Dans un récent article d’opinion consacré à la corruption, intitulé « Corruption au Mali » paru dans les « Echos du 18 décembre 2006 » Monsieur Dialla Konaté, en véritable professeur a fait une contribution de qualité, qui mérite réflexion et action de la part de nos dirigeants. Je dois reconnaître ici que je partage entièrement votre point de vue sur la corruption et j’ai toujours pensé aussi que la proposition faite par Koniba Sidibé pour lutter contre la corruption au Mali lors de la conférence nationale du Mali était à expérimenter.
D’ailleurs en guise de reconnaissance pour son ingénieuse proposition … il est entré au gouvernement de transition justement au poste qu’il fallait pour mettre en œuvre, me disais-je sa politique de lutte contre la corruption. La suite est connue, jusqu’à sa sortie du gouvernement il n’a jamais été question de quelque reforme que ce soit en matière de corruption. Alors qu’il préconisait que celui qui est accusé de corruption démontre l’origine de ses ressources au lieu de demander à l’accusateur comme c’est toujours le cas, d’argumenter l’accusation.
Nous ne sommes pas obligés de pratiquer à la lettre le droit positif de nos ancêtres les Gaulois. Nous sommes un pays souverain, nous devons trouver des instruments juridiques adaptés à chaque période de notre histoire.
Au Mali tout le monde sait qui gagne quoi. Vous le dites bien, il est difficile à un fonctionnaire Malien de construire une villa ne serait-ce que de dix millions de franc CFA avec ses revenus réguliers. Alors que nous savons tous à qui appartiennent toutes ces luxueuses maisons de rêve avec piscine sorties de nulle part depuis l”avènement de la démocratie en 1991 et qui servent de bâtiments abritant des services publics que l’Etat loue très cher. A chaque remaniement ministériel, les services de l”Etat en location dans ses villas déménagent au gré des nouveaux locataires des Ministères. Les fonctionnaires de ces villas louées par l’Etat avec l’argent du contribuable sont, pour la plupart, des propriétés de hauts fonctionnaires qui prennent le beurre et l”argent du beurre.
Bien sur que de tels fonctionnaires ne peuvent pas combattre la corruption sans se combattre. Nous avions connu les villas de la sècheresse de 1973 avec le CMLN, depuis 1991 nous avons nos villas de la démocratie, les villas de nos Ingénieurs de la corruption comme vous le dites si bien. A croire que ce sont ceux-la même qui accablaient le régime de l”UDPM de tous les maux qui sont aujourd”hui les fossoyeurs du Mali. A mon humble avis, la corruption a juste changé de facette, elle est devenue plus moderne donc plus démocratique selon une boutade lancée par une ex ministre de Alpha Oumar ci-devant chef d”un projet de lutte contre la pauvreté au Mali.
Alors la question que je ne cesse de me poser: qui viendra combattre la corruption au Mali, une corruption qui a fait et continue de faire tant de mal à une économie malienne tributaire de tous aléas de la nature. Pour combattre la corruption, il faut espérer sur une nouvelle race de dirigeants. Pour ce faire comme vous le dites, c”est dès maintenant qu”il faut commencer le travail de sensibilisation et d”éducation civique dans les plus petites classes et à la maison.
Nos dirigeants qui passent plus de temps à voyager dans les pays dits développés doivent se poser des questions sur la problématique de développement. Comment visiter un pays comme les USA par exemple et ne pas être jaloux des réalisations faites par les hommes de ce pays de tous les superlatifs? Il nous faut réapprendre le sens du patriotisme et du devoir à quelque niveau que ce soit. Il nous faut réintroduire la morale et l”éducation civique au vrai sens du mot dans nos écoles pour apprendre a nos enfants à aimer leur pays mais pour ce faire nous dirigeants devrons d’abord réapprendre à aimer notre pays et à respecter la chose publique.
Yachim MAIGA
Port-Au-prince,
le 27 décembre 2006
En Mission en Haïti
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