« Ce n’est pas par un coup de baguette magique que l’on pourra vaincre la corruption ». Dans une interview qu’il nous a accordée, Sombé Théra, le « Di Pietro » malien jette un regard critique sur la corruption dans notre pays. C’était le 11 décembre dernier, à l’issue d’une conférence- débat, organisée par le ministère de la Justice au Centre Djoliba sur le thème : « lutte contre la corruption, quel rôle pour la société civile ».
Peut –on lutter contre la corruption au Mali ? A cette question, qui a été d’ailleurs la seule à lui posée, le procureur répond : « nous pouvons arriver à diminuer la corruption si on s’approprie, normalement, les juridiques disponibles pour la cause ». Avant d’ajouter qu’au Mali, la corruption a atteint un seuil inquiétant et le combat contre elle passe par un processus. Mais, avertit, un processus est toujours long. Avant de poursuivre: « Ce n’est pas par un coup de baguette magique que l’on pourra vaincre la corruption. La lutte contre la corruption est une lutte de longue haleine ». Car selon lui, le chemin de la lutte contre la corruption est parsemé de difficultés. Parmi ces difficultés, la méconnaissance des instruments juridiques par les acteurs et les populations. La plupart, dit-il, des Maliens ignorent les actes qualifiés de corruption par la loi. « La tâche ne peut pas être facile si les populations font la confusion entre les actes de corruption et ceux qui ne le sont pas. Car un acte peut être considéré comme une corruption au Mali mais peut ne pas l’être sous d’autres cieux », indique t-il. Il faut, selon lui, sensibiliser les populations sur les actes de corruption, les lois sur la corruption et le fonctionnement de la justice pour qu’à la fin, les coupables soient sanctionnés. Et que les innocents soient élargis. Il rappelle que la justice étant une œuvre humaine, donc imparfaite, elle a besoin de l’assistance des populations pour réduire la corruption. La société civile peut, assure t-il, jouer un rôle important dans la lutte contre la corruption l’éducation à la citoyenneté. Mais aussi, en se constituant en force de contrôle de la gouvernance. Pour ce faire, la société civile doit être constituée de ressources humaines de qualité. Il faut une société civile organisée et forte avec une définition claire de son rôle. Ce qui est loin d’être le cas de la société civile malienne.
Abou Berthé