Détournement des véhicules et d'autres biens de l'Etat : Quand des gouvernants spolient le peuple de son patrimoine

22 Juillet 2015 - 14:00
23 Juillet 2015 - 11:21
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voiture-EtatDétournements de véhicules étatiques par des ministres qui quittent le gouvernement au nom d'une mise en réforme qui frise le simulacre, marchés frauduleusement attribués, bâillonnement des technocrates compétents du département, gestion personnelle et clanique d'autres biens des départements ministériels. Le patrimoine de l'Etat est, hélas, encore victime de ces pratiques d'un autre âge au moment où les maigres ressources publiques doivent faire face à des dépenses toujours croissantes. La plupart de nos Etats africains sont considérés comme de véritables vaches laitières à traire jusqu'à la dernière goutte par ceux-là mêmes  qui sont chargés de nous gouverner. La mal gouvernance a donc la vie dure en Afrique. Quand ce ne sont pas des problèmes d'atteinte à la démocratie, ce sont des problèmes de corruption, de détournements de fonds publics ou d'abus de biens sociaux qui défraient la chronique au quotidien. Malgré les crises profondes auxquelles ces pratiques conduisent, nos Etats n'arrivent à rectifier le tir. Au Mali, l'on signale encore les cas de détournement de véhicules, de mobiliers et autres matériels de bureau à des fins personnelles par de hauts responsables administratifs comme des ministres, des directeurs généraux et autres personnalités qui quittent leurs fonctions. L'on raconte que des ministres, sentant qu'ils vont être limogés du gouvernement, prétextent des travaux de rénovation pour changer des climatiseurs et autres gadgets (rideaux, moquettes, etc). Et dès qu'ils quittent le gouvernement, ils emportent les équipements changés qui, le plus souvent, sont de meilleure qualité que ceux placés dans les bureaux. En clair, le patrimoine de l'Etat s'appauvrit au détriment de celui personnel de ces anciens " serviteurs " (fossoyeurs serait plus juste) de l'Etat. Il est récemment fait cas d'anciens ministres qui ont gardé par devers eux des véhicules de grande valeur en les retapant pour s'en approprier au su et au vu de tous. Faut-il rappeler que ces anciens ministres bénéficient encore d'une prise en charge par l'Etat qui leur assure les frais d'électricité, de téléphone, d'eau…L'Etat est ainsi essoufflé, tant ses ressources financières squelettiques sont pompées jusqu'à la moelle. Par ailleurs, il nous revient que les fonctionnaires de services administratifs, notamment des projets bénéficiant de financements publics, subtilisent les véhicules, les ordinateurs, imprimantes et autres matériels pour les vendre allégrement et empocher les revenus ou n'en verser dans les caisses de l'Etat qu'une infime partie. Au Mali, les autorités ont récemment lancé une opération de récupération de certains biens de l'Etat, notamment des véhicules qui ont été détournés par des pontes du régime à des fins personnelles. S'il faut saluer cette mesure dont on se demande si elle est l'une des conséquences de l'implication  du FMI dans les affaires maliennes, depuis l'acquisition controversée de l'avion présidentiel, il faut dire que le cas malien est loin d'être un cas isolé sur le continent.  Il est plutôt illustratif de la situation de bien des pays africains où le problème de la gestion saine des biens publics se pose avec acuité. Et est en passe de devenir l’un des défis majeurs pour nos gouvernants. Pour s'en convaincre, il suffit de voir comment certains véhicules de l'Etat sont utilisés pour des besoins qui, parfois, n'ont rien à voir avec ceux de l'Etat, par certains responsables. Si ce ne sont pas les enfants qui sont conduits  à l'école par le chauffeur avec le véhicule du service, c'est l'épouse ou la domestique qui est transportée au marché pour faire des emplettes. Pendant ce temps, certains agents de l'Etat ne disposent d'aucun moyen de transport pour faire leur travail sur le terrain. Par ailleurs pendant que certains services de l'Etat ne disposent pas du moindre véhicule, certaines personnalités disposent à elles seules de deux à trois véhicules, voire