Après la publication de l’accablant rapport de la Cour suprême relatif à l’audit de conformité et de régularité sur le contrat d’acquisition de l’aéronef présidentiel, et celui de la fourniture d’équipements militaires, le rapport définitif du Bureau du Vérificateur Général est attendu cette semaine. Profondément choqués par le scandale, les Maliens comptent désormais sur la justice, mais surtout sur le premier magistrat de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, pour d’éventuelles sanctions des auteurs des malversations.
« Je ne protégerai personne » rapporte nos confrères du journal ‘’22 septembre. Comme des mots prononcés par le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, lors de sa rencontre avec les députés de la majorité présidentielle, le samedi dernier, à propos du sulfureux dossier relatif aux contrats d’acquisition de l’aéronef présidentiel, le Boeing 737, et celui de la fourniture d’équipements militaires des FAMa (Forces Armées Maliennes) qui continuent de défrayer la chronique. Si le rapport de la Cour suprême était essentiellement axé sur les dispositions législatives et réglementaires régissant les finances publiques, le rapport définitif du Bureau du vérificateur général, attendu cette semaine, doit en principe révéler la ‘’monstruosité’’ des malversations. Question : Qui de l’ancien ministre de la défense Soumeylou Boubèye Maïga, de l’actuel ministre de l’Economie et des Finances, Boiré Fily Sissoko, ou d’autres collaborateurs et proches du président de la République, supposés être ‘’mouillés’’ dans l’affaire, dite désormais de surfacturation seront appelés à rendre compte devant la justice ? Le président IBK, va-t-il, honorer son engagement en prouvant une fois de plus que nul n’est et ne sera au dessus de la loi ?
Et ce, en permettant à la justice dont-il est lui-même le premier chef de faire correctement son travail. Rien n’est moins sûr, et le réveil risque d’être brutal pour certains.
D’ores et déjà Inquiet ou pas de passer derrière les barreaux, l’ancien ministre de la Défense et des anciens combattants Soumeylou Boubèye Maïga, non moins président du parti ASMA-CFP, (un des partis alliés de la majorité présidentielle ndlr) multiplie des actions de propagande politique à travers son parti pour se blanchir. « L’ASMA-CFP, déplore la surmédiatisation et l’instrumentalisation à des fins malveillantes, ayant conduit à la divulgation et à la déformation d’informations, somme toutes stratégiques, au mépris de tout devoir de réserve », pouvait-t-on lire entre les lignes d’un communiqué publié avec empressement, par le secrétariat général du parti après la publication du rapport de la cour suprême. Comme pour effectivement tirer d’affaires leur président par le jeu des mots, dans le même communiqué, l’ASMA-CFP, affirme avoir noté que « la Cour suprême ne relève pas de surfacturation ni ne retient de malversations contrairement aux allégations et supputations intentionnellement distillées et entretenues ». Drôle d’affirmation, diront certains observateurs. Car le travail de la Cour suprême consistait juste à savoir si les dispositions législatives et réglementaires ont été respectées ou pas en la matière.
Quant aux malversations, il y a une autre institution mieux autorisée pour établir les faits dans un langage clair. Il s’agit du Bureau du Vérificateur Général. Faut-il, le rappeler, dans un rapport provisoire, l’institution de contrôle a déjà décelé des irrégularités financières d’une somme de 38 661 189 818FCFA, dont 29 311 069 068FCFA au titre de la fraude (surfacturation sur la fourniture de matériel HCCA, de véhicules et pièces de rechange) et 9 350 120 750FCFA au titre des transactions frauduleuses.
Mais l’accablant rapport du BVG dénonce par ailleurs la non application des droits d’enregistrement des contrats et de la redevance sur les marchés.
En attendant la publication du rapport final du Bureau du Vérificateur Général, l’ancien ministre de la Défense et des anciens combattants, multiplie ses efforts de communication pour tenter de se blanchir.
Du sauve qui peut …
A suivre !
Lassina NIANGALY