liquidations en douane dans un temps record, alors que des industriels maliens luttent contre toutes les institutions pour que leur parcours procédural soit validé en vue de démarrer leur appareil productif. Nos sources révèlent qu’un grand courant de fraude couve dans le service du receveur du Trésor de Sikasso et du Trésorier-payeur, impliquant plusieurs niveaux de responsabilité. Des centaines de dossiers ont été liquidés par ces deux compères, en une heure, avec mention sur la déclaration, validant ainsi une procédure de vérification qui n’aurait concrètement jamais eu lieu.

C’est ainsi que des containers ont été déclarés à 18 millions chacun, tandis que d’autres ont bénéficié de fausses quittances pour échapper aux contrôles et aux certificats de conformité exigés par les procédures de contrôle. L’affaire  a pris une autre tournure depuis que le receveur de Sikasso, Mourdjan Traoré et le trésorier-payeur, Moussa Coulibaly ont été arrêtés et déférés par le Poule économique, à la Maison centrale d’arrêt (MCA) de Bamako.

Le sauve-qui-peut, général

À en croire nos sources, des sanctions pourraient tomber dans les prochains jours. Puisque l’affaire devient un sujet de discussions en coulisse dans les services de la Direction nationale du Trésor. Dans les jours à venir, les importateurs impliqués dans ces affaires de fraude seront également soumis à des enquêtes. Ces derniers pourraient ainsi se voir infliger d’importantes amendes pour fraude et violation de la législation régissant le commerce extérieur. Quoi qu’il en soit, la Direction Nationale du Trésor et de la Comptabilité Publique s’est saisie de cette affaire qui tend à s’apparenter à un scandale à plusieurs ramifications. En tout cas, cette affaire (parmi tant d’autres qui souffrent dans les tiroirs des institutions) témoigne de la détresse dans laquelle s’empêtre une économie malienne plus que jamais fragilisée par les circuits de corruption et de fraude entretenus essentiellement par des lobbies de l’importation.

À la Direction régionale du Trésor de Sikasso, on ne dormirait plus que d’un œil. Selon nos sources, tous les chefs de services et les responsables qui seraient, de prêt ou de loin, liés à cette disparition de chèques et de délivrance frauduleuse de quittances qui a occasionné une perte sèche de trois milliards FCFA pour le Trésor public malien, répondront de leurs actes.

Irritées par la délivrance frauduleuse de quittances par le receveur du trésor de Sikassso et du trésorier payeur, les autorités maliennes, veulent finalement découvrir toute la vérité, rien que la vérité ; savoir qui a fait quoi, qui a bouffé quoi.

De son côté, la Direction nationale du Trésor, traitée de tous les noms d’oiseau, entend elle aussi en savoir davantage sur les raisons qui ont conduit à ce scandale financier et exige que le dossier soit « creusé et approfondi » par la justice, afin que les responsables  s’expliquent sur cette délivrance frauduleuse de quittances qui se chiffre à 3 milliards de FCFA, mais aussi sur ces fausses déclarations sur la valeur estimées à des milliards de nos francs. Très en colère ; les cadres du Trésor de Sikasso rejettent les accusations et s’opposent à l’ouverture d’une autre mission de contrôle qui, selon eux, s’acharnent contre leur propres personnes.

Quoi qu’il en soit, le compte à rebours vient de commencer à la Direction régionale du Trésor de Sikasso au moment où chacun doit s’expliquer sur ces fausses déclarations et la destination empruntée par la délivrance frauduleuse de quittances d’une valeur de 3 milliards de FCFA. Tandis que les enquêteurs exigent que le dossier du Trésor de Sikasso passe à la loupe, les cadres de cette structure exigeraient de leurs subalternes de préparer des documents montés de toutes pièces en guise de justificatifs pour « se garer des mouches ».

En quelque sorte un jeu de « ping-pong » fait au nez et à la barbe des Maliens qui assistent, impuissants, au vol et au détournement du dénier public. Mais face à cette gabegie, leur indignation n’a d’égale que leur colère.

Cependant, une certitude : le détournement de chèques, la disparition de quittances et des fausses déclarations sur la valeur au niveau du r du Trésor de Sikasso risquent de briser bien des carrières, des rêves aussi, car tous ceux qui ont profité de cet argent feront les frais de leur imprudence.

Réputés pour leur « arrogance » au sein du Trésor de la 4ème région, certains cadres de cette structure  gardent déjà le profil bas. Mais face à la détermination de la justice, certains responsables poursuivent les consultations nocturnes pour  se mettre à l’abri.

En attendant, des soupçons pèsent sur des opérateurs économiques maliens d’être au cœur d’un réseau de blanchiment d’argent. C’est dire que les prochains jours seront chauds. Très chaud.

Affaire à suivre et poursuivre !

Cyrille Coulibaly

Commentaires via Facebook :