Revenu de son séjour parisien de près de quatre ans, l’ancien PDG de la Banque de l’habitat du Mali (BHM), Mamadou Baba Diawara, a été mis aux arrêts le vendredi 1er juin 2007. Il a été arrêté avec quelques anciens collaborateurs sur ordre du procureur du Pôle économique et financier où ils sont gardés pour des besoins d’enquêtes. Une leçon que devront méditer tous ceux qui traînent des casseroles mais qui pensent s’en sortir pour avoir « contribué » à la réélection du président de la République.
Le juge anti-corruption Sombé Théra n’attendait apparemment que le retour de l’ex-patron de la Banque de l’habitat du Mali pour lui mettre le grappin dessus. Mamadou Baba Diawara, revenu de Paris courant avril dernier après quatre ans de séjour chez lui au bord de la Seine, est fortement mouillé dans la situation catastrophique de la BHM, qu’il a dirigée de 1999 à 2005.
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L’un des bulletins de la Cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration (Casca) avait déjà levé le voile de l’hémorragie financière dont la banque a été victime sous sa direction. La Casca avait décelé à l’époque des créances douteuses attribuées à la pelle à des particuliers et promoteurs immobiliers sans garanties hypothécaires fiables. La BHM s’est retrouvée avec un déficit frôlant les 80 milliards de F CFA.
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Dès son limogeage, M. Diawara avait fait l’objet d’enquêtes préliminaires diligentées de la part du Pôle économique et financier. Au cours de ces enquêtes, son passeport avait été confisqué par l’officier de police judiciaire du camp I chargé du dossier. On ignore encore par quel miracle le même document de voyage lui avait été remis pour lui permettre de franchir nos frontières.
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Le Vérificateur général avait aussi passé au peigne fin la même gestion. Le Végal, dans son premier rapport publié en 2006, a fait cas d’importantes irrégularités qui seraient à l’origine de la crise de trésorerie à la BHM.
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Le « Sphinx », dans « ATTcratie : la promotion d’un homme et de son clan », avait de son côté sérieusement dénoncé les marchés douteux attribués à certaines personnalités et hommes d’affaires qui seraient proches du président de la République comme le Libano-Ivoirien Mohamed Saïdi, attributaire d’un marché de construction d’équipement marchand à Mopti et qui a exécuté le marché de construction des Halles de Bamako.
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La machine judiciaire remise en marche
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Le cas Mohamed Saïdi, qui fait du reste fait l’objet d’un procès retentissant à Paris entre M. Saïdi lui-même et l’éditeur l’Harmattan aurait-il remis en marche la machine judiciaire ? D’aucuns sont tentés de le croire. L’ex-PDG est même soupçonné par le pouvoir d’être l’un des bailleurs du livre ATTcratie. Il lui a fallu faire des génuflexions pour se justifier en évoquant ses bons rapports avec le président et leur origine mopticienne commune.
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Quelques mois plus tard, à l’occasion de l’inauguration du pont de Wabaria à Gao, le président de la République ATT, qui répondait indirectement à ses détracteurs, indiquait que la BHM n’a injecté aucun kopeck dans la construction des logements sociaux. Le chef de l’Etat faisait croire en même temps que la crise de la BHM est le fait d’une mauvaise gestion. Plus tard, M. Diawara a publié un pamphlet dans la presse pour dire qu’il n’est pour rien dans l’écroulement de la structure sous sa direction.
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Il a prouvé par des détails financiers que le programme de logements sociaux avait bel et bien une part prépondérante dans la crise que connaissait la banque. Cette sortie de M. Diawara a été considérée par des observateurs comme un pied de nez au président ATT qui disait quelques mois auparavant tout le contraire.
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Le réchauffement de son dossier qui s’est soldé le vendredi 1er juin 2007 par son arrestation en compagnie de certains de ses anciens collaborateurs par la brigade de recherches du Pôle économique et financier peut être liée à cette affaire Saïdi dans ATTcratie et surtout à la contradiction qu’il a apportée aux propos du chef de l’Etat.
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Au regard de son lourd passif, d’autres se demandent quelle mouche a bien pu piquer l’ex-patron de la BHM pour qu’il regagne de sitôt le pays s’il savait qu’il a la justice dans le dos. D’aucuns disent qu’il croyait en une impunité, eu égard aux bons rapports qu’il a avec le président ATT qui le traite en frère.
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Il semble que M. Diawara pensait au retour de l’ascenseur pour la simple raison qu’il a bien contribué à la réélection d’ATT en battant campagne pour lui comme tous les opportunistes qui risquent d’être déçus. Tous autant qu’ils sont.
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A qui le prochain tour ?
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Abdrahamane Dicko
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