"Je n’ai jamais eu connaissance d’une quelconque implication du gendre du président de la République dans le projet de construction du réseau de communication à la Cité administrative. Ce que j’ai lu dans la presse n’est que pures spéculations".
C’est en en ces termes que Lahaou Touré, Directeur du Bureau du projet de la construction de la Cité administrative (BPCCA), a refuté, lors d’un point de presse, le jeudi 21 décembre, à l’Hôtel Sofitel de l’Amitié, l’information diffusée, il y a peu par un journal de la place et soutenant que le gendre de ATT, Mohamed Kéïta, était impliqué dans la passation du marché à la société Ytelcom. Mais comment en est-on arrivé à cette mise au point?
En effet, dans la parution d’un quotidien de la place datée du 15 décembre dernier, on pouvait lire en manchette "L’énigmatique Cité administrative : 7,3 milliards pour le beau-fils d’ATT".
Dans ce même article, il est mentionné que "le hic dans cette affaire est que le beau-fils de ATT, Mohamed Kéïta, est lié à la société qui a bénéficié du nouveau contrat". Comprenez Ytelcom, la société française.
Plus loin, il est mentionné que "les recoupements prouvent que c’est par lui (Mohamed Kéïta) que cette société (Ytelcom) est venue au Mali et que c’est par lui que le marché a été obtenu (sa belle-mère, Mme Touré Lobbo Traoré, a joué un rôle prépondérant)".
Lors du point de presse du jeudi dernier, le Directeur général de Ytelcom, Claude Daguisy n’est pas allé par quatre chemins : "Je ne connais le gendre du président ni de près, ni de loin. Lorsqu’on me passait le marché, je n’ai jamais entendu parler de lui. Lorsque cet article a paru, on m’a demandé de rencontrer la presse. J’ai été reticent, car je ne savais pas ce que j’allais dire aux journalistes d’autant plus que je ne me reproche de rien".
Au fait, l’exécution du projet de là Cité administrative qui est en cours concerne sa phase 1 et comporte le bâtiment de la Primature, 12 bâtiments ministériels, le bâtiment des services communs et les travaux de voiries et réseaux divers.
Le Marché n°0491/DGMP 2001 avec l’entreprise Libyenne de construction "General Company For Construction" (G.C.C.) porte sur un montant révisé à la hausse d’environ 35 milliards de francs CFA.
Le financement est assuré par un prêt de la Libyan Arab Foreign Bank à hauteur de 63 millions de dollars US, après révision, au profit du gouvernement de la République du Mali. La participation du gouvernement, au titre dudit prêt, est de 10%. La durée contractuelle des travaux, qui était de 32 mois, a été largement dépassée, en grande partie, selon les techniciens, "à cause de la défaillance de l’entreprise à gérer avec compétence les problèmes techniques et organisationnels du chantier (plans d’exécution, approvisionnements, sous traitances etc.)".
Après un examen et une analyse approfondie en rapport avec divers spécialistes du domaine, il a été jugé nécessaire de doter la future Cité administrative d’un réseau de communication couvernementale moderne mieux sécurisé devant être lié avec d’autres bâtiments stratégiques hors du site tels que présidence de la République, le ministère des Affaires Etrangères, ce lui de la Défense et de la Sécurité Intérieure tout assurant la confidentialité.
A cet effet, il est indiqué que l’exécution de ce réseau multiservices soit assurée, pour des raisons de sécurité et de garantie, par une entreprise spécialisée sous le contrôle direct de l’administration.
Or, l’entreprise libyenne "GCC" est une entreprise générale de construction non spécialisée en matière de téléphonie et d’informatique. La société YTELCOM, quant à elle, de part ses expériences en matière de réalisation de réseaux similaires dans la sous région, a été contactée pour faire des propositions dont le coût de réalisation pour l’ensemble du réseau comprenant la téléphonie, l’informatique et la sécurité des bâtiments, s’élève à 7 317 393 968 FCFA. Ce coût concerne les volets études et réalisation des infrastructures pour un montant de 1 737 674 306 FCFA.
Il faut noter que volet sécurité des bâtiments de la société YTELCOM comporte quatre dispositifs complémentaires dont les systèmes de contrôle d’accès, de vidéosurveillance, d’anti intrusion et Sécurité incendie.
Le tout chiffré à 818 466 063 FCFA HT, contre 744 493 754 FCFA HT proposé par l’entreprise Libyenne pour uniquement le système de la détection incendie.
Par ailleurs, même si l’entreprise GCC avait obtenu ce marché, il aurait été exécuté à travers des sous traitants locaux dont la gestion pose énormément de problèmes, notamment liés au bas niveau des prix accordés par les Libyens.
C’est d’ailleurs l’un des principaux problèmes soulevés lors des différentes visites que les autorités ont effectuées sur le chantier.
La recommandation du Directeur du BPCCA , à cet effet, à la fin de cette conférence de presse se passe de tout commentaire : "Pour permettre la poursuite normale des travaux de la cité administrative afin de réduire le retard, il s’avère nécessaire et urgent que des dispositions soient prises au plus haut niveau à l’encontre de la direction de l’entreprise " GCC" de Bamako".
Paul MBEN
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