Lutte contre la corruption : Jusqu’où ira le juge ?

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Les anciens agents de l’APEJ qui viennent d’être mis en accusation suite à une enquête sur le détournement de 5 milliards de nos francs sont des personnalités bien connues du grand public. Ils n’ont pas été présentés comme des trophées de chasse, mais leurs ennuis judiciaires arrivent à l’heure du bilan des deux ans d’IBK.

 

Le Président IBK, qui s’était déclaré en guerre contre la corruption en 2014, se doit de présenter un bilan à l’occasion de l’anniversaire de son investiture, le 4 septembre 2015. Ainsi, il pourra se vanter d’avoir favorisé le difficile travail de la Justice, qui a récemment mis au gnouf des cols blancs ayant vidé les caisses de l’APEJ.

Des promesses faites par IBK en 2014, l’opinion nationale n’aura jusqu’ici retenu que des rendez-vous manqués. Une année plus tôt, des dossiers compromettants avaient été transmis aux juges en charge de la répression de la délinquance financière. Ces dossiers sont restés lettres mortes, même si les archives des services de contrôle ont été mis à la disposition de la Justice.

Il reste à savoir si les juges ont pu travailler en toute indépendance. Au sein de la famille judiciaire, des voix s’étaient levées très tôt pour dire tout le mal qu’elles pensaient de la promesse de faire de 2014 une année de lutte contre la corruption. Pour rappel, le Procureur général était des plus sceptiques qui avaient osé parler à l’époque. Cette année-là, on a surtout observé des déchirures entre le ministre de la Justice d’alors, Mohamed Aly Bathily, et les magistrats. Le garde des sceaux disait vouloir nettoyer, extirper du corps des magistrats les mauvaises graines, les corrompus.

Alors, une petite guerre éclata après la mise aux arrêts de certains magistrats qui seraient impliqués dans des transactions  douteuses.

Entre 2013 et 2014, les dossiers de corruption transmis aux magistrats impliquaient des personnalités ayant servi le Mali sous l’ancien président ATT. Mais le régime d’IBK n’allait pas tarder à faire face à ses propres délinquants financiers. De la présidence au ministère de la Défense, en passant par le département de l’Economie et des Finances, des proches du pouvoir actuel ont été cités dans des scandales de corruption révélés la même année.

Les rapports entre le Mali et certains bailleurs de fonds ont été affectés par ces scandales qui ont abouti à la suspension d’une partie de l’aide budgétaire étrangère. Or, les Maliens n’étaient pas au bout de leurs surprises, car d’autres cas d’enrichissements illicites récents ont été mis sur la place publique, et ils impliquent de très hauts responsables, des proches du président IBK. Ce dernier, dans un accès de colère, déclarait il y a un mois qu’il serait désormais impitoyable avec les « retro commissions ».

On peut donc estimer que le juge anti-corruption a du travail à faire. Pour l’instant, il fouille dans les nombreux dossiers de vérification laissés par le Bureau du vérificateur et d’autres services de contrôle. Logiquement, il doit aussi se tourner vers les nouveaux cas de délinquance financière, dont certains font l’objet d’enquêtes. Toute la question est de savoir s’il aura suffisamment les coudées franches pour achever la traque qu’il vient de commencer.

Soumaila T. Diarra

 

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