Fonds mondial : Quand Malick Sène pourfend le rapport Bourassa

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Septembre 2010, le contrôleur Guy Bourassa du Bureau de l’Inspecteur Général du Fonds Mondial qui séjourne à Bamako avec onze autres contrôleurs de ce Bureau, est à Bamako pour contrôler, sur dénonciations locales, la composante Sida du Fonds Mondial. Au Mali, celui-ci est mis en œuvre à travers le Haut Conseil National de Lutte Contre le Sida (Hncls) relevant de la présidence de la République et pilotant le programme à travers un léger secrétariat. Ce secrétariat appelé bénéficiaire principal est basé sur le « faire-faire ».

Notamment par les Bénéficiaire Secondaire Ainsi donc plusieurs organes et mécanismes validés par le Fonds Mondial collaborent t-ils avec le Hcnls sous l’appellation de sous-bénéficiaires. Ce sont la cellule sectorielle de lutte contre le Sida du ministère de la Santé, les « faîtières » Groupe Pivot Santé/Education ainsi qu’Arcad-Sida qui travaillent avec plus de 80 Ong nationales à travers le pays. Pour les mécanismes : la gestion financière a été confiée à une Agence de Gestion Fiduciaire recrutée sur appel d’offre international pour « gérer les fonds, planifier, débourser, assurer la comptabilité au niveau central et au niveau des Bénéficiaires Secondaires, le suivi des pièces justificatives et faire rapport au siège du Fonds Mondial».

Volte face

La gestion contractuelle était assurée par une Agence de Gestion des Contrats recrutée, elle aussi sur appel d’offre international et avec pour objectif d’aider à élaborer les contrats des Bénéficiaires secondaires et des sous-bénéficiaires sur la base d’activités validées.                  

L’approvisionnement en produits médicaux et les gros équipements était confié au PNUD, à la Pharmacie populaire du Mali et à l’AGC. Malick Sène, le secrétaire exécutif du Hncls a aussi d’autres mécanismes : des manuels de procédures spécifiques, quatre audits financiers et comptables (2006-2007-2008-2009) par le Cabinet d’audit Aziz Dièye du Sénégal, l’audit interne par le cabinet Diarra, l’audit de performance par le Vérificateur Général en 2008. Le Fonds Mondial lui-même a adressé un satisfecit au programme Sida en 2009 tout en déplorant des faiblesses au niveau du programme Palu et Tuberculose. Une revue trimestrielle des performances effectuée par le Fonds lui-même a permis de classer le Mali dans la catégorie A2 c’est-à-dire celle des programmes répondant aux attentes à la catégorie A1 depuis 2007, ce qui veut dire que les réalisations dépassent les attentes.

Mieux, le Mali était présenté partout comme une vitrine. Malick Sène en était là quand le 15 octobre, l’inspecteur Bourassa, dans une note de synthèse au Conseil d’administration du Fonds met les pieds dans le plat et verse l’eau du bain avec le bébé. Certes, il précise que l’enquête est à ses débuts et que des conclusions définitives ne peuvent pas être tirées avant de finir l’analyse des 250 000 documents ( !) collectés.

Mais il anticipe tout de même « des fraudes et des mal-pratiques de la nature de celles relevées dans l’audit du Fonds Palu et Tuberculose. Il insiste sur le paiement de marchés fictifs et estime qu’en échelle l’anomalie sera ici plus importante que dans le cas du programme Palu et Tuberculose. La première grosse couleuvre est que Bourassa avait déclaré que ce sont 50 millions de dollars que le programme Sida Mali a reçus de la part du Fonds Mondial. Or rectifie, Malick Sène, piqué à vif « à la suite des coupes arbitraires opérées par le Fonds Mondial lui-même, le montant réellement décaissé au profit du Mali s’élève à 45 188 576 $ dont 8,9 millions directement payés au PNUD par le Fonds ».

 Indignation et colère

L’équipe Sène a le moral bas mais elle décide de se battre, quoiqu’il lui en coûte. Elle met au point un mémorandum qui répond point par point aux allégations de l’Inspecteur dont elle demande la récusation tout en se déclarant prête pour d’autres auditeurs. Pour elle, Bourassa et son équipe sont venues pour trouver des problèmes même là où il n’y en a pas, dénonçant «des affirmations chargées de mépris avec une désinvolture qui laissait transparaitre des préjugés bien arrêtés sur les Maliens. Florilège : « examinant une photo sur laquelle figure le père d’un opérateur économique en compagnie du Chef de l’Etat du Mali, M. Guy Bourrassa a déclaré : « Cela a facilité certainement la passation des marchés ».

En présence du directeur du « Groupe Pivot Santé et Population », il juge : « Au Mali, tout le monde vole » . C’est peut-être pourquoi le 12 juillet 2010 le Fonds Mondial écrivant au juge d’instruction du Mali est péremptoire : « la corruption est systémique au Mali ». Les Ong, non plus, ne trouvent aucune grâce non plus aux yeux de Bourassa qui écrit dans un mail :«je me demande sérieusement ce que ces petites ONG apportent ; elles reçoivent un salaire et du carburant et quoi d’autre possiblement de faux documents ».

Le Redaction

 

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