Par cleptocratie, il faut entendre ceci : «Tout gouvernement dont les représentants officiels cherchent à dominer et à s’enrichir aux dépens de leurs administrés ». C’est pour endiguer cette pratique néfaste que les Etats-unis d’Amérique, dans le cadre du renforcement de la lutte contre la corruption, ont pris une nouvelle initiative reposant sur l’assistance des partenaires internationaux. En effet, elle vise à entraver l’accès des hauts fonctionnaires corrompus au système financier mondial, à les empêcher de trouver protection dans les lieux sûrs, à récupérer et à rendre à leurs propriétaires légitimes le fruit de leurs délits.
Le président BUSH des USA a engagé une lutte sans merci contre la cleptocratie mondiale dont celle qui sévit en Afrique. Il a ainsi indiqué que cette initiative a pour objectif de vaincre la corruption publique aux échelons les plus élevés et sous toutes ses formes. Il s’agit, selon lui, d’une nouvelle stratégie nationale et internationale visant à empêcher que les représentants corrompus de gouvernements puissent accéder au système financier international pour escroquer leur population et dissimuler leurs biens mal acquis. Car cette stratégie consiste à mondialiser la lutte contre les kleptocrates en mobilisant la communauté internationale contre la corruption sur une grande échelle commise par de hauts fonctionnaires corrompus et en coordonnant les efforts mis en œuvre à l’échelle internationale pour y mettre fin.
Au cours de la conférence de presse organisée pour la circonstance, Mme Josette SHINER, sous secrétaire d’Etat chargée de des questions liées à l’économie, au commerce et à l’agriculture, a eu à informer que cette nouvelle initiative était fondée sur la politique déjà en vigueur aux Etats-Unis, notamment le décret de2004 portant sur le déni d’asile aux responsables de gouvernements corrompus ainsi que sur les engagements pris lors du sommet du G8 qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg (Russie). Elle a aussi fait valoir que cette nouvelle stratégie donnait à la lutte contre les malversations un caractère encore plus universel. Car, selon elle, elle fait jouer un rôle direct aux partenaires étrangers des Etats-Unis et aux institutions financières étrangères pour que soient mis sur pied des mécanismes vigoureux permettant de décéder et de saisir les fonds détournés, de renforcer le partage des informations et de garantir une plus grande responsabilité pour l’usage qui est fait de l’aide au développement.
Pour la sous- secrétaire d’Etat, la corruption de haut niveau est un problème qui nuit gravement au développement économique et rend certainement inefficace la lutte contre la pauvreté. Aussi, a-t-elle précisé que les Etats-Unis ne disposent d’aucune liste d’anciens dirigeants de gouvernements corrompus ou de dirigeants encore au pouvoir pouvant être ciblés par l’initiative. «Ce que nous voulons, c’est avertir les kleptocrates. Nous ne voulons pas que le monde soit un endroit où les kleptocrates peuvent agir impunément », a-t-elle fait remarquer avant d’ajouter que l’une des premières taches à la quelle se livrerait une équipe ministérielle qui sera dirigée par la secrétaire d’Etat, Mme Condoleezza RICE, en collaboration avec les différents partenaires. Par ailleurs, elle a rappelé qu’au cours des dernières années, les autorités américaines ont rendu au Pérou et au Nicaragua des millions de dollars qui avaient été détournés par les anciens dirigeants de ces pays.
L’initiative, selon Mme SHINER, entre dans le cadre des efforts mis en œuvre par les Etats-Unis en vue de collaborer avec les structures qui peuvent jouer un rôle pour mettre fin à la corruption de haut niveau, notamment avec la Banque mondiale qui récemment a lancé une campagne agressive de lutte contre la corruption. Selon les estimations de la Banque mondiale et de l’ONU, les pots-de-vin se chiffrent à un billion de dollars et plus de 400 milliards de dollars ont été détournés d’Afrique et placés pour sur des comptes discrets à l’étranger.
Ainsi dans le cadre de cette stratégie, les autorités américaines intensifieront les enquêtes et les poursuites judiciaires à l’encontre des sociétés privées américaines qui offrent de pots-de-vin aux représentants officiels de gouvernements étrangers et des blanchisseurs de fonds qui facilitent la circulation des fonds détournés dans le système financier international .Il s’agit également de mettre au point et d’encourager les mécanismes visant à mettre à jour, à retenir et à rendre à leurs propriétaires légitimes les fonds détournés .
Oumar TRAORE
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