La corruption et la délinquance financière semblent devenir des comportements qui font partie de notre vie de tous les jours. Elles s’incrustent dans nos mœurs, elles se vivent au quotidien dans notre pays. Dans les entreprises, publiques ou privées, dans les institutions gouvernementales etc. De nos jours, il n’est pas exagéré de soutenir qu’elles font partie intégrante de notre culture et pire elles prennent une ampleur grandissante dans la société toute entière. Mais jusque là, la corruption était étrangère à certaines couches sociales ou certaines catégories de personnes, tels que nos braves ruraux, les religieux et même les enseignants pour ne citer que ceux- ci. Aujourd’hui, la gangrène s’est propagée dans tout le corps social.
La corruption et la délinquance financière sont une réalité à la fois triste et inquiétante, pour l’avenir de notre cher Mali. Chaque jour apporte son lot de pratiques malhonnêtes, douteuses, honteuses, mafieuses, aux antipodes d’une société qui se veut juste, égalitaire et démocratique. Le mal est profond, nul ne peut le contester, et il est à craindre qu’au rythme où vont les choses, les valeurs sociétales qui fondent notre nation ne soient irrémédiablement perverties. Par leur perversion, la corruption et la délinquance financière sapent dangereusement la société malienne dans tous ses fondements,
Pour le huitième anniversaire des deux mandats du président Amadou Toumani Touré à la tête de la magistrature suprême du pays, la traditionnelle rencontre avec la presse n’a pas dérogé à la règle des questionnements sur le fléau. Le président en a profité pour souligner le problème de la corruption et la délinquance financière qui gagnent du terrain au Mali.
On a l’impression que la création du VEGAL, de la CASCA, d’un juge anti-corruption et de différents mécanismes de contrôle mis en place au sein de nos administrations n’ont pas servi à grand-chose pour combattre ce mal qui gangrène notre société. Le gouvernement d’après le Président a la ferme volonté d’en découdre avec la corruption et la délinquance financière qui sont devenues aujourd’hui un véritable fléau qui ruine notre économie et plombe tous les efforts de développement, pour arriver enfin à bout du phénomène Le Malien lambda doit déjà comprendre que les responsables politiques ou administratifs qui se rendent coupables de détournement de deniers de fonds ou autres délits du genre est à classer dans la même catégorie que le voleur du petit matin connu et reconnu, et qui très souvent est mis au banc de la société pour ses méfaits. Deux délinquants qui ne présentent pas forcément les mêmes visages, qui n’ont pas les mêmes manières de voler mais qui se ressemblent au travers de leurs agissements on ne peut plus condamnables. Nous devons comprendre qu’il n’y a ni petite corruption ni grande corruption, que les deux se valent et ont les mêmes effets destructeurs. Le policier qui prend 1000 francs avec le chauffeur de Sotrama ne vaut pas mieux que le cadre de l’entreprise publique qui détourne 1000.000 de nos francs.
Mais il faut reconnaître que le gouvernement d’ATT à l’instar des autres au Mali, a fait de la lutte contre la corruption et la délinquance financière son cheval de bataille même si le bilan en termes de résultats parait plus que mitigé. La délinquance financière est sans doute l’un des fléaux qui ignore le poids de l’âge et traverse majestueusement le temps, en prenant d’autres aspects encore plus pernicieux.
Il faut nécessairement une reconversion des mentalités dans le sens du respect des biens publics, de la responsabilisation de chaque citoyen à faire face à ses droits et obligations. Seulement le Président ATT lui-même reconnaît son échec à changer la mentalité des cadres qui ne craignent ni Dieu ni lois de ce pays. C’est là toute la gravité de ce phénomène, puisque la corruption a pris ses fondements sous le régime des militaires et que le Président Moussa Traoré avait lui aussi reconnu son incapacité à faire changer la mentalité de nos fonctionnaires. A notre avis, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, voire son éradication totale passe par le bon exemple et la bonne conduite de nos plus hautes autorités, du premier responsable en passant par les ministres, les PDG et autres responsables administratifs et publics.
Malgré la création et le renforcement des institutions de lutte contre la corruption, et malgré toutes les initiatives autour de la question (forums et autres assises), le phénomène prend de l’ampleur au grand dam des couches les plus défavorisées qui subissent une situation plus où moins injuste. Ce paradoxe tient à une seule et unique explication : notre président n’a pas les moyens de sa politique. Pour la majorité de nos concitoyens qui sont sceptiques quant à l’élimination de ce fléau, le Président ATT n’est pas l’homme de la situation tant sa personnalité, son caractère, son tempérament sont un frein : il n’est pas du genre à sévir, et comme il l’a toujours dit, ne jamais humilier les chefs de famille. Une phrase qui en dit long sur l’état d’esprit du président face à cette problématique : l’homme malien dans sa dignité, son honneur et sa fierté a aussi droit a un minimum de respect.
Tous les pans de la société Malienne sont souillés par le phénomène de la corruption, et pire c’est sa banalisation qui est plus préoccupante. Aujourd’hui, le degré dans la pratique de ce qui apparaît comme un « cancer social » traduit une certaine croyance à sa normalité dans l’inconscient collectif. L’urgence serait de trouver une solution salutaire au grand bonheur des pauvres qui sont en les premières victimes
Mah Traoré