Lutte contre la corruption et la délinquance financière : Pourquoi les hommes politiques ne se sont pas inquiétés

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Les hommes politiques maliens impliqués dans le détournement de deniers publics sont-ils au-dessus de la loi ? C’est le moins que l’on puisse dire. Depuis l’avènement de la rectification, en juin 2022, leurs dossiers dorment dans les tiroirs. Alors qu’une des raisons du coup d’État contre le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) était de mettre fin au règne de l’impunité dont bénéficiaient les prédateurs de notre tissu socio-économique.

Très attendue sur le vaste chantier de la lutte contre la corruption et la délinquance financière, la transition malienne, issue du coup d’État du 20 août 2020 contre le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), a déçu tous les espoirs, donnant même du zèle aux gens cités dans les dossiers de corruption les plus scandalisés de l’histoire politique de notre pays. À part quelques arrestations spectaculaires et médiatisées pour enjoliver leur pouvoir et s’enraciner dans le landerneau politique, les autorités de la transition ont donné un coup de pied à la fourmilière. Elles ont enfoui les dossiers de la lutte contre la corruption et la délinquance financière des hommes politiques dans des zones marécageuses, où elles espèrent sur les intempéries pour les disparaître à jamais. Et cela, contre la volonté de la grande majorité de Maliens qui comptaient sur la transition pour recouvrer l’argent volé à l’État par des hommes politiques et leurs complices.

La lutte contre la corruption et la délinquance financière est devenue le serpent de mer dans notre pays. Elle n’a jamais produit les espoirs escomptés. Chaque régime en a fait son cheval de bataille pour bénéficier les faveurs de l’opinion nationale. Du président Alpha Oumar Konaré à Ibrahim Boubacar Keïta en passant par Amadou Toumani Touré (ATT), elle a figuré en bonne place de leurs préoccupations. Mais au finish, elle se termine en queue de poisson, ouvrant la voie à d’autres de pomper impunément les richesses nationales.

Malheureusement, la transition ne fait pas exception à cette règle. Elle est tombée dans le piège des régimes précédents qui, au lieu de traquer les gangsters économiques, les ont protégés sous couvert d’appartenance politique ou d’autres liens. Sauf les opposants politiques qui constituaient une menace à l’élection d’un proche dans une circonscription électorale. Ceux-ci ont été jetés en prison avant de bénéficier d’une liberté provisoire ou d’un non-lieu. Et c’est avec consternation que nous constatons que la transition emboite le pas aux régimes précédents dans le cadre de la lutte contre la corruption et la délinquance financière. On en parle plus. Les hommes politiques, responsables du délitement de l’État du Mali, se réjouissent de l’abandon des poursuites contre eux.

Mieux, les femmes et les hommes, cités dans les affaires de détournement, bénéficient de promotion dans la haute sphère de l’administration. Les Maliens n’ont que leurs yeux pour pleurer. Et tant pis pour ceux qui sont incarnés dans l’affaire de l’achat des équipements militaires. Leurs procès sont au bon vouloir des princes du jour. Or, il se trouve que les grands délinquants financiers se recrutent dans la classe politique. Si certains ont retourné la veste dès les première heures du coup d’État d’août 2020, d’autres ont pris le terrain en marche pour devenir des soutiens financiers de la transition. Ces tractations financières se dérouleraient loin des yeux indiscrets. En contrepartie, les dossiers de corruption contre eux sont mis dans les tiroirs.

S’il faut protéger les bandits à col blanc contre l’intérêt supérieur du Mali, il y a un pas à ne pas franchir. Les Maliens attendent beaucoup de la transition sur les affaires d’achat  de l’avion présidentiel, d’équipements militaires, d’engrais ‘‘frelatés’’. Cette coalition entre les hommes politiques corrompus et la transition constitue une trahison contre le peuple malien qui croyait dur comme fer que la justice sera rendue pour rendre à l’État ce qui lui avait été volé. Mais, il vient de comprendre que les hommes politiques ne sont pas inquiétés ou sont épargnés de la lutte contre la corruption.

Les hommes politiques maliens impliqués dans le détournement de deniers publics sont-ils au-dessus de la loi ?

Yoro SOW

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