Le Projet Jiguisemejiri devient ‘’Jiguiwarojiri’’ : Plus de 30 milliards FCFA non transférés aux ménages vulnérables par le Coordinateur

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La gestion du Fonds Covid-19 au Mali, pendant l’exercice 2020 par le Coordinateur du Projet Jigisemejiri, M. Mahmoud Ali Sacko, n’a pas été transparente encore moins libre. D’où le lieu pour le Vérificateur Général d’adresser une dénonciation de faits à la Justice par rapport aux ressources, irrégulièrement, utilisée à des fins d’enrichissement individuels ou collectifs au détriment des besoins réels dans la lutte contre le Covid-19.

C’est sur la base de l’adresse à la nation du Président de la République de l’époque en date du 10 avril 2020, que le gouvernement a déployé des efforts importants pour la prévention et la riposte face à la pandémie du COVID-19 et amoindrir son impact négatif sur l’économie et la société. Ainsi, au 31 décembre 2020 le Gouvernement, à travers la Paierie Générale du Trésor, a payé à 125 entités, une somme totale de 43,13 milliards FCFA (43 139 473 128F) sur un crédit alloué de 132,37 milliards de nos francs (132 372 298 618 FCFA). Depuis, il ressort des enquêtes que la gestion de ces ressources a souffert d’irrégularités administratives et financières importantes.

Flagrant délit 

C’est sans appel : le Coordinateur du Projet Jigisemejiri, M. Mahmoud Ali Sacko, n’a pas correctement réalisé les transferts monétaires d’urgence à l’endroit des ménages, les plus pauvres et vulnérables du Mali pour répondre aux effets de la COVID-19. Il a gardé dans son compte bancaire un montant de plus de 30 milliards FCFA, soit plus de 77% des sommes reçues du Trésor Public.

Pourtant, le 28 Janvier 2020, soit deux mois avant l’arrivée du Coronavirus au Mali, le dirlo de Jigisemejiri,  fêtait en grande pompe, une décoration de Chevalier de l’Ordre National du Mali que le régime de feu IBK lui avait décerné pour on ne sait quels services rendus. Il se la coulait douce sur l’argent des pauvres et des vulnérables, parce qu’il avait l’avantage de gérer une partie des fonds Covid, qui devaient soulager des pauvres maliens, à travers les filets sociaux de ce fameux Projet Jigisemejiri.

Les maliens auront d’ailleurs remarqué, après la sortie du rapport du Végal qui l’épingle, cette frénésie du Coordinateur  Sacko à faire du trompe-l’œil, en utilisant des chefs de quartiers de notre pays, pour distribuer des miettes d’argent qui crée de la zizanie entre les populations.

Le Coordinateur du Projet Jigisemejiri qui devrait mettre en place un programme ciblé de transferts monétaires ou en nature pour les populations pauvres et vulnérables du Mali et établir le socle pour le développement d’un système national de filets sociaux au Mali, avec un montant de 33,75 milliards FCFA (33 750 000 000F) dans le cadre du Programme Présidentiel de Transfert Monétaire d’Urgence (TMU) à l’endroit de Trois cent cinquante mille ménages, les plus pauvres et les plus vulnérables du Mali pour répondre aux effets de la COVID-19, n’a pas reversé le reliquat du fonds non utilisé, 15 mois après la pandémie.

Le Coordinateur du Projet Jigisemejiri, M. Mahmoud Ali Sacko, a reçu du Trésor Public un montant total de 39 milliards FCFA dans son compte bancaire destinés aux ménages, les plus pauvres et les plus vulnérables du Mali pour répondre aux effets de la COVID-19. Mais contre toute attente, il a dépensé, seulement, un montant de 8,9 milliards FCFA (8 902 528 475F) sur le fonds COVID-19, à la date du 30 juin 2021, soit après 15 mois de pandémie ; et seulement aussi dans les régions de Mopti, Tombouctou, Gao, Kidal et le District de Bamako alors que les autres régions, qui sont après Bamako, les plus touchées par la Covid-19 et la pauvreté, ne sont toujours pas concernées par les transferts monétaires Orange.

Pendant ce temps, les indemnités de transport des responsables du Projet Jigisemejiri ; les diverses activités et les frais consentis dans les recensements pour l’actualisation de la base ont coûté, sur le Fonds COVID-19 remis par l’État malien, un montant de plus de 858 millions de nos francs (858 375 875 FCFA) qui n’est pas correctement justifié.

