Presse et pouvoir : Koulouba ne dément pas les allégations du journal Le Monde

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Koulouba - Presse
Le palais de Koulouba

Accusé d’accointances graves avec un magnat européen du blanchiment, le président de la République s’est juste contenté d’une indignation là où des démentis formels s’imposaient. Pour un chef d’Etat qui veut passer pour un champion dans la lutte contre la corruption, le moins qu’on puisse dire, c’est que le torchon risque de brûler entre le journal français Le Monde et le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta. Et pour cause : à peine investi dans ses fonctions, celui qui n’a trouvé d’empreinte à son mandat que la lutte contre la corruption est lui-même éclaboussé par les rumeurs d’un crime de blanchiment à la dimension internationale. La flétrissure, comme on le voit, est assez infamante pour susciter de l’indignation chez «un homme dont les valeurs d’intégrité et de rigueur morale n’ont jamais été remises en cause…», pour reprendre les termes de la réaction officielle de la présidence de la République aux affirmations de nos con­frères.

 

 

Au risque d’être dans le collimateur des avocats malien et français au secours d’IBK, on peut oser qualifier le différend d’une véritable passe d’armes dans l’air, même si la réaction de Koulouba respire plus la  circonspection et la retenue que la fermeté requise en pareille situation. En clair, le désir et l’intention de redresser un tort sont certes manifestes mais nulle décision n’est effective dans le sens d’une poursuite contre le journal.

 

 

Mieux, le communiqué de la présidence, rendu public comme d’habitude par le porte-parole du gouvernement, ne contient la moindre trace d’un démenti formel, quant aux liens présumés du président de la République du Mali avec le «système Tomi», du nom de son propriétaire, Michel Tomi, détenteur de nombreux intérêts douteux à travers l’Afrique.

De quoi intriguer et susciter logiquement des interrogations sur une démarche dont Koulouba pourrait bien se passer n’étaient-ce la gêne et l’agacement provoqués par les allégations des confrères étrangers Gérard Davet et Fabrice L’Homme.

 

 

Qu’est-ce qui pourrait donc inspirer une réaction aussi contrastée de la présidence de la République ? De deux choses l’une ou les deux à la fois. Primo, le chantre de la bonne gouvernance et la lutte contre l’impunité ne saurait admettre que soit cultivé un doute dans l’opinion nationale sur la sincérité de ce qui est considéré comme la substance de son action depuis qu’il est aux commandes. Secundo, il est tout aussi inadmissible qu’un grand ami de la religion –de surcroit protégé des organisations confes­sion- ­nelles pendant la présidentielle 2013– soit en même temps perçu comme un proche de milieux mafieux d’une envergure transnationale.

 

 

Entre le marteau et l’enclume, IBK, à défaut de pouvoir se défendre, aura tout au moins fait semblant. Quant à laver son honneur et celui de la République qu’il incarne, il faudra attendre la suite.

En attendant, ATT peut s’en réjouir et se frotter les mains d’être trainé dans la boue sans détenir l’exclusivité des présomptions blâmables.

A. Kéïta

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2 COMMENTAIRES

  1. La France peut-elle juger IBK comme le simple citoyen français qu’il est, et qu’il demeure?

  2. Bonjour,
    Comme je le disais, l’accusation de corruption, par le journal Le Monde, de notre Président IBK est très grave pour que certains l’instrumentalisent.

    Comte-tenu de la présomption d’innocence, espérons que la délibération de la justice soit attendue par TOUS tout en évitant les amalgames qui ne font que diviser.

    Le Mali a besoin d’UNION de TOUS (Maliens et Partenaires), autour de la problématique Malienne, pour avancer rapidement vers la réconciliation nationale.

    La France a contribué amplement à la libération du Mali, elle doit contribuer à l’apaiser jusqu’à la sortie durable de la crise.

    Les Responsables Français doivent prendre au sérieux ce dossier pour appeler à l’apaisement et à placer la justice avant tout.

    L’apaisement, dont je parle, fait référence au fait que les uns et les autres doivent s’en tenir à la justice et rien d’autre en mettant en avant la présomption d’innocence.

    L’affaire étant devant la justice, c’est aux avocats, des uns et des autres, de s’affronter devant cette dernière, preuves et/ou arguments à l’appui.

    Nous devons, donc, les laisser faire leur travail.

    La déontologie dans les domaines de la presse et de la communication exige que les faits soient vérifiés et confirmés avant leur publication.

    La France doit attirer l’attention des journalistes, du journal Français, Le Monde, sur ces aspects, qu’ils n’ignorent, d’ailleurs, pas.

    Je le sais, c’est au Président IBK, à travers ses avocats, de se défendre en éclaircissant cette affaire avec, si nécessaire, une séparation entre la sphère privée et la sphère publique car l’amalgame pourrait vite arriver.

    La France a secouru le Mali contre les Djihadistes, elle doit veiller à ce qu’une autre guerre axée sur des amalgames, non contrôlés et non confirmés, ne discrédite et n’anéantisse le Mali à travers son Président IBK.

    Ce qui ne veut pas dire, être contre la démocratie et la libre expression, mais juste faire respecter la présomption d’innocence, la justice et la déontologie dans les domaines de la presse et de la communication.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
    E-mail: Webanassane@yahoo.com
    TEL (00223) 78 73 14 61

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