Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique : La DFM entre pourboire et « pour manger »

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La Direction  des Finances et du Matériel (DFM) du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique n’a pas fait l’objet d’un appel d’offres, en vue de sa privatisation. Du moins, pas à notre connaissance. Mais tout porte à croire qu’elle est victime, depuis un certain temps, d’une OPA (Offre Publique d’Achat) qui ne dit pas son nom : elle est au service exclusif de ses responsables et de leur mentor tapis dans les sphères de l’État et des dédales du département : gestion clanique des ressources humaines et financières ; achat de conscience et de silence ; magouille et affairisme à ciel ouvert… Tout y passe, sans que cela n’offusque personne.  

« Comment puis-je faire une gestion rationnelle des fonds du département, si je dois faire des gestes à tous ces gens ! ».

C’est, en substance ce qu’un responsable de la DFM du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique aurait confié à un de ses proches, face aux multiples sollicitations émanant de  ces « pots » tapis dans les sphères de l’État.

Rapportée, à notre Rédaction par un autre proche de ce cadre de la DFM du département de la Santé, cette déclaration empreinte de colère, traduit deux sentiments. D’abord, un sentiment d’agacement, vis-à-vis de ceux là-même, que les responsables de la DFM du ministère du Pr Samba Sow appellent, pompeusement, « tous ces gens ». Notamment, des hauts cadres du département en charge de la Santé et de l’appareil d’État dont nous tairons les noms, pour l’instant qui ne cessent de solliciter les responsables de la DFM du département, qui pour s’offrir des enveloppes de fin de mois ou une nouvelle bagnole, qui pour se tailler des vacances sur la Côte d’Azur… leur ont fait une promesse : celle de maintenir les cadres de la DFM, contre vents et marées, à leur poste.

Ensuite, un sentiment de révolte, contre le régime en place. Les proches du pouvoir à qui les responsables de la DFM se voient obliger de « faire des gestes » du moins, s’ils veulent rester à leurs postes. D’où l’aubaine pour ces cadres d’être à la DFM du ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique.

Incapable de se maintenir à leur poste, par leurs seuls résultats, les responsables de la DFM du département du Pr Samba Sow, se voient ainsi, obligée de délier les cordons de la bourse. Conséquence : 229,79 millions de francs CFA ont été volés à la DFM du département de la Santé et de l’Hygiène Publique. Quelques exemples suffisent pour se rendre à l’évidence : le « prince » de la DFM a ordonné des paiements pour des travaux de construction non exécutés.  Il s’agit de cinq marchés relatifs à des travaux de mise à niveau, de construction de services, de réhabilitation et d’extension à Bamako, Sekoro (Ségou) et Sikasso pour un montant total de 42,74 millions de FCFA.

Flagrant délit de fraude

La DFM du ministère de la  Santé a ordonné le paiement de matériels livrés non conformes dans le cadre de l’exécution du marché relatif à la fourniture et à l’installation d’équipements destinés à 30 Centres de Santé Communautaire. Le montant total des matériels ainsi livrés se chiffre à 4,52 millions de FCFA.

Et comme si cela ne suffisait pas, la DFM du ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique a ordonné le paiement de matériels et équipements non livrés pour un montant total de 2,5 millions de FCFA, concernant deux marchés. Ce n’est pas tout. Loin s’en faut.

Même dans le cadre du premier marché relatif à la fourniture et à l’installation, sur site, d’un groupe électrogène de 200 KVA, l’inverseur automatique du groupe, évalué à 800 000 FCFA, n’a pas été fourni. Dans le second, relatif à la fourniture et à l’installation sur site de matériels destinés au Ministère de la Santé, un RAC, un ordinateur portable et un congélateur, évalués à 1,7 million de FCFA, n’ont pas été livrés.

Plus grave, la DFM n’a pas reversé au Trésor Public les recettes issues de la vente des Dossiers d’Appel d’Offres (DAO). Lesdites recettes ont été utilisées notamment pour le paiement de perdiems accordés aux commissions d’ouverture et d’analyse des offres et pour les frais de publication de DAO dans les journaux pour un montant total de 180,02 millions de FCFA. Or, aux termes du Code des marchés publics, lorsque le dossier d’appel à concurrence n’est pas remis gratuitement, les produits issus de la vente sont reversés au Trésor Public.

