Au moment où le président de la République est à New York pour appeler la communauté internationale à refinancer le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, une autre affaire de malversations vient d’éclater au ministère de la Santé. En effet, les partenaires techniques et financiers de notre pays viennent d’épingler la gestion des ressources financières mises à la disposition de ce ministère. Et cela, dans le cadre de l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation (GAVI).
Le lundi dernier, le président de la République a quitté Bamako pour New York à l’invitation de la communauté internationale afin qu’il fasse un plaidoyer pour la reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Au même moment, Michel Kazatchkine, directeur exécutif du Fonds mondial, dans une interview à un périodique international fustigeait un vaste système de détournements de ressources du Fonds mondial qui est en train d’être mis au jour au Mali. Pour le premier responsable du Fonds mondial, cela est "absolument décevant, choquant et insupportable. D’autant plus qu’une telle affaire peut nourrir certains esprits critiques à l’égard des politiques de développement. Mais d’un autre côté, le Fonds mondial est l’organisation la plus transparente qui soit. Je n’en connais pas beaucoup d’autres qui présentent leurs comptes sur internet. Nous avons construit sa réputation sur sa capacité à suspendre les subventions. C’est le cas en Mauritanie, et ça l’a été en Ouganda il y a quelques années ". Est-ce à dire que notre pays va se trouver dans la même situation que ces pays qui ont eu à mal gérer les subventions du Fonds mondial ? C’est une éventualité à craindre.
A peine le Mali cherche à se relever du coup de poignard planté dans son dos, par le détournement à la pelle des subventions du Fonds mondial, voici qu’une autre affaire de malversations pointe le nez au ministère de la Santé. En effet, il s’agit des subventions que l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation (GAVI), un partenariat public-privé finançant divers programmes destinés aux enfants (il compte la Fondation Bill et Melinda Gates parmi ses contributeurs) vient de geler près de 1,5 milliard F CFA, en août dernier, après avoir découvert plusieurs "faiblesses" dans le système de contrôle financier des fonds logés à la Direction administrative et financier (DAF) du ministère de la Santé. Depuis le 10 août 2010, nous annoncions que " selon des rumeurs distillées ça et là, d\’autres fonds d\’origine extérieure logés également au même ministère, tels les fonds USAID et Gavi seraient également concernés par une gestion non transparente ".
En tout cas, pour le Mali, l’appui de l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation (GAVI) est indispensable car l’Etat malien n’a pas les moyens de prendre en charge la vaccination de sa population. L’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination, connue sous le nom de GAVI, est un partenariat public et privé, visant à élargir l’accès des enfants aux vaccinations dans les pays pauvres. Parmi les partenaires, on compte des gouvernements, l’UNICEF, l’OMS, la Banque Mondiale, la Fondation Bill et Melinda Gates, l’industrie pharmaceutique productrice de vaccins, des institutions de santé publique et des organisations non gouvernementales (ONG).
Depuis 2000, l’institution GAVI a accordé à notre pays un appui financier de plus de 11 milliards F CFA. Il s’agit maintenant pour cette mission préliminaire d’enquête, qui sera dans nos murs le 18 octobre prochain, de travailler avec le Bureau du vérificateur général afin d’éplucher les comptes Gavi au niveau du ministère de la Santé. Cela, dans le but de mettre au jour des cas de malversations, dans la mesure où de sérieux soupçons persistent à ce niveau.
Rappelons que la vaccination sauve plus de trois millions de vies par an à ce jour. L’Alliance GAVI estime pourtant que trois millions de personnes meurent aussi chaque année parce qu’elles n’ont pas été vaccinées. La rougeole, qui a quasiment disparu des pays riches, tue pourtant près d’un million d’enfants par an dans les pays pauvres, principalement en Afrique. Quant aux maladies du foie, liées à l’hépatite B, elles coûtent la vie à 900 000 personnes chaque année. Et c’est une lapalissade de dire que, sans l’appui du fonds GAVI, notre pays ne peut pas faire face au coût très élevé des vaccins et de la vaccination.
Mamadou FOFANA
