Même si la Transition n’a pas vocation à refonder l’Etat, elle doit, par principe, « amorcer un virage ». C’est-à-dire qu’elle doit être la traduction concrète d’une nouvelle vision pour le pays. Sur le terrain de la lutte contre la corruption promise à cor et à cri, l’on n’a vu que du vent !
– maliweb.net – Cette vision doit reposer sur une volonté claire de rompre avec le système de gouvernance sans vertu, faite de surfacturations, de détournements de deniers publics, d’arrangements et indélicatesses multiples dans les marchés publics, de recherche effrénée d’intérêts personnels.
La lutte contre la corruption et le détournement, un chantier de la Transition, sera renforcée, sans négligence aucune », promettait le président Bah N’Daw lors de son investiture, le 25 septembre 2020. Mais il semble que jusqu’à aujourd’hui, le fruit de cette lutte n’est pas à la dimension des fleurs brandies.
Le chef de la Transition annonçait, à gorge déployée, que « les moyens de l’armée iront désormais totalement à l’armée et à elle seule».. Le président N’Daw n’avait pas hésité à faire le serment selon lequel «chaque centime investi pour la défense et la sécurité de ce pays sera surveillé et évalué, tant que je présiderai aux destinées de la Transition. Je ne peux pas promettre zéro corruption, mais je ferai tout pour que l’impunité zéro soit la norme. L’argent public est sacré et je ferai en sorte qu’il soit dépensé, de manière traçable et raisonnable. Avec tous les sacrifices que cela comporte, en termes de mesures systémiques et de répression des crimes et délits économiques.»
Seulement, après huit mois de la Transition, aucune répression de malversations financières n’a été signalée. Aucun signal fort et dissuasif n’a été donné sur la lutte contre la corruption. Cela veut-il dire qu’il n’y a plus d’indélicatesses financières dans nos administrations ? Les Maliens sont-ils devenus brusquement des exemples de bonne gestion des affaires publiques ? Ou ont-ils été simplement bernés ?
A son investiture, le 25 septembre 2020, le président de la Transition s’était engagé fermement à faire châtier les prédateurs des deniers publics. Et le président Bah N’Daw promettait l’impunité zéro contre toute malversation par rapport aux finances publiques. Après bientôt huit mois de gestion des affaires du pays, le chef de l’’Etat n’a donné aucun signe fort permettant de croire en ces engagements. A-t-il démissionné de cette lutte, lui qui est si prompt à démissionner ?
L’on se poser la question de savoir s’il n’y a plus de cas de mauvaise gestion des ressources publiques. ? Qu’en est-il des marchés publics passés récemment dans le cadre de la riposte contre la covid-19 ? Ne doit-on pas auditer la gestion même des fonds covid ? Les dignitaires de l’ancien régime d’IBK sont des anges? IBK lui-même n’a-t-il rien à se reprocher, ne serait-ce que pour restituer des ressources à l’Etat malien véritable vache laitière ? Quid des Premiers ministres sous IBK, ne doivent-ils pas faire ne serait-ce qu’un tour devant le Pôle économique et financier ? Voilà autant de questions qui poussent certains observateurs avertis à conclure que la bonne gouvernance annoncée par la Transition n’est qu’un mirage.
Boubou SIDIBE/maliweb.net