Fonds alimentaire du Japon :Malversation et détournement au commissariat à la sécurité alimentaire ((CSA)

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Après l’affaire de détournement du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le palu qui continue, d’ailleurs, de faire des victimes, une autre malversation défraie la chronique. Il s’agit du Fonds alimentaire Japonais qui serait détourné par le Commissariat à la sécurité alimentaire ((CSA) dirigé par Mme Lansry Nana Haïdara.

À rappeler qu’en novembre 2002, le gouvernement a adopté la Stratégie nationale de sécurité alimentaire visant à satisfaire les besoins essentiels des populations. Celle-ci comporte notamment des objectifs d’augmentation et de diversification de la production agricole, d’amélioration des revenus des populations et du développement de la transformation des produits locaux.

Quant au Commissariat à la sécurité alimentaire, il était chargé d’élaborer et d’assurer la mise en œuvre du Programme national de sécurité alimentaire (PNSA) conformément à cette stratégie. Pour la mise en œuvre de ce programme, le gouvernement japonais a fait des dons en nature au Mali qui sont vendus pour constituer le fonds de contrepartie de l’aide alimentaire.

C’est ainsi que le Commissariat à la sécurité alimentaire a bénéficié de 2,25 milliards de FCFA pour le financement de cinq projets. Il s’agit de la construction de 101 magasins de stockage dans les communes les plus vulnérables pour 1,08 milliard de FCFA, du projet d’appui pour la mise en œuvre du PNSA pour 749,75 millions de FCFA, de la formation des membres des comités de gestion des banques de céréales pour 250 millions de FCFA, du suivi-évaluation des banques de céréales pour 100 millions de FCFA, et enfin, du projet maraîcher pour 70 millions de FCFA.

Au lieu d’exécuter correctement ce travail pour le bonheur du peuple Malien, le CSA s’est malheureusement illustré par l’inobservation des procédures d’exécution des dépenses publiques, le prélèvement sur des comptes sans justification, la violation des passations de marché, l’attribution des marchés à des entreprises fictives etc.

Le CSA irrespectueux des textes régissant les finances publiques
Le rapport 2010 du Vérificateur général (Végal) révèle que les procédures régissant l’exécution des dépenses publiques n’ont pas été observées par Mme Lansry Nana Haïdara. Curieusement, l’un des comptes bancaires ayant reçu le fonds de contrepartie de l’aide alimentaire japonaise fonctionne avec la seule signature de Mme Lansry Nana Haïdara Commissaire à la sécurité alimentaire. Les vérifications ont constaté que la somme de 28,08 millions de FCFA a été prélevée sur ce compte sans être justifiée.

Violation du code des marchés publics
Le CSA a attribué irrégulièrement deux lots de marchés de construction de 75 magasins, pour un total de 830,27 millions de FCFA. Pis, ces marchés ont été accordés à des entrepreneurs qui n’avaient pas la qualification requise eu égard aux critères d’attribution. Selon le rapport, les documents administratifs fournis par ces entrepreneurs n’étaient pas conformes aux spécifications indiquées dans le dossier particulier d’appel d’offres. Il convient aussi de préciser que l’adjudicataire d’un des lots a fourni un certificat de quitus fiscal et une attestation de taxe de logement falsifiés.

Par ailleurs, des avenants de montants respectifs de 55 millions et de 35 millions de FCFA ont été octroyés aux entrepreneurs alors qu’il n’y avait pas eu de modifications dans les travaux et aucune demande n’a été formulée par les entrepreneurs. Les chèques ayant servi à payer un des avenants ont été libellés à l’ordre du chef service financier du CSA et non à l’ordre de l’entreprise. Le montant total payé sur ces avenants s’élève à 29,5 millions de CFA.

À signaler que deux autres lots de marchés pour la construction de 11 magasins à 155,79 millions de FCFA ont été attribués de gré à gré et sans l’autorisation de la DGMP. Six de ces magasins ne sont toujours pas fonctionnels. Pourtant, leur construction attribuée à l’entreprise Construction Générale des Travaux aurait dû faire l’objet de réception provisoire, depuis novembre 2008. De plus, une partie du montant du marché soit 66,91 millions de FCFA (43%), a déjà été payée.

À suivre dans nos prochaines parutions, les dépenses effectuées sur les fonds alloués pour la mise en œuvre du Programme national de sécurité alimentaire (PNSA), la formation des membres des comités de gestion des banques de céréales, le suivi-évaluation des banques de céréales, le détournement des fonds alloués au projet maraîcher.

La question qu’on se pose est de savoir si le gouvernement japonais va laisser cette situation pourrir. Acceptera-t-il que son don destiné aux populations soit détourné par le CSA sans que l’État malien ne prenne des sanctions contre les fautifs?
Ahmadou Maïga

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