Lutte contre la corruption : Qui a dit qu’on vidait les dossiers ?

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A la faveur de sa toute première conférence de presse le 08 juin 2003, le président de la République Amadou Toumani Touré lançait à la face des Magistrats : « on lit chaque jour dans la presse que d’importants  montants ont été détournés… Et on dit ensuite que le dossier est vide. J’ai l’impression qu’on vide les dossiers ». 

Sept après, ces déclarations sonnent comme un jugement de l’histoire. 

 

Plus d’une dizaine de rapports de contrôle épinglant la gestion de hauts cadres du pays et portant sur le détournement de plusieurs dizaines milliards de nos francs et… rien !

 

A se demander alors, qui vide réellement les dossiers aujourd’hui ?

Le constat est tout simplement accablant.

 

Pour la seule année 2009, 43 rapports de contrôle  ont été émis et le manque à gagner atteint le montant faramineux de 11,37 milliards F CFA sur la période 2006 – 2008, selon le constat fait par le Vérificateur Général. Et M Sidi Sosso Diarra de signaler que « le niveau de déperdition des ressources pour l’Etat et les structures vérifiées a augmenté par rapport à l’année précédente ». Et pour cause, « le manque à gagner identifié en 2009 a atteint 112,37 milliards de FCFA pour  22 structures, contre 98,27 milliards de FCFA en 2008 pour 24 entités vérifiées».

En clair, la situation semble aller de mal en pis. Il ne fait aucun doute que l’impunité et le laxisme ambiants encouragent le phénomène. C’est ATT qui le dit « les Maliens n’ont plus peur de rien».

 

Normal, puisqu’il est tout simplement demandé aux coupables et reconnus comme tels par la justice, de rembourser tout simplement les montants détournés.

 

Et l’on s’enorgueillit  plus tard de ces  recouvrements. Rien à dire par rapport au délit, voire au crime et aux préjudices causés à l’Etat et aux citoyens.

Il faut, à la limite une pression extérieure pour susciter une réaction des pouvoirs publics comme nous l’a si bien révélé l’affaire dite du «Fonds Mondial».

Les autorités maliennes ont été en effet contraintes de réagir sous la menace des bailleurs de fonds de couper le vivre au pays. Il serait dès lors difficile à ce niveau, de «vider le dossier».

 

Il faudra, en tout état de cause, s’attendre aux effets collatéraux de cette affaire. Les pouvoirs publics maliens sont désormais contraints de dépoussiérer les autres rapports de contrôle (CASCA, VEGAL, etc.) au risque de se discréditer à jamais aux yeux de l’opinion publique nationale et internationale.

 

Un dilemme cornélien pour ATT

Il s’avère, à l’heure actuelle, difficile pour ATT de mener une opération d’assainissement crédible tout en épargnant ses «héritiers».

En somme, le président ATT semble bien coincé. Tenez : Il n’existe, à première vue, aucun rapport entre les affaires  dites du « Fonds Mondial », et de la « Chambre de Commerce et d’industrie du Mali CCIM », entre autres.

 

Dans les faits, toutes ces structures ont été épinglées par les contrôleurs.

Dans l’affaire du Fonds Mondial par exemple, le  principal  fournisseur, le sieur Mamadou Ousmane Bâh, (aujourd’hui en détention), n’est autre que le protégé d’un élu national et non moins vice-présidents du Parti Présidentiel, le PDES.

La CCIM également épinglée par le Bureau du  Vérificateur Général pour cause de  conflit d’intérêt, est également dirigée par un Président d’Institution de la République  et vice-président du parti de la mouvance présidentielle. Tous se réclament du président ATT et entendent assumer son héritage.

Tous sont cités dans les rapports de contrôle et de vérification.

 

Faut-il alors «vider les dossiers» et préserver ses amis et héritiers ?

Ou, au nom des principes républicains, laisser la justice se prononcer ?

 

Pour celui censé n’avoir d’ami que le MALI, la question ne doit pas se poser.

 

A.Diamouténè

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