Délinquance financière : Le Mali sur le fil du rasoir – Un gouverneur du district milliardaire; Un maire de Bamako milliardaire

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Des rapports de la CASCA en passant par ceux du Bureau du Vérificateur général, le Mali n’a plus bonne presse auprès de ses partenaires. A l’émission de l’ORTM intitulé « Ce jour là sur la corruption », mon cousin soninké Mamadou Diawara a dit vertement sur les antennes : « le Mali est pauvre, mais les Maliens sont riches ».

En bon soninké et réparateur d’engins à deux roues, issue de la classe des prolétaires est bien placé pour tenir un tel propos qui doit retenir l’attention de nos gouvernants. Je savais personnellement que le régime ATT n’allait pas échapper à la délinquance financière. Parce que tout chef d’Etat qui veut montrer « pattes blanches » en Afrique doit empêcher, surtout, sa femme d’être au cœur du système économique et financier du pays. Même ce phénomène de mode, qui a soufflé sur l’Afrique, consistant à créer de toute pièce des fondations et de les gérer, est la trajectoire toute trouvée par les premières dames d’établir un pont avec les gestionnaires des fonds publics. Une fondation se crée sur des acquis.

En Afrique, c’est tout à fait le contraire, elle est créée pour s’enrichir. Cela est tellement vrai qu’aucune des premières dames ne peut justifier d’une fortune, petite soit elle, avant l’arrivée de son mari à la magistrature suprême. Voilà l’autoroute de la corruption avec toutes ses ramifications trouvées. L’affaire du Fonds mondial ne vise en réalité que la Fondation pour l’Enfance dont le ministère de la Santé est l’un des partenaires inconditionnels tout comme celui du ministère de la Solidarité et des Personnes âgées. Il revient désormais aux Maliens de juger avec sérénité le couple présidentiel qui aura passé bientôt une décennie à la tête du Mali. Mais d’ores et déjà, quelques réflexions s’imposent.

Pur produit de l’armée malienne, issu d’une famille pauvre connaissant bien les réalités du pays, n’a pas su tirer les conséquences de la chute du général Moussa Traoré. Bref, ATT n’a manifestement pas le sens de l’Histoire. Rien d’étonnement à cela quand on sait que l’homme s’est coupé de toutes les réalités, en s’entourant d’une foule de courtisans qui lui disent ce qu’il veut entendre. Otage de son entourage et prisonnier de sa conception du pouvoir et de la très haute idée qu’il fait de lui-même. Il a tout intérêt à sanctionner les délinquants financiers ou à partir à temps, comme beaucoup de Maliens, j’ai aimé, adoré, puis j’ai fini par détester Amadou Toumani Touré. Et pour cause : ses amis du PDES ont bouffé notre argent. Selon les experts de Tanspararency International, le régime ATT aurait accouché de 48 milliardaires.

Parmi eux, des cadres de l’administration publique (dont la quasi-totalité des directeurs administratifs et financiers des départements ministériels), des opérateurs économiques proches du régime. Un des maires du district de Bamako serait sur la liste des nouveaux milliardaires, un gouverneur aurait récemment acheté un appartement à Paris. Ce qui aurait irrité les Français. Un banquier de la place tient un bon rang sur la liste.

Enfin, c’est un autre banquier devenu diplomate de circonstance qui assure les mouvements bancaires d’une haute personnalité de la République.

Le Mali est l’un des pays les plus pauvres de la planète, avec un budget d’Etat toujours déficitaire dont l’équilibre repose uniquement sur l’apport des partenaires au développement, au lieu d’une création réelle de richesses. Malgré ce fait, les plus hautes autorités ne manifestent aucune volonté d’assainir les finances publiques.

La location des immeubles Tomota pour servir d’amphithéâtre coûte à l’Etat 34 millions de F CFA par mois. De quoi faire frémir plus d’un Malien qui mange une fois par jour en famille.

L’Etat malien paye au même moment, comme frais de location pour 352 bâtiments baillés, un montant de 1 056 999 804 de F CFA par an. Pendant ce temps, les plus hautes autorités s’accaparent du patrimoine immobilier de l’Etat, démolissent ces vieux bâtiments pour y construire par les soins de l’entreprise Covec des immeubles insolents au centre ville sous couvert de ?

Cependant, les mauvaises langues rapportent que les deux immeubles en chantier sur l’ex site de la Somiex et celui du siège du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur appartiendraient au président de la République et un fidèle parmi les fidèles, Bany Kanté, le représentant des intérêts de la famille Kadhafi au Mali. Vrai ou faux. Le temps nous le dira.

Amy SANOGO

 

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