Youssouf Bathily, Président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCM) a été placé sous mandat de dépôt depuis le mercredi 23 novembre 2022 avec son Secrétaire général Cheick Oumar Camara, et son comptable, Lamine Sacko par le Procureur du Pôle économique et financier, près le tribunal de Grande instance de la Commune Ill de Bamako. Ils sont accusés « d’atteinte aux biens publics »
Cette arrestation est pour le moins curieuse. En effet, le rapport du Bureau du vérificateur général sur la gestion des ressources de l’État utilisées dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 (exercice 2020), publié en septembre 2021, ne démontre nulle part que le Président de la CCIM et ses collaborateurs ont détourné des fonds.
Au contraire, il s’est agi plutôt d’irrégularités financières par rapport à l’achat des masques. Intervenu sans appel d’offres ; ce qui, il est vrai, est contraire aux lois de finances et au code de procédure des marchés publiques du Mali.
Ce qui explique, également, que les fournisseurs qui ont reçu le marché des 20 millions de masques n’ont versé les droits d’enregistrement et la redevance de régulation des marchés publics au Trésor public du Mali. Raison pour laquelle l’équipe de vérification a valorisé les montants des droits d’enregistrement que les fournisseurs devraient payer au trésor public à la somme de 378 087 500 FCFA selon la valeur marchande des masques.
Chose bizarre, le rapport du vérificateur évoque les fournisseurs au lieu du Président de la CCIM; ce qui démontre que la CCIM est considérée comme l’ordonnateur du marché: et normalement c’était le rôle des fournisseurs d’aller se faire enregistrer au Trésor public du Mali et payer les droits d’enregistrement. En résumé, la CICM n’est pas fauteur juste simplement, elle n’a pas respecté les procédures des marchés publics.
Comment donc expliquer les déboires du Président de la CCIM Youssouf Bathily et ses collaborateurs?
Dans cette affaire d’achat des 20 millions de masques, il importe de préciser que: le Président Yousouf Bathily a été contraint par le Président défunt IBK et son Pm Boubou Cissé, vu le temps imparti, d’user de tous ses moyens, pour fournir au Mali des masques dans un bref délai y compris en passant outre la procédure d’appel d’offres, qui requiert plus de temps. L’objectif étant que les élections législatives maliennes du 29 mars et 19 avril 2020 puissent se tenir ; de même que la rentrée scolaire et universitaire 2020-2021.
On peine donc à comprendre qu’un citoyen qui s’est autant dévoué, soit écroué avec ses collaborateurs à la maison centrale de correction de Bamako. De fait, l’homme est victime de son dévouement
Nulle part, une fois de plus, le rapport du vérificateur General n’évoque des détournements de fonds par la CCIM. Il constate, par ailleurs. que les dépenses ont été effectuées pour l’achat de 20 millions de protection anti-COVID-19 dans le cadre du programme présidentiel « Un Malien – un masque » à un coût total de 10 942 500 000 FCFA.
Quoi qu’il en soit, ce que l’on peut reprocher à Youssouf Bathily et ses deux collaborateurs, c’est, peut-être une, forme de légèreté dans la procédure d’achat des masques; mais aucunement un détournement de deniers publics.
Bokoum Abdoul Momini/maliweb.net