Lutte contre la délinquance financière : Quand les députés refusent d’accomplir leur part du contrat

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Le Vérificateur général, Sidi Sosso Diarra était invité à animer une conférence-débat par les étudiants de la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG) autour du thème : « le bureau du vérificateur général, un outil de bonne gouvernance au service du citoyen », le vendredi 20 août 2010. C’est au cours de cette conférence qu’il a craché cette vérité selon laquelle il est déçu de l’attitude de nos députés vis-à-vis de ses rapports. Mais le Végal ne s’est pas limité là, car, il fera la révélation du genre : « les gens que son bureau gène sont ceux qui sont aujourd’hui aux affaires ». Allusion à peine voilée faite aux plus grands caïmans de la République perchés dans la plus haute sphère de l’Etat.

Ce qui écœure le Végal, c’est quand nos honorables députés n’ont jamais daigné faire usage de ses rapports. « A chaque parution de rapport, nous livrons 20 exemplaires à l’Assemblée nationale à l’intention de l’ensemble de tous les vice-présidents du bureau et les présidents des différentes commissions parlementaires, cela après la remise officielle de celui du président de l’institution. Mais je suis sidéré de voir que les députés n’en ont jamais fait usage. La première fois où je suis allé m’enquérir de la suite faite de mes rapports à l’Assemblée nationale, j’ai été très déçu. J’ai constaté que le colis (les 20 exemplaires) n’était même pas ouvert. Quand la vérificatrice générale du Canada est venue ici pour une visite, nous sommes allés à l’hémicycle pour dire pourquoi les députés n’utilisent pas mes rapports alors qu’ils passent leur temps à interpeller les ministres. C’est par suite à cette interpellation que je me suis rendu au Canada avec 7 députés maliens pour aller assister à la discussion d’un rapport au parlement canadien portant sur l’ensemble du système d’information de l’Etat. J’espèce que cette mission a permis à nos députés de se faire une expérience par rapport à l’usage des rapports de vérification du BVG et qu’à la rentrée prochaine, les choses vont changer », a expliqué Sidi Sosso Diarra aux étudiants et enseignants de la FSEG à l’occasion de cette conférence-débat.

Interpellé par une étudiante sur le fait qu’il n’a jamais fait cas de la Présidence de la République ou de l’Assemblée nationale dans ses rapports, Sidi Sosso Diarra a rassuré ses interlocuteurs en précisant qu’il a eu à vérifier au moins trois projets directement rattachés à la première institution de la République. Il s’agit du commissariat à la sécurité alimentaire, les logements sociaux et le Haut conseil national de lutte contre le VIH/SIDA. Pour le Végal, rien de lui empêche d’aller fouiner son nez dans les affaires de Koulouba, tout comme à l’Assemblée nationale. « Dès qu’on aura échos de mauvaise gouvernance, nous irons y voir », a expliqué le Végal Diarra.

Le Bureau du vérificateur général, créé en 2003 par les plus hautes autorités du pays, a pour mission de traquer les délinquants financiers de la République, qui osent faire la bamboula avec l’argent public. Selon le Végal, Sidi Sosso Diarra, depuis sa création à nos jours, le bureau a pu déceler la perte de 360 milliards de FCFA par l’Etat (en 5 rapports produits), dont plusieurs dizaines de milliards recouvrés. Il va donc de soi que ceux qui sont aux affaires et par conséquent manipulent l’argent public, ne puissent pas voir un tel instrument d’un bon œil. Ils ne peuvent pas voir cette plus grande structure de vérification dans notre pays d’un bon œil parce que la corruption semble être un mal nécessaire dans notre société que celui qui ne s’y offre pas est même considéré comme un « maudit ». Qui peuvent être les plus grands délinquants du pays, si ce ne sont ces « boss » qui manipulent les milliards de l’Etat par an…..ministres, chefs d’institutions, directeurs généraux des services d’assiette et de recouvrement, Directeurs nationaux…….. ?

En tout cas, aux étudiants de la FSEG dans leur amphithéâtre en ce vendredi matin, le vérificateur général, Sidi Sosso Diarra s’est voulu claire : «le bureau est une structure qui gêne beaucoup de gens et les gens qu’il dérange sont ceux qui sont aux affaires, donc la tentation est grande pour décider autrement son existence. Même ce matin (vendredi 20 août 2010 ndlr), on continue à m’harceler, mais je n’y m’attarde pas. Sinon, je pense que le Bureau n’est pas une structure de trop. Il y a suffisamment de matière à contrôler pour l’ensemble des structures de contrôle».

Bazoumana Konté

 

 

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