Publication  du rapport de la CASCA :Les déceptions du président ATT

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La Cellule d’Appui aux Structures de Contrôle de l’Administration (CASCA) vient de publier un rapport troublant dont la teneur se passe de tout commentaire. Piètres résultats, énormes manques à gagner, détournements classiques… tout y passe. Un autre motif de représailles tout trouvé pour le Chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, un président trahi par ses propres hommes.

Il y a en Afrique une constante selon laquelle, tout régime en fin de mandat s’affole et plonge systématiquement dans la nervosité. Ceci intervient généralement après un réveil brutal comme celui que vient de connaître ATT en découvrant le contenu du fameux rapport de la CASCA. Il vient encore de découvrir que ceux qu’il considérait comme étant les membres de sa «garde prétorienne», n’avaient jamais fait la différence entre les caisses de l’Etat et leurs propres poches. Parmi ces irréductibles prédateurs, certains continuent tout de même de jouer des coudes et des griffes pour «monter en grades» dans le club très très restreint des amis du Chef. Faut-il en pleurer ou en rire ?

Le scandale de l’uranium de Faléa, celui du Fonds mondial, le fiasco de l’initiative riz, la gourmandise des DAF, le scandale de l’AMO… les motifs de colère ne manquent pas au Chef de l’Etat en cette fin de mandat.

Ce rapport est sans aucun doute mal tombé pour adoucir sa nervosité. Et pour cause. En effet, en parcourant ce volumineux document, on se rend compte que les enquêteurs ont été particulièrement fébriles par rapport aux structures charnières du PDES du président Touré. Les promesses d’emploi massif des jeunes, la politique nationale de sécurité alimentaire et l’amélioration de l’accessibilité à la santé sont, tour à tour, anéantis au fil des pages du «maudit» rapport.

Il est inutile de revenir sur la grossière affaire du Fonds mondial et du Ministère de la Santé. Le rapport y consacre tout de même de longs paragraphes.

Par rapport à l’emploi des jeunes, le président ATT avait été pourtant clair. Une panoplie de structures a été créée dont l’Apej. Voyons ce que le rapport en dit partiellement : «le faible taux de réalisation des objectifs fixés». Explications. L’APEJ s’était engagée à créer 13.850 emplois. Elle n’en a finalement créé que 1.128, soit 8%. Elle s’était engagée à réaliser 2750ha. Elle n’a pu que 440. Pour 1200 km de piste à réaliser, l’APEJ s’est essoufflée après seulement 33 km.

Globalement, les résultats obtenus à ce niveau n’honorent ni les responsables de l’Agence, ni le Chef de l’Etat lui-même qui avait suscité chez les jeunes beaucoup d’espoir.

Malgré ses piètres résultats, les responsables de l’APEJ ne sont accusés d’aucun fait de mauvaise gestion financière contrairement à d’autres structures où les râteaux et pelles ne suffisaient plus. Les ressources ont été saccagées. Sauvagement.

La promotion du secteur du transport et le désenclavement du pays faisaient partie des priorités du PDES. Mais, au sein des structures administratives, les cadres sont atteints de cleptomanie. Le rapport établit que les subventions accordées par l’Etat sont «piochées» systématiquement. Au niveau d’une banque, on cherche les traces de plus de 393 millions FCFA destinés au Département de Djibril Tall. Ici, les chiffres énoncés donnent des vertiges. Ils avoisinent plusieurs dizaines de milliards de FCFA.

Quant à l’initiative riz qui rentrait dans le cadre de la politique nationale de sécurité alimentaire avec le matraquage médiatique abusif qui l’a accompagné, elle n’a pas aussi échappé au festin des prédateurs. Malheureusement, les «cleptomanes» n’y ont pas perdu leur temps.

Pour mieux «remplir leur besace», ils ne se sont pas encombrés des principes de gestion comptable. Ainsi, de copains à copains, un marché de plus de 12 milliards FCFA a été vite négocié. Sur l’affaire, on découvre que plus de 2 milliards FCFA surfacturés passaient à la trappe. Comme dommages collatéraux : les caisses de l’Etat souffrent encore d’un autre gouffre béant de plus d’un milliards de FCFA.

Ainsi donc, c’est l’espoir de tout un peuple (qui avait cru jusqu’à ces moments) qui s’effondre comme un château de carte.

Le sulfureux rapport dont la consultation est déconseillée aux cardiaques, touche pratiquement tous les domaines attachants du Programme de Développement Economique et Social (PDES).
Paradoxalement, la scène d’ «avant-après» ATT s’anime par de redoutables «sangsues». Le spectacle promet d’être sulfureux.
Abdoulaye Niangaly

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