Lutte contre la corruption et l’impunité : Jusqu’où peut aller le nouveau ministre de la justice ?

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Issu d’une corporation aux intérêts de laquelle il paraît aussi assujetti qu’à la distribution de la justice, l’actuel Garde des Sceaux a parachuté du Tribunal de la Commune III où ses performances étaient mitigées sur la quasi-totalité des chantiers qui lui ont été imputés. Du dossier des Bérets rouges à l’affaire dite de la déstabilisation de la Transition en passant par la traque de la grande délinquance financière dont les sulfureux achats de matériels militaires. Certes le tonitruant leader associatif du monde rural, Bakary Togola, n’a pas réussi à passer entre les mailles du filet, mais l’opinion est manifestement restée sur sa faim quant aux promesses et annonces tonitruantes d’exhumation de dossiers classés sans suite comme les commandes militaires. Idem pour l’acquisition par les anciennes autorités de véhicules et avions de qualité douteuse pour le compte des forces armées, tandis que les poursuites de hautes personnalités pour complot contre le régime de la transition – par-delà la déconvenue infligée à une justice tournée en dérision par un certain réquisitoire introductif – n’aura contribué qu’à braquer les projecteurs sur des lacunes jusqu’à insoupçonnées du ministère public sous l’égide de l’actuel Garde des Sceau.

Nonobstant, Mahamoudou Kassogué a pu mériter de s’attirer le dévolu des nouvelles autorités pour la plus haute responsabilité politique de son secteur. Les observateurs sont majoritairement convaincus que son choix découle d’une notoriété corporatiste, mais le nouveau chef du Gouvernement mise surtout sur ses compétences pour crédibiliser l’action publique sur un chantier inscrit au chapitre des priorités gouvernementales et qui lui tient tant à cœur : la lutte contre la corruption et l’impunité. C’est du moins une attente sur laquelle le PM Choguel Maiga a particulièrement insisté, tout en promettant par ailleurs de doter le département de ressources proportionnelles à la taille des espoirs qu’il porte.

Il s’agit donc pour l’ancien procureur de libérer la machine anti-corruption des obstacles imputés à Bah N’Daw par ses tombeurs, puis de tirer au clair les tenants des graves tueries ayant jalonné les manifestations du M5-RFP. Pour la première tâche, il n’est pas superflu de relever qu’elle est plus tributaire du libre-arbitre des magistrats que des instructions d’un ministre de la justice. Autant dire, en définitive, que l’actuel Garde des Sceaux en avait plus les coudées franches dans ses fonctions et responsabilités précédentes que dans position actuelle. Pour la seconde tâche, il n’est nullement besoin d’être devin pour se rendre à l’évidence que l’intérêt que le sujet suscite au M5-RFP n’a jamais été partagé avec le même enthousiasme par leurs partenaires du «parachèvement», en dehors d’appels à témoins assez timides pour ne pas traduire une volonté politique convaincante.

 

A KEÏTA

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