Après une pétition adressée au préfet central de Kayes, aux ministres de la justice ainsi qu’à celui de l’administration territoriale, dans laquelle un collectif 30 sur 47 chefs de village a demandé la mise en place d’une délégation spéciale à la tête de la mairie. Leur requête a fait l’objet d’une plainte en bonne et due forme introduite auprès du Tribunal de grande instance de Kayes, le 22 janvier dernier, en association avec la société civile de Sadiola connue sous le vocable «Ensemble Pour la Commune de Sadiola». Les chefs d’accusations vont du détournement de biens sociaux à la corruption et à l’abus de biens publics en passant par enrichissement personnel illégal et l’abus de pouvoir. La dénonciation fait également état de dégradation de l’environnement, de faits de vols et de gestion catastrophique des maigres ressources de la commune par le conseil communal. Et ce n’est pas tout. Comme par coïncidence, nos sources indiquent qu’une équipe du Bureau du vérificateur général séjourne actuellement dans les locaux du conseil communal pour tirer au clair une gestion qualifiée de catastrophique, y compris par certains membres de l’équipe communale.
Des formations fictives à l’attention des conseillers…
Selon les témoignages recueillis auprès du conseiller Cheick Sadibou Touré, les conseillers n’ont jamais reçu de formation contrairement au contenu du compte administratif dans lequel il a été mentionné que plus de neuf (9) millions F CFA ont été affectés pour assurer la formation des conseillers communaux. Tout en confiant n’avoir jamais été formé, ni un seul de ses collègues à sa connaissance, notre interlocuteur dit avoir refusé de signer ledit compte administratif avant d’alerter le Préfet central de Kayes sur la mauvaise gestion de l’équipe dirigeante de sa mairie.
Des salaires mensuels déguisés en primes…
Contrairement aux dispositions légales, le bureau Communal a également instaurer un régime salarial mensuel déguisé en primes pour contourner la loi, en faveur notamment du maire et de ses trois adjoints : 600 000 FCFA pour le maire, 400 000 pour son 1er adjoint et 300 000 respectivement pour les 2e et le 3e adjoints. C’est du moins du moins ce qu’il ressort des mots lâchés par le conseil démissionnaire Moussa Sissoko.
Des fonds distribués par des sociétés minières…
En dehors des primes spéciales, le conseil communal s’en est également arrogé du côté des sociétés minières, selon les affirmations et déballages d’une conseillère répondant au nom de Sanou Oulé Macalou. Elle dit avoir pris connaissance du versement d’un montant de trente millions à Moro Macalou, qui lui aurait même remis 250 000 Fcfa. Et Amadou Keita, représentant des Chinois dans la zone de Sabouciré, d’avouer avoir distribué aux élus la somme de 41 millions à trois reprises. Il s’agissait, selon toute évidence, d’une contrepartie d’autorisation d’exploitation illégale de 15 km de terres dans la zone de Saboucire.
Des dons volatilisés…
Et comme si cela ne suffisait pas, des dons attribués à la commune ont disparu dans la cour du siège du conseil communale, selon les témoignages du conseiller Moussa Diarra. «J’ai eu connaissance du don de la société Moolman d’un engin de travaux publics appelé ” Grader”, qui a même passé quelque temps devant la mairie avant de disparaître de la circulation. Ensuite j’ai entendu dire que le “grader” a été vendu, mais je n’ai pas de traces de cette opération dans les archives», a déclaré M. Diarra. Et de mentionner avoir entendu plusieurs années plus tard que l’engin a été vendu à dix millions sans la moindre traçabilité, ni à la mairie, ni au trésor et sans explication à la population comme ayant droits».
Joins par nos soins sur les graves accusations et dénonciations des collègues, ni le Secrétaire général de la Mairie, ni le maire central, Toumany Dembele, n’ont jugé opportun commenter lesdites allégations.
Amidou Keita