Le nouveau ministre de la Justice, garde des sceaux, Marafa Traoré, ne fait pas mystère de nettoyer les écuries d’Augias de l’Administration publique en donnant un véritable coup de fouet à la lutte contre la corruption et à la délinquance financière. Il a dit à haute et intelligible voix lundi dernier à l’occasion de sa visite au niveau du pole économique de Bamako. Ira-t-il au delà de cette profession de foi quand on sait qu’il risque de rencontrer sur son chemin, comme dirait-on, de gros bonnets ?
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« J’ambitionne d’imprimer un nouvel élan à la lutte contre la corruption et la délinquance financière, tout en respectant les principes cardinaux de la justice, à savoir la présomption d’innocence et les droits de la défense » a-t-il promis. Ce qui est sûr et certain, les Maliens l’attendront sur ce dossier d’autant plus que la lutte contre le détournement des deniers de l’Etat connaît une certaine lenteur depuis quelques années. Pourtant, bien des dossiers sont en souffrance dans les tiroirs du procureur anti-corruption, Sombé Théra qui a profité de la visite du nouveau ministre de la Justice pour faire le point. A l’en croire, 50 dossiers seraient en cours d’instruction et 50 autres à la Brigade pour les enquêtes préliminaires. Lesquels proviennent du bureau du Vérificateur général et de la Cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration.
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Le ministre devra affronter certaines personnalités du pays, et non des moindres. Il s’agirait même de chefs politiques, en l’occurrence Tiébilé Dramé dont la gestion des fonds alloués à l’Organisation du dernier sommet Afrique-France organisé à Bamako en décembre 2005 et Soumeylou Boubèye Maïga pour sa gestion des fonds du sommet de la CENSAD également organisé dans notre capitale l’année dernière. Selon des sources concordantes, l’Hôtel de l’Amitié serait prêt à porter plainte contre l’Etat à travers le comité d’organisation de cette organisation pour des dettes impayées qui seraient évaluées à des centaines de millions de FCFA.
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La nouvelle campagne de lutte contre la corruption, annoncée dans le projet de développement du Mali pour la période 2007-2012 du président de la République, pourra concerner des ministres fraîchement sortis du gouvernement. C’est d’ailleurs la raison de la peur bleue qu’éprouvent aujourd’hui certains d’entre eux. Ils sont anxieux que leurs prédécesseurs découvrent des traces d’une gestion douteuse et déclenchent la machine implacable de la Justice. En effet, cette dernière fouinera dans la gestion des fonds alloués à la lutte contre la crise acridienne, les fonds détournés pour le rapatriement des Maliens, les fonds japonais, les marchés au niveau du ministère de la Santé, de l’Education, de l’Emploi et de la Formation ….
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La justice devrait revenir aussi sur certains dossiers qu’on a voulu rejeter aux calendes grecques. Il s’agit de l’Affaire Drissa Keïta, le dossier des marchés du ministère de la Défense entre 1997 et 2002 et de la fameuse affaire des exonérations des opérateurs miniers. C’est au ministre de prendre son courage à deux mains pour tirer au clair toutes ces affaires qui n’honorent pas notre pays, dont les moyens si limités ne doivent pas être dilapidés par quelques individus, aussi puissants soient-ils.
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Abdoulaye Diakité
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