Voilà deux mois que des cadres et agents du ministère de la Santé et des opérateurs économiques accusés de malversations au détriment du Fonds mondial sont détenus à la Maison centrale d’arrêt de Bamako et à la prison pour femmes de Bolé. Maintenant que les choses commencent à s’éclaircir, surtout après l’arrestation de l’homme d’affaires Mamadou Ousmane Ba dit Adou, les avocats sont montés au créneau pour demander la liberté provisoire pour leurs clients.
Au moment où le président de la République s’apprête à s’envoler pour New York, pour aller faire un plaidoyer en faveur du refinancement du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, à Bamako, les avocats des présumés coupables de malversations montent au créneau dans le but d’obtenir la libération de leurs clients arrêtés dans le cadre de la plus grosse affaire de détournement de fonds opéré dans notre pays sur des ressources d’origine extérieure. En effet, depuis le 4 août dernier, le Directeur administratif et financier du ministère de la Santé, Ousmane Diarra, et plusieurs autres cadres et agents du même département sont en prison ; de même que des opérateurs économiques qui ont eu à livrer des engins de locomotion, des équipements et matériels médicaux et de laboratoire au Programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT). Si l’affaire des marchés surfacturés ou fictifs au niveau du PNLT, par exemple, est en train de livrer ses secrets, tel n’est pas le cas pour les autres structures qui ont eu à bénéficier des subventions du Fonds mondial. Il s’agit singulièrement du Haut conseil national de lutte contre le sida (HCNLS), rattaché à la présidence de la République, du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) et de la Cellule sectorielle de lutte contre le sida (CSLS), logés au ministère de la Santé.
Maintenant, ce sont les avocats des richissimes prévenus qui s’activent pour que leurs clients puissent bénéficier d’une liberté provisoire. Surtout pour des opérateurs économiques, les sieurs Sow et Ba, qui seraient très éprouvés à cause de cette incarcération à laquelle ils ne s’attendaient pas du tout. C’est vrai que parmi les opérateurs économiques mouillés dans cette affaire de malversations figure le fils d’une personnalité bien connue du monde politique et de celui des affaires qui serait- il est dans ses droits tout de même- en train de remuer terre et ciel afin que sa progéniture puisse recouvrer la liberté ou à défaut bénéficier d’une liberté provisoire. D’autres personnes incarcérées espèrent surtout sur l’élargissement du fils de cette haute personnalité bien introduite dans les cercles du pouvoir pour voir leurs parents aussi élargis. C’est vrai que le Procureur du Pôle économique et financier, l’intraitable Sombé Théra, n’a pas encore réagi.
Mamadou FOFANA
Michel Sidibé
"Je ne peux accepter que le Fonds mondial soit mal géré"
Ce sont les propos du Directeur exécutif de l’Onusida, lors d’une conférence de presse ce lundi , où il évoquait l’affaire du Fonds Mondial. Michel Sidibé est le directeur exécutif de l’Onusida. Lors d’une conférence de presse, Michel Sidibé a axé son intervention sur l’opportunité de la lutte contre le sida. Selon le directeur du programme, nous sommes dans une bonne période de lutter contre le SIDA, avec une baisse enregistrée de 25% du taux d’infection dans 22 pays. Grâce à la gratuité du médicament prônée par certains chefs d’Etat africains, Michel Sidibé salue notamment Amadou Toumani Touré pour son engagement et sa détermination à favoriser l’accès gratuit des médicaments pour les personnes infectées du virus. " Un milliard 200 millions de jeunes dans le monde s’engagent aussi à lutter contre la maladie, ce qui est formidable sachant qu’ils constituent les premières victimes de la pandémie". Evoquant le cas de l’Afrique du Sud, l’un des pays les plus touchés par le virus, il affirmera qu’un nouveau programme est engagé dans ce pays pour tester 15 millions de personnes d’ici 2015. " Il s’agit de sortir le Sida de son isolement et la lutte contre le sida a permis l’innovation dans la recherche des médicaments". Actuellement plus de 10 millions de personnes vivant avec le sida n’ont pas accès aux médicaments anti rétro-viraux. Un moment coïncidant avec la crise économique qui frappe les pays donateurs de la lutte contre le Sida. " Le sida tue chaque année 2 millions de personnes par an …Ma peur concerne demain, c’est pour cela qu’il faut une gestion efficace pour pérenniser le programme ", a ajouté Michel Sidibé dont la préoccupation depuis son arrivée au poste de Directeur exécutif de l’OnuSida est le combat pour une génération sans Sida. Le Fonds mondial destiné à la lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme a été détourné au Mali à d’autres fins. " Je ne peux pas accepter que ces fonds soient mal gérés, des fonds destinés aux couches vulnérables".Concernant l’apport des ONG dans la lutte contre le Sida, Michel Sidibé salue leurs efforts pour avoir brisé le tabou autour de cette maladie. "Ce sont des ONG qui ont fait la pression sociale pour briser la conspiration du Sida, parce que les gens ne croyaient pas à cette maladie. C’est grâce aux ONG que nous avons pu briser le silence et elles doivent continuer à jouer leur rôle pour démocratiser le débat autour de la maladie".
MF