L’année 2011 risque d’être celle des ennuis pour les fossoyeurs de l’économie nationale. Selon de sources très crédibles, le procureur anti-corruption est en train de boucler les dossiers de plus 32 affaires de détournement de fonds publics et de corruption qui seront tous jugés d’ici la fin de l’année. Durant les deux semaines passées, il a arrêté deux cadres impliqués dans le scandale de l’Initiative Riz et entendu des responsables dans le cadre de l’enquête concernant des fraudes du Bureau des produits pétroliers à la douane.
Le président de la République est décidé à finir son dernier mandat en beauté, notamment dans le cadre de la lutte contre la corruption et le détournement des fonds publics. ATT a donné des instructions très fermes au procureur anti-corruption pour que certains dossiers soient bouclés d’ici la fin de l’année. C’est pourquoi, Sombé Théra et son équipe ont mis les bouchées doubles pour en finir avec plusieurs dizaines d’affaires sulfureuses dont 32 seraient déjà ficelées et bientôt transmises à la cour d’appel pour être jugées en assises. On constate une accélération des interpellations avec les interrogatoires de l’ex-chef du bureau des produits pétroliers de la douane, Zoumana Mory Coulibaly et l’ex-directeur général de l’Office national des produits prétroliers, Modibo Gouro Diallo. Quelques jours avant, le procureur anti-corruption avait mis aux arrêts deux responsables de l’agriculture et du trésor dans le cadre du dossier des malversations autour des subventions de l’Etat accordées dans le projet de l’Initiative Riz au centre duquel se trouve Diadié Ba, un opérateur économique bien connu dans la région de Ségou et qui est par ailleurs militant du PDES. Il est accusé de malversations portant sur plus de deux milliards au niveau de la subvention de l’Etat.
Il se dit aussi que le promoteur de la société « Gnoumani Sa »veut frauduleusement se faire rembourser des sommes s’élevant à 2,223 milliards de Fcfa.
Pour un approvisionnement correct de toutes les régions en engrais, une quinzaine de fournisseurs ont été sélectionnés en avril 2010 au titre de la campagne agricole 2010-2011. Au nombre de ceux-ci, on peut citer Toguna, GDCM, Gnoumani-Sa, société Arc en ciel, société Mali paysan etc. Ils devaient fournir du DAP, de l’Urée et du NPK sur la base d’une subvention accordée par l’Etat. Pour tous les engrais existants, le prix subventionné est de 12.500 francs Cfa par sac de 50 kg .
Lors des précédentes campagnes, il semble que les opérateurs économiques ont joué le jeu en se conformant aux principes arrêtés de commun accord avec l’Etat. Le ministère de l’agriculture a mis au jour le stratagème mis en place par « Gnoumani-Sa » pour faire main basse sur une somme de plus de deux milliards.
Surfacturation de la subvention
Sur la base des prévisions arrêtées, la région de Koulikoro devait bénéficier de 3075 tonnes de DAP, de 12784 tonnes d’urée et de 5772 tonnes de NKP. La subvention équivalente s’élève à 1,814 milliard de francs CFA. Mais quelle ne fut la surprise de l’Etat de voir deux factures de « Gnoumani-Sa » d’un montant total de 2,2 milliards, une somme dépassant de loin la subvention prévue. Même si cette société avait été la seule à fournir les engrais, elle n’aurait pas dû sortir du milliard huit cents millions. Or il se trouve que les besoins ont été couverts par l’ensemble des fournisseurs. Et selon nos informations, Diadié Ba et sa société ont livré moins de 20% des engrais.
La direction nationale de l’agriculture fut la première à sentir la fraude. Mais ce service et ses responsables ont été très vite dépassés par la pression exercée par l’opérateur économique à travers notamment ses soutiens politiques. Ayant eu vent de l’ampleur de la malversation et surtout des menaces qu’elle fait peser sur la poursuite de l’Initiative riz, le ministre de l’agriculture, Aghatam Ag Alhassane, a pris des mesures conservatoires. Le 8 avril dernier, il adressait une lettre « très urgente » à son homologue de l’Economie et des Finances pour lui demander de suspendre tous les paiements au profit de la société « Gnoumani-Sa » en attendant « la fin des contrôles exhaustifs » qu’il a ordonnés.
En effet, il informait son homologue des Finances « des nombreuses irrégularités constatées dans la demande de remboursement de la société Gnoumani-Sa ». Une précaution valant mieux qu’une, le ministre de l’Agriculture aurait informé le président de la République de la nature de la malversation. Et cette affaire qui vient de faire ses premières victimes avec les interpellations des cadres de l’agriculture et du trésor. D’autres devront suivre, promet-on du côté du Pôle économique où on constate effectivement depuis plusieurs semaines un ballet de responsables administratifs et d’opérateurs économiques. Donc, chaud devant
Avec le Républicain
AD