plus. D'où la nécessité d'un changement radical, pour plus d'efficacité dans l'action gouvernementale. Cela passe nécessairement par la prise de mesures vigoureuses  afin d'inculquer un esprit nouveau aux dirigeants africains. Le bien public est sacré et il faut en prendre le plus grand soin Pour le cas spécifique de l'utilisation et de la gestion des véhicules de l'Etat, beaucoup d'efforts restent encore à faire. Malgré les contrôles sporadiques, il n'est pas rare de voir certains dirigeants gérer, sans aucune gêne, les biens de l'Etat comme s'il s'agissait de leur propriété personnelle. Cela traduit à souhait la mauvaise conception que les gens ont du bien public sous nos cieux. Quand ce ne sont pas des populations ou des agents qui n'ont cure de l'entretien des biens publics, parce que ces biens de l'Etat sont la propriété de tous et de personne à la fois, ce sont des dirigeants qui se les approprient tout bonnement à des fins personnelles. Ainsi, certains vont même jusqu'à refuser de rendre les véhicules de l'Etat, une fois qu'ils ont été déchargés de la fonction pour laquelle le véhicule leur a été affecté. Il y a aussi des cas de gaspillages avérés dont personne ne s’émeut dans nos administrations. On parle d'une facture mensuelle de téléphone de la primature qui s'élève à 3 millions F CFA ; celle de chacun des ministères avoisine en moyenne 1,5 million F CFA. Le petit calcul pour 25 départements ministériels donne une enveloppe de plus de 36 millions de nos francs chaque mois rien que pour le téléphone ! Ajouter au budget de l'eau et de l'électricité (avec des bureaux quelque fois vide avec le climatiseur fonctionnant en plein régime), la facture est simplement salée. Par ailleurs, l'on peut se demander comment le recensement des véhicules de l'Etat est fait, s'il existe  un état fiable et maîtrisé de la situation, et   s'il y a un suivi réel et sérieux qui en est fait. Car, il n'est pas rare de trouver dans certains services des véhicules garés pendant longtemps, pour un simple problème de batterie, de pneu ou autre  panne anodine. Pendant ce temps, certains agents indélicats se permettent de remplacer les roues usagées de leurs véhicules personnels par des roues neuves de véhicules de l'Etat, quand ce ne sont pas des blocs moteurs entiers qui  sont soustraits. Ce sont là autant d'actes répréhensibles qui exigent un changement de mentalité  par rapport à l'utilisation des biens publics. Il faut avoir le courage de prendre le problème à bras-le-corps, et de travailler les esprits dans ce contexte de changement promis par le président Ibrahim Boubacar Kéita.              Bruno D SEGBEDJI   djitosegbedji@yahoo.fr   Devoir de mémoire sur le patrimoine dilapidé... Une commission avait été mise en place au début de l’ère IBK pour faire le point sur les véhicules administratifs, notamment ceux de la présidence de la République, sur lesquels les putschistes de mars 2012 avaient fait main basse. Il est question de centaines de véhicules qui se sont évanouis dans la nature. On sait que le Capitaine-Général Amadou Haya Sanogo en avait distribué comme des cacahuètes à ses laudateurs et à ses griots. Des responsables politiques qui ont soutenu le putsch ont reçu en cadeaux certains de ces véhicules de l’Etat, tout comme des présentatrices de télévision, dont nous taisons les noms. Alors où en est cette Commission dans la récupération des voitures de l’Etat? On n’en a plus jamais entendu parler. Personne ne s’en est plus souciée. Ce qui prouve que la sauvegarde du patrimoine de l’Etat est le dernier des soucis de nos gouvernants. On pourrait évoquer aussi toutes ces armes et munitions dont les putschistes et leurs complices militaires et civils s’étaient emparés dans les garnisons pour commettre leur crime et terroriser la population. Un ultimatum leur avait été lancé pour la restitution desdites armes et munitions aux premières heures du régime IBK. Apparemment, personne au Mali ne semble s’en souvenir.                                                                                                                          Bruno D SEGBEDJI

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