Après avoir dissout le gouvernement Modibo Sidibé, voici que le président ATT vient d’abroger, mercredi 13 avril, en Conseil des ministres, les décrets de nomination des Directeurs des Finances et du Matériel (DFM, ex-DAF) de l’ensemble des départements ministériels. C’est dire que la machine anticorruption est en train d’être, elle-même, déverrouillée. De quoi faire maintenant la lumière sur les 5,6 milliards FCFA récoltés de la vente des 40 000 tonnes de sucre de Sukala-SA. Quand on sait que pas moins de 2 milliards FCFA de cette manne sont destinés aux bienheureux fonctionnaires qui ont facilité l’octroi de ce juteux marché. L’Indépendant a ouvert l’enquête.
En tout cas, la société d’économie mixte Sukala-SA n’est pas partie prenante dans cette affaire qui est en train de diviser profondément le monde des opérateurs économiques maliens. C’est dire que la magouille et la corruption autour du sucre sont en train de rendre son prix inaccessible pour nos maigres bourses.
Aux dires de certaines mauvaises langues, sur chaque kilogramme de sucre de Sukala vendu sur le marché, des agents de l’Etat percevraient 50 FCFA. Ce qui fait pour l’ensemble des 40 000 tonnes de sucre (pour l’année 2011) produits par Sukala-SA, un total de 2 milliards FCFA qui atterrissent paisiblement dans les poches de certains agents de l’Etat tapis quelque part dans l’ombre. Incognito ?
Au moment où leur compte en banque ne cesse de se renflouer. Et cela au détriment du consommateur à qui l’on a toujours fait croire que le prix du sucre continue de renchérir sur le marché international. C’est apparemment une politique de cupidité qui vient d’être découverte à travers le prix de vente du sucre de Sukala qui est quand même produit au Mali.
Toute la production de l’unité industrielle pour l’année 2011 a été déjà achetée au prix de 360 FCFA le kilo. Il est revendu au consommateur malien à 500 FCFA au minimum. Même à ce prix-là, la différence entre le prix carreau usine et le prix de vente au consommateur est de 140 FCFA. Ce qui fait un total de 5,6 milliards FCFA que des opérateurs économiques et des agents de l’Etat se partageraient, aux dires d’un opérateur économique qui a requis l’anonymat.
Selon cet opérateur économique, qui travaille depuis longtemps avec Sukala-SA, il n’est pas normal que le kilo de sucre produit à Sukala soit acheté à l’usine à 360 FCFA pour être, ensuite, revendu à 500 FCFA au consommateur malien.
Toujours d’après cet opérateur économique, le kilo de sucre de Sukala doit être cédé au consommateur malien à 450 FCFA au lieu de 500 FCFA comme c’est le cas suite à une décision du ministère de l’Industrie, des Investissements et du Commerce. Pour ces motifs et selon cet opérateur économique, l’ancien ministre de l’Industrie, des Investissements et du Commerce, Ahmadou Abdoulaye Diallo, a tout simplement annulé le Protocole d’accord qui liait Sukala-SA au Groupement de quatre opérateurs économiques sur la commercialisation du sucre.
Du côté de Sukala-SA, les Chinois de la société Clect, actionnaire majoritaire, ne sont pas non plus contents du trop gros bénéfice qu’ils voient réalisés, en quelque sorte, à leur détriment, voire sur leur dos. Ils veulent, eux-aussi, avoir leur part dans lé bénéfice réalisé. Surtout qu’ils s’inquiètent également du fait que le ministre en question a unilatéralement le protocole en question. Résultat : la Cour de Justice de l’Uemoa a été saisie, il y a de cela deux mois, afin d’annuler cette décision prise du temps du ministre Ahamdou Abdoulaye Diallo. Alors que, juste avant cette décision, c’était quatre gros commerçants, à savoir Bakorè Sylla (GGB), Modibo Kéïta (GDCM), Amadou Djigué (Djigué-SA) et Abdoulaye Niang qui assurait la commercialisation du sucre de Sukala sur toute l’étendue du territoire national.
En annulant ce protocole, le ministre Ahmadou Abdoulaye Diallo a ouvert la voie aux interrogations sur le prix réel auquel le sucre de Sukala doit être cédé au consommateur. Et sur la destination réelle de ces énormes profits réalisés sur les 40 000 tonnes de sucre de cette unité. Où vont les bénéfices réalisés ?
Dans les caisses des opérateurs économiques triés sur le volet pour réaliser ces plus-values ou dans des poches d’indélicats agents de l’Etat? Qu’on pourrait, si tel est le cas, traiter de sangsues.
Vivement donc que la vérité éclate au grand jour sur la destination et la répartition des 2 milliards FCFA rétrocédés par les bénéficiaires de ce juteux marché de sucre. Afin de dénoncer ceux qui se sucre (sans jeu de mot) sur le dos du consommateur malien.
Affaire à suivre.
Mamadou FOFANA