Corruption et gabégie au sein du gouvernement : – 600 millions de F CFA de pots-de-vin pour l'un – 100 millions de F CFA pour l'autre – Deux belles maisons en France pour Mme la ministre

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L’histoire court, depuis longtemps, les rues de la capitale : un ministre aurait perçu, l’année dernière, 600 millions de F CFA de pots-de-vin sur un seul marché public. Un second aurait construit deux belles maisons en France, sur le dos du Prince, l’Etat, et un troisième aurait reçu 100 millions de F CFA de bakchichs de la part d’un concessionnaire de la place pour terminer ses villas et son château. Pour combien de temps encore, le président de la République, va-t-il laisser ces gens-là, à l’appétit glouton, dévorer les deniers publics alors que l’écrasante majorité de la population croupit dans une misère noire? Où est la justice dans ce pays ?

Au moment où le président de la République s’apprête à remettre les clés du Palais à celui qui va le succéder en 2012, il est temps que les ministres, de tous bords politiques, ayant été mêlés à des affaires de marchés surfacturés ou fictifs, de détournement de deniers publics soient renvoyés du gouvernement afin que le procureur anticorruption, Sombé Théra, puisse faire son travail : les confondre et les expédier au bagne.

Pour le moment, trois ministres, devenus des barons sans foi ni loi dans le détournement et le pillage des deniers publics, défraient la chronique bamakoise. Assurés qu’ils sont d’être couverts par le lourd manteau de l’impunité… gouvernementale. Ils ne s’en cachent même pas et prennent de l’argent directement des mains des opérateurs économiques. Et cela, toute honte bue. Il semblerait, d’ailleurs, que le premier cité sur cette short-list des membres du gouvernement les plus corrompus soit également le plus riche des ministres, tant il a siphonné le département qu’il dirigeait à l’époque. Malgré la découverte de cette malversation, le ministre en question a été retenu au Gouvernement. Maintenant, face au fait que le président de la République s’apprête à rendre les clés de la maison, les observateurs s’interrogent : " Que fera ATT de tous ces voleurs à col blanc ? ".

En effet, même si le président de la République a dit qu’il ne va pas humilier un chef de famille coupable de détournement de fonds publics, rien ne prouve que cela puisse rassurer les membres du gouvernement qui sont devenus des multimillionnaires grâce à des commissions perçues sur des marchés publics surfacturés ou carrément fictifs. Et cela, en un laps de temps si court qu’il a fallu qu’ils soient des champions de haut vol pour réussir une telle prouesse. Si l’Etat est fragilisé et continue de l’être, c’est parce que ceux qui sont censés donner l’exemple ont, depuis longtemps, cessé d’être des exemples eux-mêmes. C’est pourquoi, au fur et à mesure qu’on s’approche de l’échéance de 2012, de plus en plus de hauts cadres, y compris des ministres, éprouvent de la peur et font des cauchemars en plein jour. Car personne ne sait, si ATT, en quittant le pouvoir, ne va pas mettre les fers aux pieds de tous ces fossoyeurs de l’économie nationale qui ont eu à s’illustrer dans la gabegie et le pillage des ressources publiques. Que ce soit des cas qui ont été dénoncés dans le Rapport annuel 2009 du Bureau du Vérificateur Général ou dans des rapports d’autres structures de contrôle, il faut s’attendre à ce que, tôt ou tard, ces gens soient mis sous les verrous.

Le président de la République n’ayant pas, lui-même, le choix car le contraire signifierait une protection des voleurs à col blanc. Ce qui serait une ingérence grave qui sonnera le glas de l’indépendance de la justice dans notre pays. Une responsabilité que personne ne souhaite normalement prendre.

Le peuple attend d’ATT qu’il frappe fort

D’après certaines informations, un ministre de l’équipe de Modibo Sidibé aurait la palme d’or de la magouille. En effet, ce dernier aurait carotté quelque 600 millions de F CFA, un second aurait construit deux belles maisons en France sur le dos du Prince, c’est-à-dire l’Etat, et un troisième baron aurait reçu 100 millions de F CFA de bakchichs de la part d’un concessionnaire de la place pour terminer ses villas et son château.

Ce sont là des dossiers auxquels la justice devait s’intéresser si ces ministres soupçonnés de corruption ne bénéficiaient pas de l’impunité qui a pignon sur rue dans notre pays. D’après des informations dignes de foi, c’est la course effrénée à l’argent sale qui est devenue le sport favori de certains membres du gouvernement. Et en cas de dénonciation, c’est toujours le menu fretin et les seconds couteaux qui vont au gnouf. Comme c’est, effectivement, le cas dans l’affaire du Fonds mondial qui continue à ébranler le département de la Santé.

Il suffit seulement de jeter un regard sur les différents rapports du Bureau du Vérificateur Général pour se rendre compte de l’ampleur de la fraude et de la magouille dans les hautes sphères de l’Etat, notamment au niveau des départements ministériels. Des rapports qui sont remis chaque année aux plus hautes autorités mais qui sont, malheureusement, rangés dans les tiroirs poussiéreux avec la mention " Archives ".

Aujourd’hui, le constat est triste de voir l’impunité s’ériger en règle de gouvernement pendant que les sangsues de l’économie nationale narguent les pauvres populations grâce à la fortune amassée dans le vol des biens et ressources de l’Etat.
A la fin du mandat d’ATT, ce sont ces ministres et autres hauts cadres auteurs de détournements et de malversations qui craignent de perdre les délices dans lesquels ils se sont si solidement incrustés.

Au sein du gouvernement, c’est un secret de polichinelle de dire que sont tapis là de gros magouilleurs dont certains sont devenus, en complicité avec des opérateurs économiques véreux, de véritables businessmen ou de femmes entrepreneurs, spécialistes des marchés fictifs et de la création de sociétés écran afin de pomper des sous provenant de juteux marchés publics, octroyés sans concurrence réelle. Aux dires d’un ministre d’un parti membre de la majorité présidentielle, un membre du gouvernement de Modibo Sidibé, militant lui aussi d’un parti de la majorité, aurait carotté quelque 600 millions de F CFA au préjudice du département qu’il dirigeait. Vrai ou faux? Il sera difficile, même pour la justice, de savoir toute la vérité dans cette affaire tant que l’intéressé continue de bénéficier du parapluie du gouvernement devenu, on ne sait par quel miracle, le sanctuaire des brebis galeuses se nourrissant du lait de la corruption et de la magouille.

Rappelons que l’ex-régisseur du CHU Gabriel Touré, Zoumana Diaby, vient d’écoper de 20 ans de réclusion criminelle pour avoir détourné 465 millions de F CFA. Alors que des sous du même centre hospitalier, en tout cas de la Santé, auraient pris la route du nord pour financer un château ministériel. Combien d’années de prison encourent ces ministres ayant détourné des milliards de F CFA au détriment de l’Etat? En tout cas, il y a un peu plus d’un an, tout le monde ne parlait que du cas de ce ministre, avec ses 600 millions de F CFA pris sur un seul marché, devenu le plus riche du gouvernement de Modibo Sidibé. On ignore, cependant, s’il a été déclassé depuis par d’autres dont les noms reviennent de plus en plus, aujourd’hui, dans les médias.

C’est dire que tous ces ministres seront de plus en plus proches de la prison au fur et à mesure que le mandat d’ATT tire vers sa fin. A moins que le président de la République ne veuille laisser son successeur s’occuper du lavage des écuries d’Augias. Lui-même ne voulant, nullement, humilier personne. Même les voleurs ?

Mamadou FOFANA

 

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