Et le hic qui titille, c’est que dans l’exécution des marchés, la DFM a procédé, sans ordre de service, à un changement dans les prestations à hauteur de 3,2% du volume total dans le cadre du marché relatif à la fourniture de fluides médicaux destinés aux formations sanitaires du pays. Or, la réglementation ne l’exige que lorsque « la variation dans la masse des travaux, fournitures ou services est inférieure ou égale à 5% du marché ». De telles pratiques dénotent d’une mauvaise appréciation des besoins du service et entraînent une mauvaise utilisation des ressources financières.

Et comble de la « mangecratie » à la DFM du département de la Santé, les responsables ont ordonné des paiements pour des travaux de construction non exécutés.  Il s’agit de cinq marchés relatifs à des travaux de mise à niveau, de construction de services, de réhabilitation et d’extension à Bamako, Sekoro (Ségou) et Sikasso pour un montant total de 42,74 millions de FCFA.

Bref, la DFM du ministère de la Santé est sacrifiée sur l’autel d’intérêts égoïstes. Autrement dit, la caisse de la structure a subi une saignée financière de 229,79 millions de francs CFA.

Complicité des bonzes du régime

Face à ce vol et magouille criards à la DFM du département du Pr Samba Sow, les agents du département mais aussi les cadres des structures rattachées –qui réclamaient, il y a quelques mois le départ du DFM –sauront agir : soit, pousser le gouvernement à  nommer un nouveau DFM au ministère de la Santé, soit battre le pavée, face au refus de se débarrasser des « encombrants cadres ». Mais le ministre  n’en a cure. Le Tout-puissant DFM du ministère, aussi.

À un autre proche, rencontré, ce responsable de la DFM du ministère du Pr Samba Sow aurait déclaré : « Mon maintien à mon poste n’est pas lié à la gestion du service; mais au fait que je fais l’affaire du régime et de ses proches ».

Traduction : que les fonds de la DFM du ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique soient bien gérées ou pas, les responsables s’en fichent. Si telle est l’analyse des cadres de la DFM du département du Pr Samba Sow, chargés de bien piloter la politique sanitaire du gouvernement, c’est un mauvais présage. Pour le régime, mais aussi pour notre pays.

Même au sein du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, les cadres de la DFM tiennent tout le monde. « A part quelques responsables, que je considère comme des hommes intègres, il n’y a pas un seul cadre du département qui n’a pas bénéficié de mes largesses ! », aurait-il rétorqué (notre cadre) à un haut responsable de son département, qui voulait lui faire des remontrances.

Arrogance, mépris pour certains collègues, airs supérieurs… Telles sont entre autres, les « qualités » de ce responsable de la DFM du département du Pr Samba Sow, qui se vante d’avoir eu autant de longévité à son poste.

Nommé dans des conditions que l’on sait, ce responsable de la DFM du ministère de la Santé, poursuit sa carrière à la tête de la DFM de la Santé, en dépit des scandales qui ont émaillé la gestion des fonds du département : attribution de marchés à des coquins et coquines etc.

Mais ce qui taraude les méninges de nos concitoyens, c’est la suite qui sera réservée au document d’enquête sur la gestion de la DFM de la Santé; lequel document accuse les responsables de la DFM de la Santé, une « mauvaise gestion », ayant laissé un trou de 229,79 millions de francs CFA. Alors question : les responsables de la DFM du département de la Santé répondront-ils un jour, de leurs actes devant les tribunaux ?

Cyrille Coulibaly

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2 COMMENTAIRES

  1. Excusez moi, vous semblez trop vous référer au Pr Samba Sow, est ce lui qui nomme les DFM, je veux savoir. Je sens une aigreur derrière cet article et cela lui enlève toute sa valeur. Les journalistes doivent commencer par respecter leur métier si noble, et respecter les lecteurs.

    • Ce cadre comme tu dis, qui se plaint ainsi a son compte dans cette affaire sinon personne ne l’oblige à dilapider les ressources de son pays. Ceux qui le poussent à le faire ne sont pas plus maliens que lui., mais peut être que lui aussi se prostitue ainsi pour garder son poste. C’est cela qui détruit le Mali. le changement ne viendra pas maintenant des dirigeants, ils doivent en être contraints. Si tu ne partages pas ce que l’on t’oblige à faire, tu peux toujours démissionner du poste et lancer l’alerte, tous les maliens se valent.

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