Le contrôle effectué à l’Agence Malienne de Radioprotection (AMARAP) est édifiant : la gabegie du Directeur Général, le Dr Nagantié Koné et son Agent Comptable, a laissé un trou de 48,48 millions de francs CFA dans la caisse.
« Nous avons honte, aujourd’hui, de dire que nous sommes des travailleurs de l’AMARAP ; car, la structure a perdu son prestige d’antan. Aux détournements des fonds, s’ajoute un désintéressement quasi-général pour le travail d’agent de radioprotection. Sans compter les scandales, qui ne finissent pas de finir au sein de l’Agence… ».
Les gestes hauts et forts, un travailleur de l’AMARAP résume, en ces termes, la situation désastreuse de sa structure. Avant d’ajouter, ému : « tout ce que nous demandons, à nos autorités, c’est de traduire les auteurs de ces détournements devant la justice. Et à défaut, de nous débarrasser de ces encombrants responsables qui ont précipité l’Agence Malienne de Radioprotection dans l’abîme ».
En effet, selon nos sources, l’AMARAP est dans l’agonie. Détournements à la pelle, corruption, népotisme… seraient à l’origine de la mort prématurée de cette structure, pourtant promue à un bel avenir.
D’abord, la mauvaise gestion. À en croire nos sources, elle va de mal en pis. Et aujourd’hui, de pis en pi.
D’embrouilles en magouilles
Pendant les exercices 2016, 2017, 2018 et 2019 (1er semestre), expliquent nos interlocuteurs, le sport favori du DG de l’AMARAP et de son Agent comptable a été « l’indiscipline budgétaire » qui s’est traduite par la gabegie. Sur la base de documents en main, un travailleur explique, entre autres, la violation flagrante des procédures comptables et financières; la non justification de l’utilisation des tickets de carburant achetés et l’utilisation irrégulière du carburant ; le paiement de jetons de présence sans fondement légal et l’absence de justificatifs pour les indemnités de déplacements. S’y ajoutent, l’exécution de dépenses irrégulières et le non reversement des produits issus de la vente des dossiers d’appel d’offres, d’année en année.
Autres gaffes relevées dans la gestion du DG de l’AMARAP et l’Agent Comptable : la non comptabilisation des recettes de la structure et bien d’autres entorses à l’orthodoxie financière.
Et le hic qui fait tilt, selon nos interlocuteurs, c’est que le dirlo de l’AMARAP, le Dr Nagantié Koné, ne justifie pas l’utilisation des tickets de carburant achetés. Cependant, l’utilisation des tickets de carburant sous la dénomination « Appui », n’est pas justifiée. En effet, le DG, le Dr Nagantié Koné, en plus de sa dotation personnelle, enlève une partie des tickets de carburant achetés. Non plus, il ne fourni aucun document relatif à l’utilisation desdits tickets. Le montant total des tickets de carburant non justifiés pour la période sous revue s’élève à plus de 24 millions FCFA (24 015 000F) soit 4 803 tickets de 5000 FCFA. En bloc, nos sources rassurent que le dirlo de l’AMARAP, le Dr Nagantié Koné, a détourné de son objet l’utilisation des tickets de carburant achetés pour un montant total de 3 185 000 FCFA. Et cela en violation flagrante du principe de la spécialité budgétaire
Rien qu’au cours des différents hold-up financiers du DG et de l’Agent Comptable, les caisses de l’AMARAP, ont saigné à hauteur de 48,48 millions CFA, précisent notre interlocuteur. Pour qui, le comble de la « mangecratie » à l’AMARAP est, aussi, la variation du taux des jetons de présence lors des sessions. Le montant total des jetons de présence irrégulièrement payés par le DG de l’AMARAP, le Dr Nagantié Koné, s’élève à plus de 12 millions de nos francs (12 035 000FCFA). Comme par enchantement.
Plus grave encore, nos interlocuteurs, révèlent que l’Agent Comptable de l’AMARAP ne justifie pas les indemnités de déplacements. Et jusque-là, il n’a pas pu justifier le paiement des indemnités de déplacements de trois missions dont une à l’intérieur et deux à l’extérieur. En effet, les travailleurs expliquent que les mandats n°69 du 14 mars 2017, n°34 du 1er septembre 2018 et n°10 du 1er mai 2018 émis pour le paiement des indemnités de déplacements ne sont pas soutenus par des pièces justificatives requises, notamment l’ordre de mission visé ou la carte d’embarquement. Le montant total de ces indemnités de déplacement non justifiées s’élève à 2,4 millions de nos francs (2 431 142 FCFA). Et ce n’est pas tout. Loin s’en faut.
De même les travailleurs signalent que, les deux complices (le DG et l’Agent Comptable) ont procédé à l’achat des pneus en l’absence de besoins formellement exprimés. En effet, nos interlocuteurs déduisent qu’à la suite de l’examen des pièces justificatives des dépenses, il ressort qu’ils procèdent, chaque année, à l’achat des pneus sans que le besoin ne soit exprimé par les utilisateurs des véhicules concernés. Ainsi, en moins de deux ans, ils ont acheté 83 pneus pour un parc automobiles de sept véhicules, pour un montant total de plus de 17 millions FCFA (17 688 200F) suivant les mandats n°36 du 10 février 2016, n°220 du 09 novembre 2016 et n°170 du 18 août 2017 et les factures n°0021/ TA/16 du 10 novembre 2016, n°0089/TA/16 du 03 novembre 2016 et n°40 du 15 août 2017.
À titre d’illustration, nos sources indiquent qu’en 2017 l’Agent Comptable a acheté 10 pneus pour le véhicule immatriculé K9567. De même, sur les 83 pneus, 50 ont été effectivement utilisés sur des véhicules. En effet, le comptable-matières de l’AMARAP n’a pas pu apporter, la preuve de l’utilisation ou de l’existence physique des 33 pneus dans le magasin. Le montant total de ces irrégularités s’élève à 6,6 millions (6 613 900 FCFA).
Et nos interlocuteurs d’ajouter que des jetons de présence sont payés par le régisseur, lors des Conseils d’Administration (CA). Sans fondement légal. Pour cette situation, les travailleurs de l’AMARAP rassurent que leur DG n’a pas la délibération du Conseil d’Administration, ni les procès-verbaux (PV) autorisant le paiement de ces jetons lors des 13ème, 14ème, 15ème, 16ème et 17ème sessions du Conseil d’Administration.
Outre, cette mauvaise gestion, les travailleurs révèlent que l’AMARAP est malade. Malade de son DG et du Comptable, dont les magouilles sont de notoriété publique. Malade, aussi, de la corruption et du népotisme, érigés en mode de gestion. Les maux de l’Agence Malienne de Radioprotection se résument en peu de mots : affairisme, détournements de fonds et gestion clanique des ressources humaines et financières.
La preuve : 48,48 millions de francs CFA manquent à l’appel de la caisse. D’où une dénonciation de faits par le vérificateur général à la justice afin que les responsables restituent les sous volés.
Jean Pierre James