Dans notre premier papier sur la malversation et le détournement au niveau du Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) qui a bousillé le Fonds alimentaire japonais, on a évoqué un certain nombre d’irrégularités. Notamment l’inobservation des procédures d’exécution des dépenses publiques, le prélèvement sur des comptes sans justification, la violation des passations de marché et l’attribution des marchés à des entreprises fictives. Dans ce numéro, on aborde les dépenses effectuées sur les fonds alloués pour la mise en œuvre du PNSA et la formation des membres des comités de gestion des banques de céréales.
Des irrégularités au niveau du PNSA
Sur ce chapitre, le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) s’est illustré de façon illégale par un marché de gré à gré de 103,81 millions de FCFA. Celui-ci a été attribué à un Groupement d’intérêt économique (GIE) pour la mise en place de 265 unités d’élevage à cycle court dans les régions de Mopti et Gao. Le budget de la convention n’a pas été respecté. En effet, une partie du fonds a servi à l’évacuation médicale du responsable du GIE pour un montant de 3,1 millions de FCFA. Par ailleurs, l’intéressé a reçu des honoraires pour 12 millions de CFA. Curieusement, la signature de la convention et le décaissement du montant intégral ont eu lieu le même jour sans aucune garantie.
Dans le cadre de la réalisation des travaux d’aménagement de quatre petits périmètres irrigués villageois (PPIV) dans le cercle de Youwarou, le CSA a attribué de gré à gré un marché de 195,96 millions de FCFA sans autorisation de la Direction générale du marché public (DGMP). Le hic est que le montant fut décaissé à hauteur de 90%, soit 177 millions, alors que seuls les travaux de deux des quatre PPIV ont démarré. Aussi irascible que cela puisse paraitre, les travaux devraient prendre fin depuis le 7 juillet 2010.
Les marchés d’aménagement de trois PPIV dans la région de Mopti pour un montant total de 49,12 millions de CFA ont été irrégulièrement attribués. Et bizarrement, les travaux prévus à Mopti ont été réalisés à Ségou sur la base d’une étude effectuée par l’entreprise et qui n’a pas fait l’objet de validation. Pourtant, la somme de 40,51 millions de CFA soit 90% du montant a été décaissée avant le démarrage des travaux et sans garantie.
S’ajoutent au lot des malversations, la réalisation de 5 forages équipés pour une valeur de 127,82 millions de FCFA attribuée de gré à gré en violation du CMP. En effet, les spécifications techniques indiquées dans le devis estimatif n’ont pas été respectées. Le coût des forages réalisés est aussi inférieur à 100,81 millions de CFA soit au dessous de ce qui était prévu.
En outre, le Commissariat à la sécurité alimentaire a payé à l’entreprise 3 millions de CFA de plus que le montant de la facture. Il a été également révélé que l’acquisition de 7 groupes motopompes à 47,46 millions de nos francs sur les ressources du PNSA a fait l’objet de fractionnement. Malgré le paiement effectif de 27,12 millions de CFA aux fournisseurs, aucune livraison n’a été faite jusqu’à ce jour.
Gâchis concernant la formation des membres de gestion des banques de céréales
Décidément, au Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) les lois et textes de la République du Mali sont foulés aux pieds. Les dépenses effectuées sur ce fonds pour un montant total de 34,20 millions de CFA ne comportent pas de pièces justificatives. Les dépenses relatives à l’élaboration d’une stratégie de communication pour une valeur de 21 millions de CFA ne sont pas éligibles. Les montants des perdiems payés au personnel du CSA pour les déplacements à l’intérieur de Bamako (au taux journalier de 20 000 FCFA) ne sont pas soutenus par une décision. Le montant indument dépensé à cet effet s’élève à 1,38 million de CFA.
À suivre les irrégularités constatées dans les dépenses de suivi-évaluation des banques de céréales et le détournement des fonds alloués au projet maraîcher.
Ahmadou Maïga