Ce qu’on reproche plus à l’ex Commissaire à la Sécurité Alimentaire, Lanry Nana Haïdara, c’est son laxisme dans la gestion du fonds alimentaire du Japon.
En effet, le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA) a été créé par décret n°150/P-RM du 18 mai 2004. Rattaché à la Présidence de la République, il est chargé d’élaborer et d’assurer la mise en œuvre de la politique nationale de sécurité alimentaire. C’est dans ce cadre que le Gouvernement du Japon accorde des dons en nature au Gouvernement malien qui sont vendus pour constituer le fonds de contrepartie de l’aide alimentaire qui sert à financer les appuis financiers du Japon au Mali. Et Mme Lansry Nana Yéhiya Haïdara en a bénéficié, par le biais du Commissariat à la Sécurité Alimentaire pour le financement de cinq projets d’un montant total de 2,25 milliards de FCFA. Comment ces fonds ont été gérés ? Le Vérificateur Général y a fait un tour. Voilà qui justifie le limogeage de l’ex-Commissaire, cette fortunée cachée de l’ère ATT.
Pour la mise en œuvre du PNSA, le Gouvernement du Japon a accepté la demande de financement formulée par le Gouvernement du Mali pour son fonds d’aide alimentaire. Ainsi, cinq projets ont été financés : la construction de 101 magasins de stockage dans les communes les plus vulnérables pour 1,08 milliard de FCFA, le projet d’appui pour la mise en œuvre du PNSA pour 749,75 millions de FCFA, la formation des membres des comités de gestion des banques de céréales pour 250 millions de FCFA, le suivi-évaluation des banques de céréales pour 100 millions de FCFA, et le projet maraîcher pour 70 millions de FCFA.
Si la création de ces projets n’a aucunement posé de problèmes, est-il que le CSA n’a pas respecté les dispositions des textes régissant les finances publiques. En effet, il a été constaté que l’un des comptes bancaires ayant reçu le fonds de contrepartie de l’aide alimentaire japonaise fonctionnait sous la seule signature du Commissaire à la Sécurité alimentaire. C’est dans ce canevas de corruption organisée que Lansry Nana Haïdara, ex-Commissaire a prélevé sur ce compte, la bagatelle de 28,08 millions de FCFA sans être justifiée. Comme pour dire que l’ex Commissaire a mangé avec les deux mains à l’Empire CSA où elle régnait en seul maitre à bord sans être inquiétée. Et pour preuve, elle a passé plusieurs marchés douteux dans le cadre de la construction de 75 magasins aux entrepreneurs n’ayant la moindre qualification. Pour dit-on, prendre des pots de vin en retour. Elle a même accepté travailler avec des partenaires ayant des dossiers administratifs falsifiés.
Il est établi dans le Rapport 2010 du BVG que l’ex Commissaire à la Sécurité Alimentaire est allée jusqu’à violer le Code des Marchés Publics afin de se faire la poche en douce.
Autres bévues de Mme Lansry, le CSA a illégalement attribué de gré à gré un marché de 103,81 millions de FCFA à un GIE pour la mise en place de 265 unités d’élevage à cycle court dans les régions de Mopti et Gao. Le budget de la convention n’a pas été respecté. En effet, une partie du fonds a servi à l’évacuation médicale du responsable du GIE pour un montant de 3,1 millions de FCFA. Il a reçu par ailleurs, des honoraires pour 12 millions de FCFA. La signature de la convention et le décaissement du montant intégral ont eu lieu le même jour sans aucune garantie.
Par ailleurs, le CSA a détourné de son objet une partie des fonds alloués au projet maraîcher. Sur ce fonds, précise le Vérificateur Général, le CSA a acheté 52 groupes motopompes, dont 27 ont été affectés aux Directions Régionales de la Promotion de la Femme, 25 à des personnalités de Gao et Tombouctou, à un ancien PDG de l’OPAM, etc. Ces équipements étaient destinés à promouvoir la culture du maraîchage pour un montant de 10,81 millions de FCFA.
Le hic est que sur les 2,25 milliards de FCFA du Japon 1,32 milliard de FCFA ont été détournés par Mme Lansry, ce qui fait que l’exécution des travaux de construction des magasins de stockage et des petits périmètres irrigués villageois est encore bloquée. Un fardeau qui sera certainement pris en charge par le nouveau Commissaire à la Sécurité Alimentaire
S. KONE