Au Mali, on compte plus de 200 partis politiques. À tort ou à raison, la plupart d’entre eux se sont abstenus pour l’instant de faire un simple communiqué en vue de soutenir les actions en cours du Procureur Kassogué contre les criminels en col blanc. Pourquoi ?
Parce que depuis l’avènement de la démocratie, les partis politiques qui ont participé à la gestion du pouvoir exécutif ont joué un rôle éminent dans l’extension et l’approfondissement de la gangrène de la corruption dans notre pays. Parmi bien d’autres griefs, les uns plus graves que les autres, on peut reprocher les points suivants aux partis politiques ayant, de près ou de loin, exercé le pouvoir de 1992 à nos jours : les partis politiques qui se comportent comme des bureaux de placement et centres de promotion au service de ses cadres et dirigeants; les partis politiques se rendent coupables d’interférence dans les affaires judiciaires; les partis politiques se sont toujours mêlés des affaires fiscales pour faire accorder des immunités fiscales aux personnes physiques et morales collaborant avec eux; les partis politiques sont réputés intervenir dans les procédures de recrutement dans la fonction publique en faveur de leurs protégés; les partis politiques sont reconnus pour modifier les règles de la concurrence commerciale dans les appels d’offres en faveur des entreprises qui collaborent avec eux; ils sont reconnus pour être un sanctuaire de l’impunité en protégeant des malfaiteurs lorsque ceux-ci sont leurs cadres ou dirigeants…
La période démocratique a débuté au Mali sans que les partis politiques aient de projets de société ou des programmes clairs et sans que l’on ait expliqué à la population ce que c’est la démocratie. Cette période originelle fut le point de départ du slogan aux contours vagues : « le Kokadjé ou changement », un emploi abusif du mot « démocratie », auquel aucun contenu n’a été donné. Ce que la population comprit de la démocratie était ce qu’elle a vu : une accumulation effrénée de richesses entre les mains des nouveaux dirigeants dont la plupart, connus dans les milieux populaires, vivaient dans la pauvreté ordinaire.
Un premier acte du gouvernement après la présidentielle de 1992, fut, sans explication, de porter le budget de la présidence de 250 millions de francs CFA par à 10 milliards de francs CFA par an. Pour faire voter un tel budget, les députés exigent et obtiennent que leurs indemnités soient revues à la hausse. Ils obtiendront même, plus tard, en plus du cumul des indemnités avec leurs salaires, d’autres avantages pécuniaires qui sont, entre autres : des primes de représentation et de logement; des frais de mission confortables; une retraite parlementaire en plus de la retraite-Inps pour ceux qui avaient l’avantage d’avoir été fonctionnaires ou autres agents relevant de statuts les affiliant à l’Institut national de la prévoyance sociale.
Sambou Sissoko