Lutte contre la corruption et la délinquance financière : ATT instruit à la justice l’ouverture de tous les dossiers du BVG. Les ex-DAF, les hôpitaux, l’Office du Niger, la CMDT, l’AMADER, l’INPS, l’Initiative Riz, l’ORTM… sont concernés

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Ça y est. La volonté politique tant attendue dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière vient d’être affirmée. En effet, le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, a instruit, via le Garde des Sceaux Maharafa Traoré, au Procureur anti-corruption Sombé Théra l’ouverture de tous les dossiers relatifs aux enquêtes du Bureau du Vérificateur Général, dirigé alors par le très redoutable Sidi Sossoh Diarra. Depuis deux semaines, nombreux sont des cadres et opérateurs économiques de la place qui séjournent au Pôle économique. Certains d’entre eux font seulement des va et vient, au quartier général de la lutte contre la corruption, sis à l’ACI 2000.

C’est dans cette optique que deux cadres du cercle de Kati ont été interpellés au Pôle économique, dans le cadre de l’Initiative Riz. Un ex-Directeur administratif adjoint du ministère en charge de la fonction publique a également été entendu la semaine dernière. Idem pour Zoumana Mory Coulibaly, baron de l’ADEMA –PASJ, mais supporteur inconditionné de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, tombé en disgrâce auprès d’ATT. D’autres opérateurs économiques suspectés passent voir de temps à autre Sombé Théra, avec des reçus de sommes versées au Trésor public.

La pression est en ce moment très forte. Les écoutes se multiplient. Les enquêtes se poursuivent et les résultats sont impatiemment attendus par ATT, et surtout par l’opinion publique. Ceux qui ont été interrogés ne sont pas, pour l’instant, encore inculpés. Ils ont été appelés pour s’expliquer, se défendre. Ceux qui ne parviendront pas à convaincre les enquêteurs et les juges seront certainement poursuivis et emprisonnés, conformément aux lois en vigueur. C’est du moins ce que nous attendons des limiers du Pôle économique, avec à leur tête Sombé Théra, un procureur maître dans la rétention de l’information.

Le cas Zoumana Mory Coulibaly est donc loin d’être politique. Il existe des faits concernant le Bureau du pétrole, révélés par le Vérificateur général. Il s’agissait de l’écouter pour entendre sa version et le confronter avec d’autres dépositions. Cela a été fait. Il est retourné chez lui. L’enquête continue. Mais, dans les jours à venir, des cadres, et pas des moindres, seront convoqués au Pôle économique. Nombreux sont les ex-DAF et leurs ex-collaborateurs qui y sont attendus, pour des éclairages, des précisions, des accusations ou des dénonciations.

Certains gestionnaires de nos hôpitaux répondront également de charges contenues dans les rapports du BVG. Idem pour les responsables des structures suivantes:    l’Office du Niger, la CMDT, l’AMADER, l’INPS, l’Initiative Riz, l’ORTM, le Projet d’Appui aux Sources de Croissance (PASC), le PCDA, le Fonds de Solidarité Nationale, l’Autorité routière, l’AGETIER, l’AGETIC, la gestion des fonds du pèlerinage…

ATT a demandé l’instruction «sans complaisance» de tous ces dossiers, auxquels il «accorde une attention particulière». Il a également, nous a-t-on dit, exigé de son ministre de la Justice et surtout de Sombé Théra, un «compte rendu régulier».

 Rappelons que, de 2004 à 2010, le BVG a effectué 117 vérifications financières, dans 79 entités. Elles ont mis en lumière près de 383,24 milliards de FCFA de manque à gagner pour le Trésor public et les structures contrôlées. Il était proposé 253 milliards de FCFA au recouvrement. Aujourd’hui, le compte est loin d’être soldé. ATT a donc la redoutable mission historique de dénouer judiciairement et de manière transparente cette situation devant l’opinion nationale et internationale, avant le jour J pour lui, c’est-à-dire le 8 juin 2012.

A suivre.                              

Chahana Takiou


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