Nous l’annoncions depuis un certain temps. C’est finalement arrivé hier. Oumar Ibrahima Touré ; ancien ministre de la Santé, vient d’être inculpé dans le dossier du Fonds mondial qui a causé un préjudice estimé à quelque 2 milliards F CFA à l’institution onusienne. C’est un Communiqué officiel du Parquet Général de la Cour Suprême qui a annoncé la nouvelle hier.
Débarqué du gouvernement le 5 décembre 2010, l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, va devoir faire face maintenant à la justice afin que celle-ci situe ou sa non responsabilité dans le détournement et les malversations opérés au Fonds mondial du ministère de la Santé. Le Communiqué de la Cour Suprême est libellé en ces termes " Le Procureur Général près la Cour Suprême porte à la connaissance du public que l’ancien ministre de la Santé, Monsieur Oumar Ibrahima Touré, a été inculpé ce jour 2 juin 2011 et placé sous contrôle judiciaire par la Chambre Civile chargée de l’instruction de l’affaire dite du Fonds mondial pour crime d’atteintes aux biens publics, détournement de deniers publics, faux, usage de faux, favoritisme et complicité de favoritisme. L’information judiciaire sera menée conformément à nos lois et dans le strict respect des droits de la défense ".
Rappelons que c’est en octobre 2009 qu’a éclaté cette affaire dite du Fonds mondial suite à une mission d’enquête de l’institution onusienne dans notre pays. Cette mission allait faire la découverte au ministère de la Santé d’importants détournements de fonds sur les subventions du Fonds mondial.
Interpellé sur la question, le ministre de la Santé de l’époque avait enclenché une enquête de l’Inspection de la Santé pour faire toute la lumière sur cette affaire. C’est ainsi qu’on découvrira que le comptable dudit fonds auprès de la Direction Administrative et Financière (DAF) Issiaka Diallo, avait retiré illégalement sur le compte du Fonds mondial quelque 140 millions F CFA. C’est à partir de cette mission du Fonds mondial, que le ministère de la Santé portera plainte auprès du tribunal contre Issiaka Diallo qui sera arrêté en fin 2010. Inquiet de cette situation, l’institution que dirige Michel Kazachtkine va envoyer une haute mission d’audit conduite par Bourassa, de nationalité canadienne, pour éplucher tous les dossiers du Fonds mondial au niveau du ministère de la Santé. La découverte qu’allait faire cette mission était tout simplement ahurissante: des marchés fictifs ont été traités avec des opérateurs économiques, des surfacturations à bloquer la mémoire de tout ordinateur de moyenne capacité, des malversations à la pelle, des faux et usage de faux avec la découverte, dans un lointain quartier situé la rive gauche, d’une vingtaine de vrais faux cachets, etc.
Le 4 août 2010, l’ex-DAF de la Santé, Ousmane Diarra, est arrêté par le Pôle économique et financier de Bamako. Et une quinzaine de cadres et agents de différents services dudit département le rejoindront, quelques jours plus tard, à la Maison centrale d’arrêt de Bamako. Une dame, Coordinatrice du Programme national de lutte contre la tuberculose, Dr Diallo Halima Naco, est incarcérée à la prison pour femmes de Bollé. Trois opérateurs économiques sont également écroués pour leur supposée implication dans des affaires de marchés fictifs et de surfacturation.
Rappelons que l’ex-Secrétaire général du ministère de la Santé, Dr Lasseni Konaté, avait été arrêté en même temps que l’ancien comptable Issiaka Diallo avant de bénéficier d’une liberté provisoire après avoir passé 193 jours derrière les barreaux de la prison centrale de Bamako-Coura.
Avec l’inculpation de l’ex-ministre Oumar Ibrahima Touré, l’affaire connaîtra, certainement, son épilogue dans les mois à venir.
Affaire à suivre.
M. FOFANA