Nommé pour son expertise hors pair, le Vérificateur général est perçu comme le messie qui doit sauver l’économie nationale de la peste de la corruption. Force est de croire cependant que ses deux premiers rapports s’accompagnent d’une sortie médiatique encore plus remarquable, comme si leur vérité avait absolument besoin de ce support. De toutes les façons, les juges jugeront, si ce n’est déjà fait.
Après le licenciement abusif d’une secrétaire de direction et la démission d’une secrétaire comptable, le bureau du Vérificateur général est à nouveau au centre d’un scandale. Cette nouvelle affaire concerne des pratiques immorales et illégales auxquelles se livreraient certains vérificateurs. Ils sont accusés surtout de s’adonner au chantage et au racket des responsables dont les dossiers leur sont confiés. Quand des rapports compromettants leur parviennent, ils chercheraient à les monnayer contre de fortes sommes. Ils entreraient en contact avec les personnes concernées pour leur proposer le gel du dossier après le paiement de fortes sommes. Des noms circulent au niveau des services qui sont à l’origine des plaintes. Ceux-ci deviennent alors des têtes à abattre pour le responsable ou les responsables dénoncés.
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Selon différentes sources, des agents des services des douanes feraient l’objet de menaces et de chantage de la part des collaborateurs du Vérificateur général. En effet, les services du colonel Cheick Keïta sont régulièrement pris d’assaut par des enquêteurs seulement motivés par la possibilité de racketter les cadres devenus leurs proies. En fait, les éléments du Vegal, Sidi Sosso Diarra, font écumer les lieux pour rien en revenant sur des dossiers qui ont déjà été traités ou qui sont en instruction au niveau de la Justice.
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C’est ainsi que les vieux dossiers des scandales des hydrocarbures sont exhumés pour simplement faire peur à certains cadres. Ainsi, le rapport publié récemment par M. Diarra apparaît comme une compilation des précédents rapports d’enquête dans les services des douanes qui sont régulièrement visités par des enquêteurs de toute moralité.
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Cette intrusion intempestive qui plombe la performance des gabelous dont la participation à la mobilisation des recettes publiques et à la stabilité de l’Economie nationale est primordiale, a commencé à agacer les juges dont la plupart n’approuvent pas la méthode de spectacle dont use le Vérificateur général. D’ailleurs, au niveau du parquet de la Commune III, on n’accorde aucun crédit aux dossiers transmis par l’institution dirigée Sidi Sosso Diarra. Du reste, ce dernier saboterait, dénoncent les magistrats, toutes les actions de recouvrements des fonds dilapidés ou des recettes non recouvrées. Ils contestent les chiffres présentés qui seraient totalement dépassés depuis un an. « Il s’agit là de vieux chiffres qui ne reflètent aucune réalité.
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Concernant le cas de la douane, dans l’affaire dite de coulage, les montants avancés sont très loin de la réalité. D’ailleurs, au jour d’aujourd’hui, les importateurs incriminés ont payé les sommes reprochées. Comme ils veulent donner un sens à leur existence et tout ce qui s’en suit, ils avancent des chiffres ronflants » a déploré un juge qui a requis l’anonymat. Ce dernier dénonce autant la mauvaise foi des vérificateurs que leur ignorance des réalités au sein de notre administration. « Certains agents du Vérificateur général ignorent tout, même la simple Loi des finances du Mali. Ainsi, pour des agents avertis, ces révélations sur la mauvaise gestion et le détournement sont simplement scandaleuses. C’est sidérant le célèbre cas des 11 millions de FCFA de thé.
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Nos enquêtes ont abouti à la mauvaise foi des vérificateurs. Non seulement il s’agit du cumul de trois factures pour des services dont les mandats de paiement ont été liquidés pour le même jour, mais aussi et surtout il s’agit de la dotation desdits services en lait, biscuits, café, boissons et thé pour toute une année. Et le plus grave, c’est qu’on ne tient même pas compte des explications fournies par les spécialistes alors qu’elles sont demandées par le Vérificateur général » déplore-t-il. Ces écarts expliqueraient les réticences du procureur anti-corruption à donner des suites aux dossiers transmis par le Vegal avant même la publication des présents rapports.
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Ceux-ci suscitent des inquiétudes jusqu’au sommet de l’Etat. Car au lieu d’être un outil au service de la performance, le Vérificateur général est en passe d’être un instrument de chantage et d’obstruction des efforts de certains cadres sans oublier la mauvaise image de notre pays qu’il véhicule à l’extérieur. Ce qui trahit les ambitions du président de la République, initiateur de l’institution.
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Abdoul Karim Maïga
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