Le rapport du Bureau du Vérificateur Général révèle qu’il n’existe aucune information sur les partenaires chargés de la collecte et de l’enregistrement des données. Les chèques pour ces activités sont établis au nom des agents du projet depuis Bamako. Pourtant, le Projet a utilisé une base de données des bénéficiaires antérieurement répertoriés par Jigisemejiri, des indigents bénéficiaires du Régime d’Assistance Médicale (RAMED) de l’Agence Nationale d’Assistance Médicale (ANAM), des bénéficiaires de certaines ONG internationales notamment ceux du Cadre Commun et du Programme KEY de l’Union Européenne des populations déplacées.

La non justification de ce fonds met en doute l’efficacité du projet pour la mission qui lui a été confiée et frôle le détournement de deniers publics, l’argent des pauvres secoués par les conséquences de la maladie.  Le montant total non utilisé et non reversé s’élève à 30 milliards FCFA (30 097 471 525 F).

Les transferts de fonds de ‘’Jiguisemejiri’’, entre guillemets

Le Coordinateur de ‘’Jigisemejiri’’ a irrégulièrement dépensé un montant de plus de 25 millions FCFA (25 200 000F) au titre des frais de transport des membres du Comité de Pilotage (CP) et du Comité Technique de Coordination (CTC).  En effet, cette dépense sort du cadre de transfert monétaire aux pauvres, car ce projet existait depuis 2013, avec son budget de fonctionnement propre. Le paiement des indemnités de transport sur le Fonds COVID-19 n’est donc pas dû.

Ainsi, l’indemnité de transport du CP pendant les mois de Juillet/Août/Septembre 2020 se chiffre à 3 750 000F. Et pendant cette même période, l’indemnité de transport du CTC s’élève à 6 975 000F. S’y ajoutent, les indemnités de transport du CP en Avril/Mai/Juin 2020 qui fait 3 750 000F et 6 975 000F à la même date pour le CTC. Enfin, l’indemnité de transport du Comité de Pilotage en Octobre/Novembre/Décembre 2020 s’élève à 3 750 000 F. Soit au total, une enveloppe de 25,2 millions (25 200 000 FCFA). Depuis, le Projet Jiguisemejiri (l’arbre de l’espoir) est devenu « Jigiwarojiri » (entendez, l’arbre de la déception).

Décidemment, le dirlo du Projet Jiguisemejiri, M. Mahmoud Ali Sacko est  mal barré. Le gouffre financier creusé dans la gestion du projet dépasse l’entendement. D’où la paralysie de la structure à tous les niveaux ou presque. Pire, le service doit plusieurs dizaines de milliards de nos francs aux pauvres et aux ménages vulnérables.

En clair, le Projet Jigisemejiri dans son programme de filets sociaux n’a jamais connu une telle hémorragie financière. Pire, il n’a jamais été confié à une personnalité, aussi controversée que Mahmoud Ali Sacko : depuis le début de la pandémie du Covid-19 au Mali, les caisses  du Projet coulent. Comme le fleuve Niger dans son lit. Les détournements ne sont pas comptabilisés en millions. Mais en milliards de nos francs.

En bloc, le Projet Jiguisemejiri n’a pas seulement perdu de sa superbe. Il  a été vidé de son âme, vendu au diable. Et jusqu’aujourd’hui, son Directeur, Mahmoud Ali Sacko, n’affiche qu’une image de ruine et de désolation. Et pour cause : les gaffes au sein du projet dépasse l’entendement.

Jugé, pourtant, stratégique dans la politique de soutien financier de l’État malien aux populations face à la lutte contre le Covid-19, le Projet Jigisemejiri n’a pas échappé à l’appétit vorace de ses responsables. Par petite touche, ils ont « sucé » les caisses, érigés le népotisme en mode de gestion. L’espoir tant suscité auprès des populations, a viré au cauchemar.

Face à cette mauvaise gestion qui a occasionné une perte sèche de 30 milliards de francs CFA au Projet Jiguisemejiri, le Vérificateur a saisi la justice malienne, afin que le dirlo du projet et ses complices rendent à César ce qui n’est pas à eux. Du coup, ils ne dorment plus que d’un demi-œil.

Arouna Traoré

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