Placé mercredi en garde-à-vue dans le cadre d’une information judiciaire ouverte depuis une année en France notamment pour “blanchiment aggravé”, l’homme d’affaires corse Michel Tomi a été mis en examen vendredi. On apprend que la justice française s’intéresse à l’origine de ses revenus et à ses relations avec le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. L’homme d’affaires corse Michel Tomi a été mis en examen vendredi deux jours après sa garde-à-vue dans le cadre d’une information judiciaire ouverte depuis une année en France notamment pour “blanchiment aggravé”.
Michel Tomi, considéré comme le dernier des parrains corses, a été mis en examen le vendredi 20 juin. Il avait été placé en garde-à-vue, mercredi, dans le cadre d’une information ouverte pour fraude fiscale et sur ses liens avec le président malien Ibrahim Boubacar Kéita.
Les motifs de la mise en examen sont multiples : corruption d’agent public étranger, faux et usage de faux, abus de confiance, recel d’abus de biens sociaux, complicité d’obtention indue d’un document administratif et travail dissimulé. Figure de l’industrie du jeu en Afrique, il avait été interpellé avec neuf autres personnes, mercredi, dont six ont également été mises en examen.
Selon son avocat, Jean-Dominique Lovichi, Michel Tomi ne peut pas être soupçonné de fraude fiscale, car son client “est franco-gabonais, il ne réalise pas un centime de chiffre d’affaires en France”. “Il est très difficile de concevoir une fraude fiscale pour quelqu’un qui paie l’intégralité de ses impôts au Gabon”, a-t-il ajouté.
Selon une source proche du dossier, après un signalement en 2012 de Tracfin, la cellule anti-blanchiment de Bercy, les enquêteurs ont disséqué le patrimoine et le train de vie de Michel Tomi et de plusieurs personnes de son entourage. Les enquêteurs sont convaincus que l’homme d’affaires perçoit “plusieurs centaines de milliers d’euros par mois”, selon une source judiciaire.
“On a le droit d’être ami avec un chef d’état étranger“
Interrogé sur les liens entre Michel Tomi et le président malien, Me Lovichi a par ailleurs réfuté tout fait de corruption concernant l’obtention de contrats : “On a le droit d’être ami avec un chef d’Etat étranger. Il n’a pas de contrat particulier au Mali, a poursuivi l’avocat. Sur l’abus de bien social, les sociétés de mon client sont de droit étranger”.
La première épouse de Michel Tomi, une autre femme de son entourage proche, son “homme à tout faire” et trois chefs d’entreprise ont également été mis en examen. Ces derniers, qui ont passé des contrats en Afrique, notamment au Cameroun et au Mali, auraient, selon les enquêteurs, obtenu ces marchés par l’entremise de Michel Tomi.
Outre des incriminations de faux et d’usage de faux en raison de fausses factures présumées, ils sont susceptibles d’être poursuivis pour des faits de corruption d’agent public étranger, tout comme Michel Tomi.
La première épouse du “parrain des parrains” a, elle, a été interrogée sur du travail dissimulé, à propos de personnes qu’elle emploie, mais aussi des faits relevant du faux et de l’usage de faux. Les enquêteurs se demandent notamment si elle n’a pas obtenu frauduleusement la nationalité française.
Rassemblés par Youssouf Coulibaly